rp aleks (damaged people).

F L A S H B A C K - fin mai deux mille vingt ; vieille maison abandonnée à l'écart de santa monica.

Cela faisait maintenant un moment que son père essayait de le joindre. Depuis qu'Aleks avait eu le malheur de le contacter pour se sortir d'affaire. Le russe préfère ne pas en tenir compte, persuadé qu'a force d'ignorer ses appels il finirait par comprendre et le laisser tranquille. Il sait également qu'il aurait dû du prévenir Arizona, celle qui partage sa vie, la protéger ainsi d'un quelconque danger. Il ne veut pas l'inquiéter, se persuader que son paternel n'a pas osé poser le pied sur le sol américain. Cette journée n'échappe pas à la règle, alors qu'il quitte la caserne après sa journée de formation il a déjà plusieurs appels en absence, et alors qu'il se dépêche de rejoindre sa voiture ne voulant pas se mettre encore plus en retard pour retrouver Arizona son téléphone se met une nouvelle fois à sonner. Son père. Un soupire s'échappe de ses lèvres alors qu'il est au volant de sa voiture. Une fois garé devant l'appartement qu'il partageait avec Brice avant que ce dernier ne retourne en Ecosse en début d'année. Lorsque son téléphone une nouvelle fois, il sait qu'il le rangera une nouvelle fois dans sa poche après y avoir lu le nom de son père. La surprise prend place sur son visage lorsqu'il découvre le prénom de sa compagne. « Je sais, je suis en retard, je suis désolé je passe vite fais à l'appart j'arrive. » Tout en parlant il monte les quelques marches qui le séparent encore de la porte d'entrée, se stoppant net lorsque la réponse se fait entendre. « Alekskei c'est mal d'ignorer son père. » Pris alors de panique le russe se met à regarder tout autour dans la rue, cherchant un visage familier, une personne l'observant au loin. Tout ce qui pourrait lui confirmer la présence de son père en ville. « Où est Arizona? » Il n'est pas dupe, elle doit être avec lui, les pires pensées lui traversent déjà l'esprit. Le visage de Maïa tuméfié lui revient en pleine poire. Son ton cache à peine l'angoisse qu'il ressent. « Avec moi. On t'attend sagement tous les deux. Tu vas recevoir une adresse, ne nous fait pas attendre, ça serait fâcheux pour elle. » Il serre les dents. La communication est coupée avant que le russe ne puisse dire quoi que ce soit. Alors que l'adresse apparaît sur l'écran de son iphone il donne un coup dans la porte. « Putain. » Son pire cauchemar s'enclenche. Les cachotteries qui étaient supposées la protéger semblent la mener droit à sa perte. Il ne peut pas revenir cette scène, cette fois il ne s'en relèverait pas. Ne pouvant compter que sur lui-même, et avant de rejoindre cette maison abandonnée il rentre chez lui, récupérant son arme au passage. Il aurait dû la revendre après avoir promis de tout arrêter, mais il a besoin de ce moyen de protection, et ça même si elle ne lui a encore jamais servi. Il sait au moins l'utiliser. Merci papa.

Le trajet pour rejoindre l'extérieur de la ville depuis son appartement lui semble durer des heures. La peur le gagnant un peu plus chaque seconde quant au sort d'Arizona. Il ne peut pas laisser ses émotions prendre le dessus, pas maintenant, pas tant qu'elle est en danger. Coupant le contact il passe ses mains sur son visage, soufflant un bon coup, espérant ainsi laisser ses craintes dans cette voiture. Prenant soin de camoufler son arme, il finit par pénétrer à l'intérieur de la demeure. Une conversation en russe se fait entendre. Ils se questionnent à son sujet. Est-ce qu'il va vraiment se déplacer pour elle. « J’suppose que t'as perdu ton pari Vladimir je suis là. » Inévitablement son regard se pose sur celle qui partage sa vie. Son père ne lui a pas épargné les coups. il avale difficilement sa salive, elle ne bronche pas, elle sait encaisser son propre père s'est suffisamment entraîné sur elle durant son enfance. «  Tu m'as trouvé, elle peut partir. » Le rire qui s'échappe des lèvres de son père lui laisse comprendre que non. « Je crois que tu n'as pas compris la leçon. D'ailleurs elle sait que son sosie est mort à cause de toi. » Ses mots claquent, il est dur, Aleks voit très bien où il veut en venir, et il gagne. Il sent son rythme cardiaque s'accélérer alors qu'il ferme les yeux un instant. Le boomerang. Maïa. Le revolver. Le coup. Le sang. « Elle sait que mon propre père l’a abattue de sang-froid parce que je ne voulais pas suivre sa voie. » Râté. Il s'en rend compte quand son géniteur répond d'un coup de crosse sur le visage d'Arizona. « Ne joue pas avec moi Alekskei. » Aleks ne peut s'empêcher de se mordre la lèvre. Non seulement elle était ici par sa faute, mais en plus de ça il fallait qu'il en rajoute.

Aleks il a conscience de jouer un jeu dangereux. Celui qui a toujours voulu se couper de la mafia, s'échapper du réseau. Que son nom ne lui dicte pas son avenir. Et pourtant. Son père avait eu gain de cause en assassinant Maïa. Il avait envoyé son fils tout droit sur la pente descendante. Même s'il agit dans loin de sa famille, en déposant les pieds sur le sol américain il a fini par plonger dans l'illégalité. S'il tient à laisser son père dans l'ignorance, ne voulant plus aucun contact avec celui qui avait osé vouloir lui donner une leçon en rependant la cervelle de sa compagne sur le sol. Il a toujours des contacts en Russie, contact lui permettant de monter un véritable petit trafic. Plusieurs personnes sous son aile. Distributeur de rêve en puissance. Le russe sait manier les armes, se défendre en cas de besoin. Mais il n'a pas besoin de ça pour se faire respecter. Nul besoin de liquider quelque devant les yeux des autres pour ça. Probablement un signe de faiblesse aux yeux de son père. Qu'importe. C'est le cadet de ses soucis. Celui qui a su agir dans l'ombre, se la jouer discrète, tout ça en grande partie dû aux enseignements qui lui ont été inculqués. À ce sujet il porte des oeillères. Pourtant son château de cartes s'effrite quand un lieutenant de police se met à lui suivre, le début de sa douce descente aux enfers. Au lieu de faire confiance à sa compagne et ses talents d'avocate il préfère jouer sa carte 'sortie de prison'. Son père a le bras long, il connaît du monde, et ça de par les frontières russes. Stupide faux pas qui le mènera dans une nouvelle spirale infernale. Il aurait été mal connaître Stanislav que de croire que cet appel ne lui donnerait pas l'occasion de remettre la main sur son fils. De le ramener à la raison vers ce trône qu'il refuse depuis bien trop longtemps. Au top en matière de cruauté lorsqu'il utilise Arizona comme piqûre de rappel. Prêt a une nouvelle fois versé le sang d'une innocente pour plaider sa cause. Le ramer à la maison. Obligeant son fils à revivre un macabre souvenir qui encore aujourd'hui ne le quitte pas. La folie. Voilà le chemin qu'il aurait pu emprunter si cette fois il ne s'était pas interposé. Ôtant ainsi la vie à la cause de tous ses malheurs.

Une mort. Un déménagement. Un nouveau départ. Voilà ce qu'était supposée représenter Exeter. Cependant, on est loin de la vie rêvée tant attendue. Son père est mort, mais la pression de la mafia est toujours là. Et pour cause, le russe semble incapable de défaire de ce milieu. Pris au piège tel un papillon vers la lumière. Aleks continue ses mensonges auprès de proches, notamment Arizona. Supposé avoir passé le flambeau, laisser son trafic derrière lui. Ce qui est en partie vraie, une personne de confiance s'occupe de faire perdurer son business à Santa Monica. Pour ce qui est de sa vie ici, le voilà qui recommence tout en continuant sa formation de pompier pour faire bonne figure. Partagé entre l'idée de venir en aide aux autres, et cet appât du gain, argent facile. Vladimir, le bras droit de son géniteur veille au grain. Ce que Aleks ne comprend pas, au lieu de prendre la tête du pouvoir il insiste pour que le jeune homme accepte enfin son destin. De monter sur le trône, gérer la famille. Celui qui est perturbé plus qu'il ne le voudrait par le meurtre qu'il a commis sait pertinemment qu'il ne pourra pas continuer ce petit jeu très longtemps. Une crise. Des problèmes. Voilà ce qui finira par lui tomber sur le coin du nez quand la vérité finira par éclater au grand jour. Comme s'il ne les avait pas assez mis en danger.

Day off. Celui qui avait prévu de traîner toute la journée en compagnie d'Arizona voit ses plans changer lorsqu'un visage familier fait irruption sur le pas de sa porte. Azraël. Cette bouffée d'oxygène lors des diverses réunions. Ce besoin de profiter de la vie, de leur jeunesse. Elle est loin leur insouciance, chacun ayant fini par plonger plus ou moins profondément. Il sait que Azraël a embrassé complètement les ténèbres. Elle lui en a fait part lorsqu'il lui a appris pour son paternel. Coup de feu hantant ses pensées, son geste était nécessaire, il devait protéger Arizona. Eviter que l'histoire ne se répète. Au regard échangé entre les deux jeunes femmes, il s'attend à ce que la foudre s'abatte sur lui lorsqu'il sera de retour. Encore plus alors qu'il accepte de suivre Azra, une échappatoire entre tous ses mensonges. Le regard dans le vide il scrute les paysages qui défilent sous ses yeux. « Alors qu'est-ce que tu deviens ? » Son regard dévie alors dans sa direction. Il reste pris au piège dans cette spirale infernale. « Tu me connais, rien de bien exceptionnel. » Il réfléchit, s'intrigue, arque un sourcil. « Tu m'as fait suivre? » Il a pas le souvenir de lui avoir donné son adresse, si ça ne lui a pas fait tilt sur le moment, c'est le cas dans sa voiture. Et il ne comprend pas pourquoi, il lui aurait donné si elle avait posé la question. « Tu ne m'as pas dis, c'est quoi le plan? » Il s'interroge sur l'idée qui peut se cacher dans la tête de son acolyte. Bien loin d'imaginer que cette entrevue pourrait avoir un destin funeste. Ignorant cette épée de Damoclès.

Aleks il est plongé dans ses pensées, le regard dans le vide, laissant les paysages défiler sous ses yeux alors qu'Azraël les conduit tous les deux vers une destination qui ne lui ait inconnu. Il sait qu'il risque de s'en mordre les doigts pour être parti sans même sourciller en compagnie de son amie. Il a conscience qu'Arizona n'aime pas les voir traîner ensemble. Pas parce qu'elle craint qu'il ne la trompe, plus parce qu'elle connaît l'histoire de cet ange des ténèbres, et le lien qui les unis. Ensemble contre la pression de leurs familles respectives. Et sans l'ombre d'un doute la peur de le voir replonger, retourner vers le côté obscur, tel un papillon qui est attiré vers la lumière. Pas besoin d'Azra pour ça, c'était déjà le cas. « Plus de bonhomme de neige à construire ? » Un sourire se dessine alors automatiquement sur ses lèvres alors qu'il repense aux paysages enneigés de son pays natal. Une des choses qui lui manquait le plus. Oh bien sûr, il avait revu la neige depuis mais on était bien loin des chutes, et températures auxquelles il avait été habitué. « Pas vraiment, elle est loin cette insouciance. » Parfois c'est une époque qu'il regrette, loin de tous les problèmes qu'il avait pu rencontrer en grandissant. Là où il n'avait pas encore de sang sur les mains, ni même besoin de regarder par-dessus son épaule due à ses mauvais choix. Cependant il ne peut rester bloqué dans les souvenirs. De nouvelles questions se bousculant dans sa tête au sujet de son amie, de sa présence chez lui. « Non je l'avais déjà. Je n'ai juste jamais eu l'opportunité de m'en servir avant. » C'était plausible. Il sait comment ça fonctionne il avait vu son père agir des années durant avec la concurrence. Récoltant le moindre détail sur chaque personne liée de près ou de loin à une famille. Et même si Aleks avait longtemps repoussé l'idée de faire quelque chose d'illégal il avait toujours dû être sous les radars. « Sois pas si surpris.. et puis j'ai frappé à la porte ! » Un rire s'échappe alors de ses lèvres, imaginant Azraël enfoncer la porte, et la réaction d'Arizona au passage. « T'aurais payé les dégâts. » Il est pas sûr qu'elle soit facilement passée à la caisse, mais le russe ne l'aurait pas lâchée. « Ta copine est toujours aussi possessive ? Elle ne paraissait pas très ravie de me voir. » Cette fois son regard quitte la route et les paysages pour se porter sur la jeune femme. Lui-même a du mal à comprendre le jeu qui se trame entre les deux jeunes femmes. Semblant se chercher sans relâche, espérant voir l'autre craquer en premier. « Elle sait surtout comment on s'est rencontrés tous les deux. Je crois que ça lui plait moyen que je sois en contact avec une quelconque mafia. » Il ne blâmait pas Arizona pour ça, au contraire. C'était loin d'être un club facile à quitter.

Finalement le russe reprend ses questions, désireux de connaître leur destination finale, et l'idée se cachant dans l'esprit de son amie. Il pensait la connaître assez bien pour savoir que la jeune femme avait un plan en tête. « On va voir la mer ! » Il aime passer un moment au bord de l'eau même s'il avait toujours préféré les paysages enneigés, très certainement lié à ses origines. Et pourtant c'est bien au bord de l'eau qu'il avait fuie la première fois, comme la seconde. « Istanbul me manque parfois... » Il aimerait pouvoir dire la même chose de Moscou mais ce n'était pas le cas, bien trop de mauvais souvenirs l'attendaient là-bas, tout comme les regrets. Il n'avait jamais eu l'occasion de se rendre sur la tombe de Maïa. « C'est si impossible que ça d'y retourner? » Il a eu vent de ses problèmes, du moins de ceux de sa famille. Aleks n'est seulement pas sûr de savoir s'il peut s'y fier, les rumeurs, ça va ça vient. « Et comme j'avais envie de m'évader, que cela faisait longtemps qu'on s'était pas vu, je me suis dit que j'allais t'embarquer avec moi ! » Il hoche la tête, il connaît ça le besoin de prendre du recul, d'un retour aux sources. De se vider l'esprit un moment, ne plus penser à rien. « Tant que tu me forces pas a aller me baigner. » Il plaisante à moitié, la natation c'est loin d'être son passe-temps préféré. «  N'es-tu pas heureux de me voir ? » Son regard se porte alors sur celui de son amie toujours concentré sur le trajet, et la route. « Tu sais très bien que si, encore plus alors que ça fait longtemps qu'on a pas eu l'occasion de passer un moment ensemble. » Souvent nostalgique de l'époque où ils passaient tous leurs temps ensemble pendant leurs réunions de famille, profitant de l'instant présent, sans aucune responsabilité. Mais ils avaient tous les deux fini par céder, chacun a sa manière. Le russe perdant alors son intégrité un peu plus chaque jour.

Il regrette parfois cette époque où tout était simple, finit de jouer dans la neige, de ne se soucier de rien. Fini de contempler les paysages enneigés pendant des heures. Son père avait fini par le rattraper. L'obligeant à fuir non pas une mais bien deux fois. Son dernier souffle rendu, il espérait enfin avoir droit à un peu de tranquillité avec Arizona. Il sait que le calme ne durera pas. Pas alors qu'il continue à vendre de la drogue. Son géniteur avait eu gain de cause, le sang qu'il avait sur les mains continue de l'attirer peu à peu vers les bas-fonds. Selon sa compagne, le seul lien qui lui reste avec le monde de la drogue, c'est la jeune femme se trouvant derrière le volant. « Mais c'est dans le passé pour toi de toute façon, non ? » Mensonges. Aleks se persuade qu'il peut arrêter réellement quand il le veut, seulement il est dans le déni, s'accrochant à tout ce qu'il peut pour garder son intégrité. « C'est sûr, elle doit avoir peur que tu me recrutes. » Il devrait lui dire la vérité, c'était peut-être la seule de son entourage qui ne jugerait pas. Après tout elle était comme lui, ils avaient eu la même enfance, le même parcours. Mais non, le russe il se complait dans son mensonge. Pourtant, Azraël devait avoir un dossier sur lui, ses actes à Santa Monica ne lui étant donc pas inconnu, il ignore si les sources de la jeune femme lui ont déjà fait part des actions du jeune homme en ville.

Istanbul. Là où il faisait toujours trop chaud pour lui. Plutôt amusant quand on sait qu'il a fini par poser ses valises en Californie. Deux expatriés. L'un par choix, l'autre par obligation. Il avait eu vent de la catastrophe ayant pris part là-bas, l'erreur commise par le chef Yildiz. « Je pourrai y retourner seule.. mais c'est compliqué... » Effectivement son paternel doit être persona non grata, et sans doute toute personne liée à la mafia turque. « Faut sans doute attendre que ça se tasse un peu. » Laisser de l'eau coulée sous les ponts, attendre que cette histoire ne soit plus si récente dans l'esprit des habitants. Il prend soin d'informer son amie qu'il n'a pas envie de se baigner. Non seulement il n'avait pas son maillot, et puis la mer, ça n'avait jamais été son truc. Probablement lié à ses origines. « C'est vrai... le temps passe trop vite. » Loin de se soucier de la véritable raison de cette rencontre, il est content de ces retrouvailles. Il a l'impression que c'était hier encore où tous les deux profitaient de la vie, de l'instant présent pendant les réunions familiales. Depuis ils avaient fait du chemin, chacun devant vivre avec son propre fardeau. « On n'est plus les mêmes qu'avant... » Elle n'avait jamais eu autant raison. Celui qui avait toujours tout fait pour mettre la mafia et son père de côté s'était retrouvé avec du sang sur les mains. Son propre sang qui plus est. « Et pas sûr qu'on ait emprunté la voie souhaitée. » Leurs deux routes ayant fini par chavirer. Le trajet prenant fin, Aleks fini par sortir de la voiture, attendant qu'Azraël en face de même. Toujours inconscient. Ignorant alors que son destin risque encore une fois de prendre un virage a cent quatre-vingts degrés. Ignorant que pour la première fois depuis six mois il soit obligé de faire face à ses mensonges. À ses démons. Non. Au lieu de se faire du souci, il se contente d'allumer la cigarette qu'il vient de glisser entre ses lippes.

Il a du mal à comprendre pourquoi la situation entre Azraël et Arizona est comme ça. La raison pour laquelle elles se cherchent toutes les deux. Enfin si, il a son idée, ses secrets empiétant forcément sur sa vie de couple. Si sa moitié ne sait pas encore que les démons sont toujours bien présents, elle connaît en revanche l'histoire de cet ange de la mort. « Il y a plus de risques que tu crées ta propre mafia que tu me rejoignes je pense. T'imagines un russe et une turque alliée. Le scandale aux repas de famille. » Elle ne croyait pas si bien dire, et puis si leurs familles respectives se retrouvaient lors de diverses réunions annuelles. Un simple moyen de savoir où en était la concurrence. Cette supposée alliance qui n'en était pas une. Une vulgaire concurrence pour savoir qui a la plus grosse. « C'est le genre de nouvelle qui aurait valu une attaque a mon père s'il n'avait pas déjà rendu son dernier souffle. » Ça aurait pu être un bon moyen pour lui de ne pas avoir du sang sur les mains. Un monde dans lequel il n'aurait pas besoin de vivre avec son crime. Aleks pourrait se confier à son amie. Lui apprendre que depuis qu'il avait rejoint la ville il avait replongé dans le monde de la drogue. Commençant a emprunté doucement le chemin tracé par son paternel. Et contrairement à ce qu'il avait pu croire, l'absence de ce dernier ne lui faisait qu'obtenir une pression supplémentaire pour reprendre le réseau. Il préfère s'appuyer sur les mensonges qu'il balance à sa petite amie, voulant jouer les innocents. Refusant sûrement d'admettre la vérité. De son point de vue, tant que son secret le restait, il avait l'impression de pouvoir claquer la porte sans soucis du jour au lendemain. Foutaise. Il était dedans jusqu'au cou.

« Tu as certainement emprunté une voie plus souhaitable que celle que j'emprunte maintenant. A moins que pour toi la voie souhaitée, ce soit celle de la mafia ? » Tous les deux continuent de discuter alors que Azra poursuit sa route, les rapprochant de plus en plus de la mer. Leurs chemins étaient quelque peu différents, et pourtant, ils avaient fini par mettre et l'un et l'autre un pied dans le monde de la mafia comme l'avaient tant souhaité leurs paternels des années durant. La seule différence entre les deux amis concernait le nombre de personnes assassinées, mais également l'acceptation de la part sombre présente en eux. « Tu sais bien que j'ai pas changé d'avis à ce sujet. » Peu importe ce qui avait pu se passer pour le russe, la mort de Maïa, la drogue, son patricide. Il était hors de question qu'il prenne les rênes, hors de question qu'il accepte cette couronne. « Je pense que le mien est plutôt fier. Pour une fois que sa fille chérie répond à ses attentes, cesse de défiler sur les podiums pour le rejoindre... Je te jure quand je lui ai dit que j'allais le rejoindre et que j'étais de retour, j'ai cru que son coeur allait s'arrêter de battre. » Il voyait bien où elle voulait en venir. Cette fierté dont elle parlait, aussi ironique soit-il le russe l'avait vue dans les yeux son père lorsqu'il avait pressé la détente. « Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu laisses de côtés les robes haute couture? » Il était de curieux de connaître ses raisons, ce qui avait fini par la pousser vers la 'famille'. Laissant alors ses propres rêves de côté pour suivre les ordres de son géniteur.

« Le nombre de repas de famille où ils ont dû compter les scores et tenter de savoir lequel de nous deux était le plus bon à rien. Toujours à essayer, tenter de faire mieux mais à chaque fois ce n'est pas suffisant. » Il se souvenait bien de ses moments, ceux où Stanislav ne cessait de lui rappeler la honte que les actions, et les rejets de son propre fils lui apportaient. Sermons qui s'étaient accentués au fil de sa relation avec Maïa. Seulement il n'avait jamais cherché l'approbation de son père. Les trafics de drogue et d'être humain lui passant au-dessus de la tête. « Il faut croire que je reste désormais la seule déception. » Encore aujourd'hui il se foutait complètement de savoir qu'il avait rendu son père heureux, fier. Il voulait juste voler de ses propres ailes, être libre de ses actes. « Et le nombre de fois, où il m'a dit tu ne fais jamais un deal avec des russes sans manger du caviar. » Il ne peut s'empêcher de rire en l'entendant dire ça. Des propos semblables à ceux de son père, un des rares conseils dont il se souvient. Le caviar était sans l'ombre d'un doute un moyen de montrer l'argent, la puissance. « Tu sais je suis même surprise qu'ils aient jamais tenté de nous marier de force. » Aleks aussi s'était posé la question. Un moyen comme un notre de sceller une alliance. De lier deux familles entre elles. « Peut-être parce qu'on refusait tous les deux d'obéir à leurs envies. » C'est vrai ils avaient longtemps rejeté l'idée de faire partie de leurs mafias respectives. C'était peut-être la raison pour laquelle ils n'avaient pas pensé à les unir.

Soit proche de tes amis, et encore plus proche de tes ennemis. Voilà sans doute la phrase qui résumait le mieux la relation entre leurs deux pères. Un bon moyen de savoir où en était la concurrence, de vérifier qu'aucun des deux n'empiète sur les plates-bandes de l'autre. Ces faux-semblants ont toujours dépassé le russe. N'ayant jamais réellement su s'ils s'appréciaient réellement. Il ne peut s'empêcher de confirmer qu'il n'a aucune envie de faire partie de la mafia. Plutôt ironique quand on sait qu'il a fini par replonger dans les trafics. Continuant de repousser ce trône d'autant plus persistant après la mort de Stanislav. Qu'importe qu'il ait trépassé à cause de son propre fils. Il préfère que la discussion se concentre sur Azraël, surtout qu'elle a fini par embrasser la voix de son père. « Je ne les ai pas laissé de côté... j'ai.. j'ai seulement élargi mon champ d'horizon. » Il arque un sourcil tout en tournant le visage dans sa direction. « De mon point de vue t'as plutôt l'air d'avoir tout lâché pour rentrer dans le moule. » Moule qu'ils avaient tous les deux repoussé sans relâche, et voilà qu'aujourd'hui les deux jeunes êtres innocents qu'ils étaient n'exister plus. Finissant tous les deux par passer du côté obscur, s'y enfonçant plus ou moins profondément. « Et j'ai déjà repris les photoshoot, j'ai juste pas encore eu l'ocassion de porter de robes de haute couture. » Il est plutôt soulagé d'entendre ça. Elle ne semble pas avoir complètement mis ses rêves de côté. « Te connaissant tu vas bien trouver un moyen de le faire. » Elle était plutôt déterminée, et elle avait toujours réussi a obtenir ce qu'elle souhaitait. Il n'y avait pas de raison pour que cela change aujourd'hui.

« Il faut croire. » Il aimerait croire que lorsque son père est mort cette déception était toujours présent, et pourtant, ce sourire qui avait pris place sur le visage de son géniteur lorsqu'il avait appuyé sur la gâchette lui indiquée tout le contraire. Il avait foncé droit dans la gueule du loup, et y avait laissé ses plumes. Il pensait d'ailleurs qu'il y aurait des conséquences suite à son acte. C'était les raisons qui les avaient poussés à quitter Santa Monica, le continent Américain. L'Angleterre avait été pour eux un bon moyen de se rapprocher de Brice, avant qu'il le rejoigne en ville. A croire qu'ils étaient incapables de vivre l'un sans l'autre. Une famille voilà ce qu'ils formaient tous les trois. Son autre famille, celle que le jeune homme renie, continue toujours de surveiller ses arrières. S'assurant que les dernières volontés du grand patron voient le jour. Plus de preuve à son encontre pour le crime commis. Au fond de lui il sait pourquoi il est toujours en vie. Pour la première fois, Aleks avait suivi le jeu de son père. La paix il ne l'aurait que lorsqu'il rendrait lui aussi son dernier souffle. De toute façon, ce n'était pas son retour dans le trafic qui l'aiderait à faire profil bas, calmer les choses. Non. Il se contente de mettre encore et toujours ses proches en danger. Ses mensonges finiront forcément par remonter à la surface. Impossible de jouer cette double vie jusqu'à la fin. La vérité voilà peut-être le coup de pied au cul dont il avait besoin pour comprendre qu'il était complètement foutu.

« Sûrement. » C'était sa seule explication. À quoi bon essayer d'unir deux familles lorsqu'on sait pertinemment que les deux parties refusent de prendre part aux trafics. Ce n'était pas bon pour les affaires. « Mais on sait aussi que s'ils le voulaient, ils ne se seraient pas préoccupés de notre opinion sur ce sujet. » Elle marquait un point, les connaissant ils auraient pu juste leur apprendre qu'ils seraient mariés le lendemain. « J'sais pas, tu crois qu'ils auraient pris le risque sachant qu'on se foutait complètement de leur héritage? » Est-ce que c'était toujours le cas? Plus vraiment. Azra avait fini par ouvrir les bras à sa famille. Quant au russe il s'en rapprochait dangereusement. La logique aurait voulu qu'ils choisissent quelqu'un de confiance. Pourquoi pas leurs bras droit respectifs? Mais non ils étaient catégoriques là-dessus. « Du moins, mon père ne se serait pas préoccupé de mon avis. Je crois que je suis seulement épargnée pour le moment parce qu'il n'a pas trouvé le gendre parfait... » C'était peut-être pas plus mal pour elle, ça lui donnait une trêve sur le sujet. « Tu le ferais? T'accepterait sans rien dire? » Il se pose la question. Elle avait bien accepté de renoncer à ses rêves pour son père. Accepterait-elle d'en faire de même en ce qui concerne sa vie amoureuse? « On est arrivé ! » A peine est-il sorti de la voiture qu'il s'allume une cigarette. Regard fixé sur l'océan, perdu dans le vide. « Tu veux qu'on se pose, ou tu veux qu'on en profite pour se balader? » Le but s'était simplement de retrouver, de passer du bon temps ensemble. Qu'importe ce qu'ils feraient maintenant, il était juste ravi de pouvoir être avec son amie. Celle qu'il avait toujours considéré comme sa cousine.

Le russe ne peut s'empêcher de faire un constat honnête. Ils avaient toujours fonctionné de la sorte, peut-être un peu moins aujourd'hui alors qu'Aleks avait du mal à admettre la reprise de son trafic. Seulement les faits sont là. Ils sont tous les deux bien loin des enfants qu'ils étaient, et encore plus des rêves qu'ils pouvaient avoir. Liés a jamais à leurs familles, à leurs mafias. Peut-être aurait-il aimé qu'elle se tienne à ses choix, qu'elle lui apporte cette bouée de sauvetage. Qu'ils se rendent compte qu'avec un peu de bonne volonté on peut se détacher de ce monde, de cet enfer. Une preuve qu'il y a un moyen de s'échapper, autre que les pieds devant. Car le dealer avait compris une chose en arrivant ici, c'est que la mort de son père n'avait rien changé. On attendait toujours de lui qu'il prenne la relève, gère enfin les affaires. Il n'était pas plus libre qu'Azraël, il était seulement débarrassé de son géniteur. Le silence qui suit lui fait comprendre qu'il a touché un point sensible. Et peut-être n'appréciait-elle pas s'être perdue en chemin. Quand il est question d'avoir échappé à un quelconque mariage arrangé entre eux deux de la part de leurs pères, leur avis diverge. Aleks n'est pas sûr que son père aurait pris un tel risque. Unir deux électrons libres n'était pas la meilleure solution pour les affaires. Ça n'aurait sans doute eu pour effet que de les éloigner davantage. « Oui. » Azra semblait convaincu du contraire. Peut-être auraient-ils pu croire qu'un mariage les aurait fait changer, enfin accepter leur part d'ombre. « Tu vas pas me faire croire que parce que ton père t'as oublié, la mafia elle t'a oublié. » Le russe se pince doucement la lèvre parce qu’il sait qu’elle a raison. Ce qui explique pourquoi il n’y a pas eu de représailles. Sa présence en ville était loin d’être un secret pour les hommes de son père. Ils l’avaient retrouvé en Californie. Ils le retrouveraient n’importe où. « Faut croire qu'être le fils du roi t'empêche juste d'être mutilé pour trahison. On sait tous les deux comment on obtient cette précieuse liberté. » La mort. À croire qu’il était plus important pour eux de voir les dernières volontés de Stanislav réalisées que d’avoir quelqu’un qui aurait mérité cette place.

« ... je sais pas... » Il est plutôt surpris par cette réponse. Si son père avait eu ce genre d'idée il n'aurait pas arrêté de refuser, n'ayant jamais accepté que ce dernier ait le moindre contrôle sur sa vie. Ses choix. C'était tout bonnement se résigner. Autant mourir. Il faut croire que son patriarche avait fini par accepter ses refus, si ce n'est un. Le voir prendre sa place un jour. Aujourd'hui encore Aleks ne comprenait pas pourquoi leurs pères tenaient à ce point là à dicter leurs vies. « J'vois pas ce que ça leur.. lui apporte. C'est juste un moyen de te garder un peu plus sous son emprise. »  Ils avaient choisi d'avoir des enfants dans l'optique d'avoir de vrais petits soldats. Ceux qui seraient dignes de monter un jour sur le trône. La voilà l'explication. Ils n'avaient jamais été considérés comme des enfants. Dans ces conditions un mariage forcé pourrait effectivement un bon moyen d'agrandir son empire. « Et si tu rencontres quelqu'un? » Sous entendant, irait-il jusqu'à le tuer? Leurs pères se ressemblaient sur de nombreux points. Lucifer lui non plus aurait aucun remords à briser le coeur de sa propre sa fille pour qu'elle puisse épouser le gendre idéal. Celui de son choix. « J'suis passé par là, et j'te le souhaite pas. » Qui plus est, la mort de Maïa n'avait pas eu l'impact escompté. Non. Elle n'avait fait que le repousser encore un peu plus, le faisant alors quitter sa patrie. Vivre avec ça sur sa conscience. Ne pouvant s'empêcher de penser que sans leur rencontre elle serait toujours envie. Mort qu'il aura toujours sur sa conscience.

Il la sent quelque peu ailleurs alors que la route se termine, que la turque se gare enfin. L'océan n'étant plus très loin. Nul doute qu'elle réfléchit à la conversation qu'ils ont eue. Reste à savoir quelle partie tiraille son esprit. À peine les pieds dehors qu'il allume une cigarette. « Toi et tes cigarettes. » Simple haussement d'épaules. Si la mafia ne lui trouait pas la peau, c'est le tabac qui se chargerait de son cas. À moins qu'Arizona ne s'occupe de lui en découvrant l'horrible vérité au sujet de son conjoint. « A croire que personne ne pourra jamais vraiment se débarasser de ses addictions... » Elle marquait un point, il était toujours difficile de combattre le petit diable présent sur son épaule. La reprise de son trafic en était également la preuve. « J'dois être trop faible. » Sans ça il aurait pu tout laisser derrière lui avec le cadavre de son père. Ce dernier lui avait d'ailleurs fait part de sa faiblesse quant à son incapacité à rendre l'appareil au type ayant attenté à sa vie. « Se balader, j'ai besoin de me dégourdir les jambes. On va tout en haut ? » Il n'est pas contre se dégourdir les jambes, et puis il n'a jamais vraiment eu l'occasion de profiter de l'endroit. Aleks se contente d'ailleurs de lui emboiter le pas, profitant alors de la nicotine envahissant son corps. « Qu'est-ce qui t'as fais changer d'avis? » Une question qui lui taraude l'esprit. Curieux de connaitre les évènements qui avaient pu la pousser à rejoindre son père.

Aleks le sait, la seule raison pour laquelle il se trouve toujours en vue à l'heure actuelle c'est le sang. Celui qui coule dans ses veines et qui malgré son crime lui offre le trône. La mafia qu'on le veuille ou non, on en fait partie jusqu'à la mort. Il n'avait pas obtenu sa liberté en tuant son père, il obtiendrait quand il rendrait son dernier souffle à son tour. « Et on sait tout deux que ce n'est qu'une question de temps... » Son amie de toujours serait-elle celle qui la lui accorderait? Ou les bras droits de son géniteur lassé de son comportement finiraient par le faire disparaitre au profit de quelqu'un de plus méritant? Son seul espoir étant de ne pas attirer ses proches dans sa chute, derrière ce voile. Il avait déjà bien trop sur sa conscience pour y rajouter deux âmes. La seule chose qu'il a dû mal comprendre, et qu'il ne comprendra sans doute jamais c'est ce besoin de la part de leurs pères respectifs de contrôler la vie de leurs enfants dans les moindres détails. Être sûr d'avoir la main mise sur leurs enfants. « Que veux-tu je suis le parfait soldat. » Soldat qu'il n'avait jamais voulu devenir, parce qu'il avait toujours refusé de devenir un vulgaire pion dans le jeu de son père. Ce qu'il combattait encore aujourd'hui, et qu'il continuerait de combattre jusqu'à la fin. Tant qu'il refuserait cet héritage. La part d'ombre dormant en lui. Il envie quelque peu Azra à ce sujet, qui contrairement à lui semble être en phase à ce sujet. Alors qu'ils discutent d'un possible mariage arrangé un jour pour la brune si son père venait à trouver la perle rare à ses yeux. Le russe se pose davantage de questions. Serait-elle prête à aller jusqu'au pour Lucifer? Serait-elle prête à laisser ses désirs de côté pour assouvir la volonté de son père? Azra agirait-elle toujours en bon soldat si on lui ôtait le choix de la personne avec qui elle passerait le restant de ses jours? « Tu veux dire si je rencontre de nouveau quelqu'un ? » Il fronce un instant les sourcils, c'est l'inconvénient quand deux personnes se perdent de vue, des détails importants dans la vie de l'autre finissent forcément par vous échapper un jour ou l'autre. « Qu'est-ce qui s'est passé? » Cette curiosité sûrement mal placée au sujet de la fin de son histoire. Des raisons qui avaient pu amener la fin de son couple. Qui avait brisé le coeur de l'autre? La turque avait-elle pris en considération l'opinion de son père au sujet de sa moitié? Ou ce dernier avait-il pris exemple sur son ami russe? « Je tenterai de le convaincre. » Il garde ce qu'il pense pour lui. Cette image sûrement faussée qu'il a de par sa propre expérience. « Tu sais que si je décide de me marrier, dans tous les cas, j'aurai besoin de son consentement. » Voilà là une grande différence entre eux. Aleks n'avait toujours eu que faire de l'opinion de Stanislav. Azraël était bien plus attachée aux traditions que le russe. « Tu pourrais renoncer si t'es éperdument amoureuse et que ton père est contre? »

D'ailleurs il ne peut s'empêcher de lui rappeler ce qu'il pouvait se passer dans la pire des situations. « Il n'est pas ton père et je ne suis pas toi. » Ses mots lui font l'effet d'une grande claque sur l'oreille. Réaction a laquelle il ne s'était pas attendu. Le russe avait sans l'ombre d'un doute été trop loin pour lui rappeler qu'il se trouvait dans un monde impitoyable. Monde où sa propre famille est plus à craindre que la mafia concurrente. « J'te le souhaite Azra. Vraiment. » Mais les souvenirs qu'il avait de Lucifer n'allaient pas dans ce sens, au contraire. Les deux rois n'étaient pas proches pour rien. Sans doute était-il plus simple de se convaincre de ça faute de preuve. Espoir de voir un peu de considération dans les yeux du père, un peu d'amour. « Pourquoi tu ne te marries pas avec Arizona ? Enfin, je veux dire tu veux pas te marrier avec elle ? » Il est une nouvelle fois pris de court par la jeune femme, surpris par sa question. Question à laquelle il ne s'attendait pas. « J'sais pas. » Véridique cette idée ne lui avait pas vraiment traversé l'esprit. « Peut-être. C'est déjà nouveau pour moi d'être de nouveau dans une relation stable. Pour elle aussi d'ailleurs. Elle en a pas mal bavé. » Entre la perte de sa soeur des mains de son père, et de la mort de son fiancé qui avait juste eu le malheur d'être au mauvais endroit au mauvais moment. En plus de ça, fréquenter un dealer avait fini par lui porter préjudice puisqu'elle avait une nouvelle fois été ruée de coups. S'être son père n'était plus de la partie, mais Aleks n'était pas sûr qu'Arizona serait tranquille. Que plus personne ne viendrait s'en prendre à elle. Que ce soit du côté des Russes ou d'ailleurs. « La mafia est toujours là, j'ai aucune envie qu'on l'utilise encore une fois pour m'atteindre. » Il refusait surtout qu'il lui arrive quelque chose pour la simple et bonne raison qu'elle était sa compagne.

A peine sont-ils dehors que le russe s'adonne à un de ses vices. La nicotine. Addiction qu'il n'avait jamais réellement essayé de combattre. Et quand son amie le lui fait remarquer il utilise les mots de son père. Il était peut-être effectivement trop faible. Incapable de rester dans le droit chemin. « Pas plus qu'un autre. On a tous nos addictions. » Effectivement chacun avait ses propres démons à combattre. Il devait également en plus de ça lutter contre l'appel de la mafia, la reprise de son trafic. Et alors qu'ils s'avancent tous les deux en direction des falaises, le russe interroge la turque. Curieux de connaître ce qui avait bien pu changer dans sa vie pour qu'elle choisisse finalement cette voie. « Si j'avais pensé qu'on aurait de nouveau des conversations aussi intimistes, j'aurai pensé à prendre de la vodka. T'en as pas sur toi ? » Il ne peut s'empêcher de rire tout en secouant la tête, Azraël ne perdait décidément jamais une occasion pour le chambrer au sujet de ses origines. « Désolé de te décevoir va falloir faire ça sobre. » Elle était peut-être la seule avec qui il pouvait parler sincèrement sans craindre de jugement, ils se comprenaient tous les deux. Aleks sait qu'il devrait juger franc jeu avec elle également, elle l'aiderait peut-être à rebrousser chemin. « Break-up. Tu y croirais ? » Quittant le chemin des yeux pour les déposer sur la jeune femme. Loin d'être convaincue par cette maigre réponse. « Pas tellement non. » Il y avait plus. Dans ce genre de situation il y avait toujours plus. Surtout pour eux. Impossible qu'elle se soit subitement réveillée un matin en ayant une soudaine envie de suivre les pas de son père. Il s'était passé quelque chose, il en était sûr.

Aleks il a conscience que plus les jours passent, plus il reste là-dedans moins il sera simple pour lui de rebrousser chemin. L'éclat au grand jour auprès de son entourage de la reprise de ses activités illégales n'arrangeait pas les choses. Qui plus est, malgré les mois écoulés le sourire sur le visage de son père ne quittait pas son esprit. Il avait merdé. Plongeant tête baissée dans la gueule du loup. Il avait sous-estimé son géniteur. Il avait finalement bien trouvé le moyen de l’emmener sur la pente savonneuse. Sa faiblesse. L’amour. Celui qu’il porte à Arizona, à Brice. Il avait toujours pris soin de lui apprendre que ce sentiment causerait sa perte. Que dans ce monde, dans ce milieu il était à bannir. Celui qui avait cru retrouver sa liberté en se débarrassant de son tyran avait vite compris qu’il s’agissait d’un leurre. Sa survie en était la preuve. Ils auraient dû être traqué après leur fuite. Il aurait dû rendre des comptes pour ses actes. Son crime. Non la chute du roi ne le poussait que d’avantage vers cet héritage qu’il avait pris des années à refuser. Passer son temps dans les pattes de son père ne lui avait jamais plus. Forcé d’apprendre les rudiments de la mafia, si bien que parfois il se demande si se résigner à jouer le rôle qu’on attend de lui ne vaudrait pas mieux pour ses proches. Plus sûr que les représailles qui pourraient les attendre. Néanmoins, il sait qu’il est à l’origine de la cible qu’ils ont désormais dans le dos. Leurs vies liées aux lèvres du Russe, au choix qu’il doit faire. N’arrivant pas à se résigner à laisser le pouvoir qui lui tend la main derrière lui. Laissant alors la part d’ombre sommeillant en lui gagner du terrain.

Lutte qui ne s’arrête pas à ses pensées. Aleks essaye de faire les choses bien, se raccrochant à ce qu’il peut pour rester dans le droit chemin. Se donnant à fond dans cette formation. Soldat du feu le seul qu’il veut bien devenir. Plus simple s’il avait réellement tout balayé d’un revers de la main. Tout laissé derrière lui en Californie. Non. Il sait même toujours comment ça se passe sur la côte ouest. Partageant alors son temps entre son trafic et la caserne. Évitant sans doute le plus possible de se retrouver chez lui et de se retrouver à sa compagne et la déception qui l’accompagne à la suite de ses mensonges. Sa garde du soir l’arrange. Comment expliquer les raisons qu’il font reprendre, et qu’il n’arrive tout simplement pas à décrocher? La nuit agitée lui évite de trop penser, se contentant alors d’agir sur les diverses interventions. Si les appels sont nombreux par chance il n’y a rien de bien dramatique. C’est a l’aurore qu’il quitte les lieux, pressant le pas afin de rentrer. Le jour se lève doucement et lui n’a qu’une envie, celle de plonger sous la couette. Dormir. Un moyen de plus pour éviter les conflits.

« slav'sia otetchestvo nache svobodnoïe... » Voilà que la fatigue lui joue des tours. Y a personne aux alentours. Continuant sa route clope au bec. « droujby narodov nadiojnyï oplot... partiïa lenina sila narodnaïa. » Cet hymne qui continu, c’est trop pour que ce soit juste son imagination. Il stop le pas, guète les environs. Ça lui était destiné. Quelqu’un connaissant ses origines. Le connaissant. La dissimulation ne lui présage rien de bon. Tournant les talons, la rouquine se rapprochant. « nas k torjestvou kommounizma vediot. » Son mégot rejoint le sol alors qu’il l’a laisse s’approcher. Grosse erreur? Il serait vite fixé de son sort. S’il ne la connaît pas vraiment, la jeune femme il la déjà vu. Une fois. Un contrat de son père à accomplir. Un traitre à éliminer. Un simple hasard où était elle envoyé pour s’occuper de son cas. « voyez vous ça. long time no see, c'est comme ça qu'ils disent les anglais je crois? » Effectivement leurs routes ne s’étaient jamais recroisé depuis cette fameuse nuit. Nul doute qu’ils avaient tous les deux fait du chemin. S’il avait bel et bien désormais un crime à son actif, la rousse avait du étoffer sa propre liste. « C'est bien ça. Que me vaut le plaisir? » Ou déplaisir? Plusieurs questions se bousculent dans sa tête, questions auxquelles il évite de penser. « T'es là pour affaire? » Vu la ville ça ne l'étonnerait pas plus que ça, c'est le temple du vice par ici. Alors forcément elle devait crouler sous les contrats, ou pourquoi pas tout simplement s'installer dans le coin. Elle ne semblait pas être le genre de personne à craindre la concurrence, bien au contraire.

Les questions se bousculent dans sa tête alors sur la fin de son histoire. Etait-elle à l'origine de cette rupture? Son père était-il intervenu? Ou s'était-elle tout simplement fait briser le coeur. « Cela ne te concerne pas. » Azraël était dur. Dans un sens il pouvait la comprendre. On ne peut pas dire qu'il appréciait parler de Maïa. Se confier sur son histoire avec la jeune femme, et sa fin tragique. Il lui avait fallu du temps pour se confier à Arizona et Brice. « M'en veux pas mais c'est pas comme si tu me parlais des problèmes de ton couple ou de ton couple tout court. » Il est vrai qu'il ne s'était pas confié à elle après le geste de son père, préférant tout simplement fuir, tenter de se reconstruire ailleurs. Tout comme il ne lui parlait pas non plus de sa relation actuelle avec Arizona. « On ne s'était pas vu depuis longtemps, j'me voyais mal t'envoyer un message pour te parler de ça. » Ce n'était pas vraiment la meilleure manière pour revenir dans la vie de quelqu'un. Encore plus alors qu'ils n'étaient plus ces enfants insouciants. « Tu voudrais que je te parle plus de mon couple? » Nouveau pour celui qui avait du mal a se confier sur ses sentiments. Leur discussion déviant sur un futur mariage pour la turque. Là encore de nombreuses questions affluaient dans l'esprit du jeune homme. Serait-elle prête à tout laisser tomber pour son père? Suite à un refus de ce dernier. Elle était attachée aux traditions, c'était honorable, mais il fallait savoir dire stop. « Je ne le suis pas donc la question ne se pose pas. » Il ne peut pas lui en vouloir de ne pas vouloir y réfléchir, lui donner une réponse à ce sujet. Alors Aleks comprend qu'il ne doit pas épiloguer là-dessus.

D'ailleurs lorsqu'elle lui retourne la question. Il est à son tour surpris, en fait c'était une question qu'il ne s'était jamais posé. Leur relation était toute récente, ils avaient beau se connaître depuis longtemps, mais ils n'étaient en couple que depuis un an. Le mariage semblait alors être une étape encore lointaine. Encore plus alors qu'il est toujours dans les problèmes. « Alors quoi tu lui demanderas quand tu seras vieux et raplati ? » À l'entente de cette remarque il ne peut s'empêcher de rire. « Tu m'as démasqué. » Finalement il reprend son sérieux. Sa plus grande crainte étant la présence de la mafia. Bien sûr il faudrait qu'il se range définitivement. Qu'il laisse enfin les ténèbres derrière lui. Mais dans une situation pareille, la mafia les laisserait-il tranquilles? Pourrait-il seulement un jour espérer ne plus lui faire prendre un risque pour être seulement avec lui. « La mafia sera toujours là. » Il était là le problème, et que ce soit celle de sa patrie, ou la concurrence. « Tu as fait d'elle une cible le moment où tu es tombé amoureux d'elle. Ce n'est pas pour rien que l'amour est une faiblesse. » Elle n'aurait pas pu trouver mieux. Il a même l'impression d'entendre son père encore et toujours. Première leçon enseignée. « Ça peut parfois être une force, pas sûr que je me serais libéré de Stan autrement. » Certes sans elle il ne se serait pas trouvé dans cette situation, mais pas sûre que sans Arizona il aurait trouvé le cran de presser la détente. « Elle sait se défendre ? » Azra avait vraiment le chic pour le surprendre avec son choix de question. « Brice lui a donné des cours. Mais on sait tous les deux comment ça se passe face à une arme. » Tous les cours du monde ne lui seraient d'aucune utilité face à la mafia. Dans n'importe quelle situation impliquant une arme dans les mains de l'adverse. À moins d'avoir été sur-entraîné sur le sujet.

Cette promenade au grand air ne pourrait leur faire que bien. il est toujours amusé des clichés qu'elle porte à son encontre de par ses origines. A croire qu'à tout moment il pouvait sortir une bouteille de vodka de sa poche. Ceci étant, cela pourrait être utile dans certaines situations. Sur le trajet il ne peut s'empêcher de rendre la situation plus intime. Curieux de savoir ce qui pouvait causer un changement de comportement. « Ah aleeeeeks, tu me connais toujours trop bien. » Il est plutôt ravi de cette remarque, malgré les années et l'éloignement la jeune femme n'était pas devenue une énigme. « Faut croire que y a des choses qui changent pas. » Une chose plutôt rassurante, alors qu'il était si facile de dévier de la trajectoire que l'on avait pu se fixer. « Mais pourtant c'est la vérité... et la seule réponse que tu auras. » Il la sent se braquer, et les raisons lui échappent. « C'est si grave que ça? T'as peur que je te juge? » Il a du mal à trouver ce qui pourrait être aussi dramatique. Ce qui fait qu'elle refuse de parler. Il était loin d'être blanc comme neige. Il avait lui aussi sa part d'erreur ou de mauvais choix à son actif. Sa difficulté a raccroché en était la preuve numéro un.

Son secret venait d'éclater au grand jour. Si la conversation qu'il avait eu avec Arizona avait été déplaisante, il sait que lorsque Brice daignera enfin refaire surface, ou tout du moins se laissera approcher, la conversation qu'ils auront sera loin d'être une partie de plaisir. Il sait qu'il devrait agir, mettre enfin et définitivement tout ça derrière lui. Non le russe persiste et signe. Continuant alors son trafic, jouant un peu plus chaque jour avec le feu. Mettant la vie de la famille qu'il a déçu en danger. En quittant les États-Unis tout avait plutôt bien commencer. Il avait réussi à se trouver une formation, faisant alors quelque chose de bien. De légal. Il avait suffi d'un seul instant pour que tout bascule. Après avoir bossé une bonne partie de la nuit et de la matinée, le jeune homme avait décidé de faire un détour par le parc avant de rentrer. La nuit avait été plutôt reposante, il n'y avait pas eu beaucoup d'interventions. Et il préférait attendre un peu avant de regagner l'appartement qu'il partageait avec Arizona. Assis tranquillement sur un banc son esprit divague. Se persuadant qu'il n'a pas encore atteint le point de non-retour. « Il y a comme un sentiment de déjà-vu, non? Les habitudes ont la vie dure on dirait.. » Cette voix. Très vite il secoue la tête, tentant de chasser cette image de sa tête. Bien loin d'être un mauvais souvenir elle était bel et bien là-devant lui. L'agent Morales. Celle qui l'avait entrainé dans cette spirale infernale. « J'vois pas de quoi vous parler. » Il sait très bien où elle voulait en venir. Elle avait toujours eu raison à propos de lui, et les faits étaient encore bels et bien là. « Vous avez du en faire des bourdes pour finir dans un trou paumé pareil. » Il cherche, encore et toujours. Le ton avait été donné dès leur rencontre, quand elle avait prétexté chercher un individu ayant déjà rendu l'âme. Au poste de police. Mais surtout quand ils s'étaient revu après que son père soit intervenu. Il se doute qu'elle avait dû l'avoir mauvaise de devoir abandonner son affaire, encore plus quand on sait que son patron pourri en était la cause. Bien évidement il est bien loin de penser que Kayla est en ville pour lui, il n'était pas un si gros poisson. Pas tant qu'il refuserait son héritage. « Vous avez fait d'un autre innocent votre proie? » Cependant il n'est pas prêt pour un nouveau round avec elle, il avait suffisamment de problèmes comme ça sans qu'elle n'en rajoute une couche. Il n'avait pas besoin qu'elle vienne une nouvelle fois fourrer son nez dans son business. Avoir de nouveau les forces de l'ordre sur le dos ne ferait que rajouter des tensions dans son couple.

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis qu'Arizona avait découvert le secret du Russe, la reprise de ses activités illégales. Envolées les belles promesses. L'assurance d'une vie sans risque. Aleks aurait dû se douter que son meilleur ami finirait par être au courant, il n'y avait aucun secret entre eux. Il en avait eu la preuve lors du gala de charité d'Azraël. Il avait vite compris au ton froid du boxeur que l'Australienne était venue se confier. Le silence qui avait suivi ne faisant que confirmer la situation. Aleks appréhendait la confrontation à venir, d'ailleurs l'écossais ne lui rendait pas la tâche facile. Ils avaient beau vivre dans le même immeuble, il avait du mal à le croiser. La porte restant close. Le russe avait donc choisi de forcer les choses. Il n'y a qu'un seul endroit où son frère passait tout son temps. La salle de boxe. Il passait son temps à s'entraîner. Posté au coin de la rue il attend que son ami quitte les lieux, tout en fumant sa troisième cigarette. C'est lorsque cette dernière finie enfin par rejoindre le sol qu'il entrevoit son ami quitter les lieux. Soufflant, il finit par se mettre en marche, accélérant la cadence pour le rattraper. « Brice t'as deux minutes. » Il faudrait plus que deux misérables minutes pour que la situation ne s'arrange entre eux. Mais cela aurait moins eu le mérite de le stopper net, continuant pourtant de lui tourner le dos. Il le sait en colère, il a toutes les raisons de l'être. Mais il refuse de le perdre, son amitié était bien trop importante à ses yeux. « S'il te plait. » Son âme sœur. Depuis qu'ils s'étaient trouvés tous les deux, ils ne s'étaient plus quittés. Brice avait été un vrai soutien pour lui lors de son arrivée à Santa Monica. Une réelle relation s'était construite entre eux, plus que des amis, ils étaient devenus frères.

Cette mise en danger constant. À croire que le russe cherchait inconsciemment un moyen de titiller le karma. Forcer de destin pour payer enfin pour son crime. Fils dans ce monde tes sentiments seront ta plus grande faiblesse. Non, envoyer rôtir son père en enfer n’avait pas arrangé les choses. Il était toujours dans sa tête, hantant le moindre de ses mouvements. Des mots résonnant encore et encore à chaque prise de décision. Le meilleur moyen de l’atteindre restait effectivement ce cercle proche qu’ils formaient tous les trois, puisqu’il n’accordait aucune importance à son propre sort. La logique voudrait qu’il s’éloigne d’eux tant qu’il reste plongé dans ce monde. Construise des barrières afin de les protéger, coupant le lien les unissant. Seulement il en est incapable. Ils étaient le seul point d’ancrage qu’il avait encore avec le bon côté. Les seuls qui pouvaient l’empêcher de définitivement sombrer. De devenir celui qu’il avait passé toute sa vie à combattre. L’écossais semble décidé à le faire mariner une fois de plus, le regard fixé sur la nuque de son ami, lèvres serrées, Aleks attends que Brice accepte enfin de se tourner. Chose faite après deux ou trois minutes interminables. Le dealer regrette vite de croiser le regard de son ami. Déception, tristesse, colère. Tout lui renvoie ses mensonges en pleine poire. Il lui avait menti délibérément. Préférant cacher la reprise de sa bévue. « On va se poser quelque part? Je te paye une bière? » Il tente. L’alcool ne pourrait pas faire de mal. Dans tous les cas ils seraient plus à l’aise pour discuter à l’écart de la rue. Des autres.

La conversation prend un tournant auquel il ne s'attendait pas. Cependant il reste sincère, il ne s'était pas vu à l'époque la contacter pour lui parler de ce que son père venait de faire. De la perte de Maïa. Il s'était contenté de fuir, tentant de se reconstruire ailleurs. « Tu aurais pu, je serai venue. » Une part de lui sait qu'elle aurait agi de la sorte, il en aurait fait de même pour elle. Azraël comptait pour lui, et il sait que l'inverse est réciproque. Seulement il avait préféré l'exil. Désireux de passer à autre chose, se reconstruire ailleurs. Seulement les remords eux, ne l'avaient jamais quitté, impossible d'oublier. Sa relation passée n'est pas la seule chose que la turque aborde, non elle aborde également son présent. Celle qu'il entretient avec Arizona actuellement. « Pourquoi pas. Je pourrai te donner des conseils féminins. » Il ne peut s'empêcher de rire à la suite de cette remarque, pas sûr que les conseils dont il avait besoin actuellement soient nécessairement féminin. « T'aurais de bons conseils sur un père tyrannique ? » L'australienne n'avait pas eu de chance, son père et son 'beau-père' étaient tous les deux de véritables psychopathes. Au moins ils étaient tous les deux désormais hors d'état de nuire. « Qu'est-ce que tu aimerais savoir? » Il reprend tout de même son sérieux, il ne voyait aucune objection à parler à Azra de sa relation, au contraire, cela leur permettra peut-être de retrouver leur complicité d'antan.

Le russe le sait ses sentiments causeront sa perte un jour où l'autre. Ses liens indéfectibles qu'ils avaient créés, la seule façon de l'atteindre, de le faire réagir. C'est d'ailleurs comme ça que son père avait fait, utilisant Arizona afin d'obtenir une ultime confrontation. « T'es vraiment en train de dire que c'est seulement à cause de ta copine que tu t'es libéré de lui ? » Arizona. Brice. Il avait eu la preuve qu'il était prêt à aller jusqu'au bout pour s'assurer qu'ils ne leur arriveraient rien. Refusant alors que les différentes décisions qu'il puisse prendre, aussi stupide soient-elles ne les mettent en danger. Il refusait d'être la cause d'un nouveau drame. « Probablement. J'me serais peut-être contenté de fuir à nouveau. J'doute que j'aurais pris la peine d'aller le rejoindre là-bas si je n'avais pas su qu'elle s'y trouvait. » En revanche il est loin d'être sûr qu'il soit réellement libérer de son père, les idées du roi demeurait toujours. Il était même pas sûr qu'Arizona soit en sécurité. « Le boxeur c'est ça ? » Il se contente alors de hocher doucement la tête, il ne voyait pas quoi ajouter. Il connaissait son meilleur ami sur le bout des doigts. Il n'avait aucun doute sur les cours qu'il avait pu donner à sa petite amie. La preuve, elle avait réussi à botter le cul de son père avait de l'envoyer derrière les barreaux. Exemple qu'il aurait peut-être dû suivre et qui lui aurait évité de bifurquer, de jouer avec le feu. « T'es sûr qu'il a été suffisamment convaincant ? qu'il l'a bien entrainé ? » Cette fois il pose un regard interrogateur sur son amie, pas sûr de comprendre le sens de sa question, où elle voulait en venir. « Pourquoi t'as envie de le vérifier par toi même? » Est-ce qu'elle serait en train de le sonder, de savoir s'il s'agissait d'une personne sans défense, où si au contraire elle pouvait lui donner du fil à retordre si jamais elle choisissait de s'attaquer à l'Australienne.

Alors qu'ils commencent tous les deux à monter en haut de la falaise les questions continue. Cette fois, elle concerne la jeune femme. Aleks s'interroge à son sujet, il est curieux. Désireux de connaitre ce qui avait fait pencher la balance de son amie. Ce qui avait fini par la faire rentrer dans le rang. Il la connaît il a forcément eu un élément déclencheur. « J'ai pas peur que tu me juges. Je sais que tu le feras. » Le russe ne peut cacher sa déception, il pensait qu'ils étaient loin de tout ça, après tout, ils étaient loin de ces gamins refaisant le monde, persuadé de pouvoir échapper à ce monde. De pouvoir quitter la mafia. « T'as raison, c'est vrai qu'à côté de toi je sûrement blanc comme neige, pas un seul crime à me reprocher. J'pensais qu'on était au-dessus ça. » Il voyait pas pourquoi elle pouvait penser une chose pareil. Il était loin d'avoir la conscience tranquille. S'il était question de sang sur les mains, lui aussi en avait. Et celui de sa propre famille qui plus est. Surtout pas après ce qu'ils avaient traversé ensemble. Pas comme s'il ne pouvait pas comprendre le poids de la mafia sur les épaules. Ce petit diable constamment présent sur l'épaule, susurrant des mots doux pour vous faire succomber, embrasser la voie.

Aleks le savait cette situation ne pouvait pas durer indéfiniment. La vérité finie toujours par éclater au grand jour, seulement il ne supportait pas cet éloignement. Pourtant couper les ponts c'est ce qu'il pourrait faire de mieux pour eux, pour les préserver. Trop lâche. Il avait besoin d'eux. Son oxygène. Alors que Brice joue les fantômes ça le bouffe. Ils ont toujours pu compter l'un sur l'autre, jusqu'à ce que l'écossais ne rentre chez lui, que le russe tue son père, et que tous les trois ne se retrouvent en ville et qu'il commence ses mensonges, sa double vie. Son meilleur ami il le connait par cœur, alors il sait très bien qu'il l'a vexé, blessé en lui affirmant qu'il n'y avait plus que les pompiers dans sa vie, que ses interventions étaient désormais le seul risque dans sa vie. Omettant de lui apprendre qu'il avait fini par reprendre ses activités illicites, son trafic. Ce silence il n'en peut plus. Il a besoin de lui parler, il a besoin de cet ours dans sa vie. Alors il attend là. Il attend qu'il daigne enfin quitter la salle de boxe, seul endroit où il semble passer tout son temps désormais. Il se dit que c'est préférable que d'entrée directement. Que son ami sera moins enclin à lui en foutre une dehors en pleine rue. Il se repasse le film en patientant, des mois que les mensonges perduraient. Des mois que le dealer était persuadé que demain ce serait terminé, mais demain c'est loin. Cet appel qui perdure encore et encore malgré la chute du parrain. Cette lutte qui lui semble moins facile plus le temps s'écoule. Devenu spectateur de sa propre vie. Puis finalement il l'aperçoit quitter les lieux, le pas pressé il doit accélérer afin de le rattraper, l'interpeller. Le son de sa voix aura au moins eu le mérite de l'arrêter dans sa course. Il espère juste qu'il lui accordera au moins quelques minutes.

Devant cet être impassible il tente. Il propose à boire. Parce qu'avec ce qu'il lit dans le regard de son ami, il se dit que ça ne pourra pas faire de mal, surtout pour lui. Loin d'être contre un peu de chance liquide. Il le connait Brice. Il est pas facilement, et pour sûr il allait lui en faire baver. Il devrait déjà s'estimer heureux qu'il ne l'envoie pas sur les roses, il aura au moins eu le mérite d'accepter de le suivre. « tu veux quoi? tu crois vraiment que là, maintenant, tu peux m’acheter avec de la bière? » Le jeune homme secoue la tête tout en se pinçant les lèvres. Brice n'avait clairement pas prévu de lui rendre la tâche facile. « J’veux qu’on mette les choses à plat. Toi. Ari. Moi. C’est la famille. Parce qu’on tient trop les uns aux autres pour pouvoir tourner les talons. Merde Brice c’est trop important. T’es trop important. Si pour panser ta blessure t’as besoin de me fracasser la tête vas-y. » Peut-être que dans le fond il espère qu'il le fera, que ça lui remettra les idées en place. « allez, sors moi tes violons, ta plus belle disquette. j’t’écoute. » Le serveur tombe cependant à pique en leur ramenant la commande passée au moment de leur arrivée. Le russe ne se fait pas prier avant de prendre une gorgée de sa bière. « Les voilà tes violons : On a rien signé mais c’est tout comme. Tu le sais aussi bien que moi. À la vie à la mort. » Mais le russe sait aussi qu’ils étaient fait pour se rencontrer. Ils étaient bien trop complémentaires, et surtout il n’imaginait pas un seul un instant sans vie sans qu’il ne fasse partie du décor. Il était sa personne. « J’ai flanché. J’sais pas si c’est lié à cette ville rongée jusqu’à la moelle, à mon père, parce que ça me plaît. C’est peut-être même sûrement les trois. J’étais largué. Je le suis toujours. J’y ai trouvé un échappatoire. » L’adrénaline lié au danger, au risque qu’il court de se faire attraper, serrer pour de bon, ou parce qu’il pourrait simplement rejoindre son paternel. Stupide. Il court à peu près les mêmes risques avec son activité légale. « Je me suis dis qu’en vous le cachant ça rendait la chose moins réelle et surtout j’arriverais plus facilement à faire marche arrière. » Foutaise il était dedans jusqu’au cou. « Tu sais très bien qu’y a rien qui pourrait m’empêcher de la protéger. De te protéger. Même si t’en as pas vraiment besoin. Pas après Santa Monica. » Pas après son père. Il était peut-être là le vrai cœur du problème. Prêt à sacrifier sa propre vie pour la leur. Sans doute pas ce qu'il avait besoin d'entendre, préférant sûrement de vraies excuses, de vraies raisons. Mais c'était surtout ce que lui avait besoin de lui dire.

C'est fou ce que la vie pouvait être joueuse. Non seulement il avait des problèmes dans son couple dû à la fin de ses mensonges. Et son meilleur ami jouait le mort. Et voilà qu'il fallait qu'elle refasse surface, que ce flic qui lui avait pourri la vie se présente une nouvelle fois devant lui. Circonstances identiques à leur première rencontre. « Oh, je suis offensée. C’était pourtant une si belle soirée dans le parc de Santa Monica. Moi qui pensait vous avoir laissé un souvenir impérissable, me voilà déçue. » Son regard se pose alors sur la jeune femme, un léger rire s'échappa de ses lèvres. « Laissez moi me souvenir, vous cherchiez pas votre mec? C'est peut-être une des raisons pour lesquelles il s'est tiré. » Haussement d'épaules. La première fois qu'il avait abordé ce sujet il avait eu l'impression de toucher une corde sensible, autant l'utiliser à son avantage puisqu'elle semblait avoir envie elle aussi de le provoquer. Chacun continuait de se renvoyer la balle. Il ne peut s'empêcher de se poser des questions sur son transfert ici. Après tout elle semblait avoir une belle place quand ils s'étaient quittés, mais de l'eau avait coulé sous les ponts des deux côtés depuis. Et pour qu'elle termine ici, elle avait dû, elle aussi, faire un faux pas. « Rien qui n’en valait pas suffisamment la peine. » Le russe lève alors les yeux, au fond il s'en fout royalement de ce qu'elle a bien pu faire, c'est le cadet de ses soucis. Si elle a mis sa carrière en péril, c'est son problème pas le sien, au contraire pour lui ça serait plutôt une bonne chose. Il n'aurait plus à l'avoir dans les pattes. « Et puis, ça ne doit pas être assez paumé pour que j’arrive à tomber sur vous. » Un nouveau rire s'échappe des lèvres du jeune homme. « Si ça se trouve je vous ai tapé dans l'oeil ça serait pas la première fois que vous m'auriez fais suivre. » Une énième pique quant à leur relation liée à la drogue, à son trafic. Cependant les preuves qu'elle avait contre lui c'était envolée quand son patron corrompu lui avait demandé de lâcher l'affaire. D'ailleurs il appuie là-dessus, continuant de se prétendre innocent, s'il en était loin à l'époque, ça l'était davantage aujourd'hui. « Innocent. Quel drôle de choix de mot... Les affaires reprennent on dirait. Il faut bien prendre la relève de papounet... Comment va-t-il d'ailleurs? » Il sert les dents. À croire qu'elle aussi savait où appuyer, qu'elle avait fait des recherches à son sujet. « J'aurais décidément toujours dû mal a vous comprendre, je me repose juste après une garde de nuit. » À la différence de Santa Monica il avait une réelle activité légale. « Quelle relève? Ca fait bientôt dix ans que je ne lui ai pas adressé la parole. » Il aurait aimé que ce soit réellement le cas. Il aurait surtout aimé que ses envies de relèves soient enterrées avec lui. C'était cependant loin d'être le cas, on attendait toujours patiemment qu'il monte sur le trône. « Et puis vous connaissez déjà la réponse si vous abordez le sujet, il pourri certainement en enfer. » Il n'avait jamais eu de bon rapport avec lui, leur lien se brisant complètement avec la mort de Maïa. Aleks n'avait jamais cherché à paraître désolé pour sa mort, hors de question que ça change face à elle. Et puis il le sait, s'il existait l'ombre d'une preuve pour le relier au meurtre il serait déjà en train de payer pour son crime. Non. Vladimir avait du bien s'occuper de la scène de crime.

Tout avait définitivement foutu le camp. Arizona avait peut-être quitté l’appartement de Brice pour retrouver celui qu’ils partageaient tous les deux ce n’était pas pour autant que la situation s’était arrangée entre eux. C’était même loin d’être le cas. Celles accumulées depuis leur fuite, leur départ de Santa Monica, n’avaient que s’intensifier, pour éclater avec la découverte du secret du russe. Devenu l’ombre d’eux mêmes ne sachant plus sur quel pied danser. Comment arranger les choses, retrouver leur complicité. Incapable de se tourner vers son meilleur ami, le voyant déjà arriver avec ses grands sabots, tu l’as bien cherché. Une évidence. Suffisamment tiraillé sans qu’on lui rappel qu’il avait merdé que tout était sa faute. Il préfère alors se tourner vers le travail, de réfugiant dans les gardes, tout étant le bienvenu pour ne pas rentrer. Pire que la trahison il l’avait déçue. Alors c’est le retour à la case départ. Celui qui avait pris sur lui au fil du temps passé avec l’australienne, pour assumer. Parler de ses sentiments, préférait désormais rejouer aux autruches. Pourtant il le sait, cela ne résout pas les problèmes, cela ne fait que repousser l’échéance encore et encore. Au fond de lui il appréhende. Il craint de la pouvoir pousser cette porte d’entrée encore une fois, qu’elle parte sans se retourner. Le quitter serait peut-être pourtant la meilleure chose qui pourrait arriver à l’avocate. Elle n’aurait plus cette épée de Damoclès au dessus de la tête, juste parce qu’ils sont ensemble. Cependant pour le russe, cela ne ferait que le perdre davantage, il avait trop besoin d’elle, son point d’ancrage. Il n’y aurait plus de retour en arrière, plus de sortie de secours.

Aujourd’hui encore il a passé la journée à la caserne. Partie avant que sa petite amie ne se lève. Détour pour faire le tour de ses revendeurs pour échanger de la came contre de beaux billets. Il hésite un instant alors qu’il arrive dans sa rue. Hésite à rebrousser chemin, arpenter lui aussi les ruelles de cette ville damnée. Tout compte fait il rentre. Il regrette aussitôt son choix. Cauchemar qu’il aurait préféré éviter. La surprise prend d’ailleurs vite place sur son visage. « Qu’est-ce que c'est? » Ce qu’il avait tant redouté depuis qu’il avait choisi de retourner dans les activités illicites. Depuis que sa lutte semblait devenu inutile. A croire qu’il était tout bonnement condamné à suivre les traces de son père. Incapable de laisser tout ça derrière lui. « T'es vraiment un très mauvais dealer si tu as besoin que je te l'explique Aleks. » Il sert les dents il avait pas envie de rire. Pas maintenant. Il sait qu’elle a du mal à arrêter après sa sœur. Son fiancé. Il sait parce qu’il la longtemps fourni en Californie. « Ok. Tu préfères que je reformule ? Qu’est-ce que tu branles? Et épargne moi tes conneries selon lesquelles ça se voit. » Son regard finissant alors par quitter celui de sa petite amie qui lui semblait d’ailleurs encore inhiber pour se poser sur cette poudre blanche bien aligné sur leur table basse. A fuir il ne l’avait pas vu embrasser ses propres démons. Démons vers lesquels il l’avait envoyé. « C’est quoi le plan overdose dans le salon? » Refusant de la voir se détruire et dans un accès de colère il envoi le tout valser. Se foutant complètement qu’elle perde sa came. Son argent. Tout ce qui lui importait étant sa vie.

Le Russe était désormais obligé de faire face aux conséquences. Sa relation avec Arizona avait pris un nouveau tournant. Croyant bêtement qu'ils pourraient être heureux après s'être chercher pendant des années. Après avoir accepté enfin leurs sentiments, s'autorisant à être de nouveau heureux. La voir se détruire de la sorte ça le bouffe, le nez dans la poudre, comme au bon vieux temps. Le pire c'est qu'il sait qu'il est a l'origine de cette rechute. Que ses mensonges avaient eu raison de l'Australienne. Créant alors un fossé entre eux, exactement comme pour sa relation avec Brice, la fraternité en avait pris un coup. Les rôles s'inversent entre les deux depuis leur dernière vraie conversation. Complètement sous le choc de cette découverte. Tout était en train de foutre le camp. Plus de repères auxquels se rattacher, vers lesquels se retourner. Sa peur de la perdre n'ayant jamais été aussi grande. « T'as tant besoin que ça d'une explication? En effet, ça se voit. Ça s'appelle toucher le fond. » Nouvelle claque de la part de la jeune femme. Serrant une nouvelle fois les dents, pas vraiment d'humeur. « Ouais parce que t'aurais jamais du faire ça. » Parce qu'il sait qu'elle va en chier pour arrêter une nouvelle fois, qu'ils avaient pas besoin de nouveaux démons dans leur histoire. Et parce qu'il sait que comme pour lui il y aura désormais de facette de l'Australienne. La sobre et la camée. Il sait d'ailleurs très bien laquelle lui fait face en ce moment. « Et puis, vois le bon côté de chose, tu as récupéré une cliente. » Ce sourire. La goutte de trop. La pression monte. Sa réaction ne se fait pas attendre. La poudre s'envole. « Bien joué. J'peux te vendre un cercueil avec. Genre promotion, qu'est-ce que t'en pense. » Il préfère pas voir le côté ironique de la situation. Leur relation seule, et son retour dans les activités illégales suffisait à faire courir un risque à Arizona. Que ce soit de la main de la mafia Russe, où de ses concurrents, elle était une cible facile. Un bon moyen de l'atteindre. « C'est toi qui parle d'overdose, tout est sous-contrôle ! Par contre, si tu recommences, ça se passera mal.. t'es le moins bien placé pour me faire la leçon. Au moins, je fais les choses devant toi. » Il fronce les sourcils, sortant son paquet de clope de sa veste, en quête d'un moyen de faire baisser sa tension. Finissant alors par reporter son regard sur sa petite-amie. « Mais vas-y je t'en prie, défoule toi. Met tes menaces à exécution. Parce que je te laisserais pas faire ça. » Pas réellement inquiet de ce qu'elle pourrait lui faire. Peut-être le devrait-il. Il sait ce que le manque peut procurer, peut vous faire faire, il l'a vue à de nombreuses reprises. « Tu veux que j't'invite à la prochaine vente? » Rire jaune. Il allume enfin la clope qu'il a glissé entre ses lippes tout en la regardant rejoindre la cuisine. « C'est quoi le but Arizona? Ton plan? On sait tous les deux que j'ai pas d'excuses encore moins maintenant. Je refuse que tu détruises. Pas à cause de moi. » Parce qu'il donnerait tout pour elle, qu'il serait prêt à tout, pour la simple et bonne raison qu'il l'aime. Sa peur de la perdre lui faisant perdre ses moyens. « J'ai pas joué le jeu de mon père pour que tu finisses comme ça. » Parce qu'il refuse que le parrain soit victorieux. Que sa dernière action, dernière tentative soit la bonne. Que les sentiments qu'il éprouvait, que l'amour qu'il portait à sa famille, celle qu'il avait choisi, soit finalement à l'origine de sa défaite. Que cette mafia qui lui court après finisse par le rattraper. Emprisonné par les ombres sans aucune lueur d'espoir.

Assis face à face le Russe a le cœur lourd. Parce qu'il sait que la voie qu'il choisit, qu'il emprunte ne sera que souffrance. Qu'il prend des risques pour lui, pour eux. Parce qu'ils sont sa seule famille. La seule qui compte réellement à ses yeux, pour qui il serait prêt à tout, au pire. Parce qu'ils avaient toujours tout partagé dès l'instant où ils s'étaient rencontrés. Le coup de foudre. Brice. Le premier à qui il s'était confié sur son passé, sa famille, son père, Maïa. Son premier vrai soutien, son premier vrai rempart. Un pilier sur lequel il s'était longtemps reposé, sans doute trop. Son cœur s'emballe, son rythme cardiaque s'accélère parce que l'étau se ressert. Que tout comme son couple avec l'Australienne, sa relation avec l'Écossais s'effiloche. Mais il est là pour se battre, parce que ce qu'ils ont est important, trop important. Que le perdre serait équivalent à se couper un bras. Il a longtemps espérer que la mort de son père, l'ultime protection envers celle qui partage sa vie lui offrirait une porte de sortie. Le moyen de quitter la mafia, de laisser les ambitions de son père, avec lui, au fond de son cercueil. Non, il avait eu besoin de plusieurs semaines après leur fuite, après leur départ de Santa Monica, pour comprendre. Comprendre que tout ça n'était qu'un jeu. Une belle partie d'échec où il avait été vaincu. Vaincu par celui à qui il avait ôté la vie. Ce sang qu'il avait sur les mains n'ayant servi a rien. Si n'est l'entraîner au bord du précipice. « crois-moi qu’il vaut mieux pas que j’te lève la main dessus. je ne serai pas la cause de ta mort. » Une part de lui regrette, un coup bien placé, lui permettrait peut-être d'avoir de nouveau les idées en place. De s'éloigner une bonne fois pour toutes de ce milieu. Refiler le bébé à quelqu'un pour qu'on lui lâche enfin la grappe. Comprenant cependant le sous-entendu, à force de jouer avec le feu cela finirait forcément par lui être fatal. « aleks. garde tes belles paroles. avec moi ça marche pas. ça marche plus. souviens-toi de tout ce que tu m’as dis à santa monica. de l’horreur que t’as vécu à cause de ton putain de père. à cause de cette putain de mafia. souviens-toi ce qu’ils t’ont pris. » Maïa. Prénom qu'il ne prononce pas. Il en a pas besoin, ils se connaissent trop pour ça. Sa vie, son couple. Tout s'était terminé en une nuit. Une gâchette. Obligé de fuir pour tenter de se reconstruire. Clairement un échec aujourd'hui, les années s'étaient écoulées mais il était tout aussi largué, si ce n'est plus. « J'ai pas oublié Brice. Tu sais très bien que c'est le genre de chose qu'on oublie pas. Jamais. » Quand bien même il le voudrait, il sait que c'est impossible, que jamais les actions de son père ne pourrait quitter son esprit. Que la fin tragique de Maïa resterait à jamais ancrer au plus profond de lui.

Aleks se raccroche à ce qu'il peut, prenant soin de lui rappeler le lien qui les uni. Ce lien qu'aucunes tempêtes ne pourraient briser. Parce que quoi qu'il arrive leurs chemins se recroiseraient toujours. Il le veut. Il l'espère. « j’te laisserais pas lui faire de mal. j’te laisserai pas l’atteindre. hors de question qu’elle finisse comme maïa. parce que tant est que sa mort n’est pas de ta faute, celle de arizona le sera. et crois-moi bien quand je te dis que si ça arrive, je ne serai pas là pour t’épauler. crois-moi bien lorsque je te dis que s’il lui arrive quelque chose, même minime, tu seras le seul responsable et ça deviendra une affaire personnelle entre toi et moi. et je ne cesserai de te faire rappeler que tout a été de ta faute. » Il avale difficilement sa salive, son regard ne faisant qu'appuyer ses propos. La fin d'Arizona sonnerait le fin de leur amitié c'était certain. Il n'était de toute façon pas sûre qu'il puisse se relever après une telle épreuve. Une nouvelle perte. « Nos avis divergerons toujours là-dessus. J'aurais pu la quitter à l'époque ça lui aurait sauver la vie. » Maïa l'aurait sans doute détesté, mais elle aurait eu la vie sauve. Il aurait pu également courber l'échine, et rentrer dans le rang directement. S'évitant une lutte qui ne servait apparemment à rien. « Si ça devait se produire j'aurais pas besoin de toi pour me le rappeler. » Elle s'ajouterait à la culpabilité qu'il ressent pour Maïa. Elle n'en serait même que plus grande. La quitter aujourd'hui ne résoudrait rien, on penserait sûrement à une vulgaire mascarade, un moyen de protéger la proie qu'elle était devenue. « elle en a déjà assez bavé dans sa vie pour que tu lui fasses ça. t’étais bien pour elle. tu la méritait parce que tu lui faisais du bien. comme elle te faisait du bien. [...] me laisser être fière de toi, de la personne que t’es devenu après tout ce qu’il s’est passé? » Un soupire s'échappe alors de ses lèvres avant qu'il ne ferme les yeux un instant. Pas besoin que Brice ne lui rappel qu'il avait merdé. Il le savait, depuis le début, et la rechute d'Arizona n'était qu'une allusion constante à ses actes, ses choix. Aleks ne sait pas s'il est au courant. S'il sait qu'elle a renoué avec la poudre. Sa faute. Le revers de la médaille. « Je sais tout ça Brice. Je suis désolé. Tu crois que j'ai pas de remord? » Encore et toujours, à croire qu'il n'était bon qu'à ça. « Tu crois que je sais pas que chaque choix à des conséquences? Que je me suis embourbé dans un merdier sans nom? Que ça m'éloigne un peu plus de vous, du droit chemin. J'étais pas prêt à subir les conséquences, perdre le peu de lumière qui reste. » Il était d'ailleurs pas plus prêt que ça aujourd'hui à assumer ses mensonges. À réaliser que la pomme n'était pas tombé très loin de l'arbre. « saches juste une chose aleks. si tu viens à rejoindre les rangs, y’aura plus d’amitié, plus de fraternité. plus rien. parce que si y’a bien quelque chose qui me dégoûte après les menteurs, c’est bien la mafia. » Son cœur se brise. Le boxeur avait fini par le mettre ko, toutefois, il n'avait pas eu besoin d'utiliser ses poings. Il avait toujours su manier les mots, appuyer où il faut, Aleks n'avait jamais cru en être la victime un jour. « Tu crois que c'est ce que je veux? Je suis tombé si bas que ça dans ton estime Brice? » Néanmoins cette question reste dans un coin de sa tête, la lutte avait-elle encore un sens? Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux pour eux qu'il cède. Coupant alors les ponts pour leurs protections. Sa vie pour la leurs.

Le russe il s'accroche à ce qu'il peut. Cherchant la lumière dans ces ténèbres. Pourtant il erre dans les rues, refourguant pilules et poudres. Un moyen d'éviter son appartement, pas sûr de savoir face à quelle Arizona il pourrait se retrouver. La fissure dans sa famille est bien présente. Le seul à blâmer, tout était parti de lui, de ses mensonges de son trafic. Pourtant il continue, comme incapable de faire marche arrière. Se rapprochant dangereusement de la mafia. Cette lutte constante semblait perdue d'avance. Le diable sur son épaule prenant plus en plus de place, multipliant les murmures au creux de son oreille. Plus de remparts pour le protéger. Son meilleur ami s'était envolé, et à juste raison, ils en avaient bavé, trop. Sa relation avec Arizona ne tenant plus qu'à un fil. Désarmé face à elle il ne peut pas se résoudre à ce que tout prenne fin. Qu'elle se détruise par sa faute. Non il reste dans son sillage pour s'assurer qu'elle n'ira pas trop loin. Cet espoir de la voir revenir à la raison, décrocher. Aleks devrait en faire de même, tant qu'il est encore temps, tant qu'il n'a pas franchi l'ultime barrière. Alternant entre la vente, et la surveillance. Il n'y a désormais plus qu'une chose à laquelle il peut espérer s'agripper. La caserne. Faire le bien, compenser. Espérer un jour retrouver une vie normale. Au lieu de rentrer chez lui, chez eux, il préfère aller se poser dans un bar. Pas n'importe lequel. Santa-Monica. Birmingham. Chaque ville semblait avoir son coin de camé. Ici peut-être plus qu'ailleurs. La ville de la débauche et de la perdition. Il sait qu'il n'aura pas de mal a écoulé ce stock, de quoi assouvir le manque des piliers de bar. Pas le sien. Ses sentiments causeront sa perte. C'était déjà le cas, il était sur la corde raide. Sa famille vacille et il s'enfonce. Cette attente, ce pouvoir qui lui ouvre les bras un peu plus chaque jour.

Assis le russe attend. Attends d'abord son verre puis les clients. Pianotant sur son téléphone il ferait tout aussi bien de se réserver un aller simple pour la première destination proposé. Disparaitre à nouveau. Quitter cette ville, les problèmes. La quitter elle, lui rendre sa liberté. Trop faible. Désarmé quand elle rentre dans l'équation. Cette mort qui était supposée les libérer, les avait au contraire happés dans ce merdier. Venant à craindre ce qu'il serait capable de faire pour protéger ses proches. « pour celui qui ne voulait pas être lié au milieu, on peut dire que c’est raté, n’est-ce pas? » Son regard quitte son écran. Oksana. Il ne l'avait pas entendu arriver, pas la première fois. Elle avait cette capacité à se dissimuler, jouer avec les ombres. Reine des glaces. Il avait eu vent de son histoire, de ce que le parrain lui avait fait. Réel lavage de cerveau pour qu'elle reste au sein de cette organisation. Peut-être que son géniteur avait cru qu'en répétant l'histoire le Russe suivrait les pas de l'Ukrainienne. « Ouais je suppose que je dois avoir ça dans le sang. » Rire jaune. Peut-être qu'il en avait simplement assez de courir, de croire qu'une autre vie était possible. De croire qu'il existait pour lui une porte de sortie. Autre que la mort. « tu sais que tout le monde t’attend la bas. encore plus attendu que le messie. y’en a qui rêvent même de te rencontrer. » Aleks lève les yeux au ciel avant de secouer la tête. Son père s'était donné du mal pour l'entraîner ici, il avait donné sa vie, pour s'assurer que sa progéniture rentre un jour dans le rang. « Pourtant il parait que d'après le vieux je suis une vraie déception. » Des années qu'il n'avait pas remis les pieds chez lui, et il n'en avait pas particulière envie. Il a du mal à comprendre cette fidélité qui perdure après sa mort, il est vrai que son père avait su imposer le respect, la crainte de leur nom. « Qu'est-ce que tu fais en ville? Me dis pas que t'es devenue aussi crédule qu'eux, persuadé que je changerais d'avis. » Non c'était lui qui était crédule. Stupide de croire qu'elle ne lui voudrait que du bien. Stupide de croire qu'il ne finirait pas par céder. Qu'il ne finirait pas par danser avec les ombres lui aussi.

Aleks il a l'impression d'être retourné sept ans en arrière, à la simple différence qu'elle n'était plus cette vulgaire connaissance, elle était devenue bien plus. Celle pour qui il serait prêt à se damner, vendre son âme. Il ne supporte pas de la voir replonger dans ses travers. Le russe en avait assez du propre merdier dans lequel il s'était fourré sans qu'elle ne vienne en rajouter une couche. Ça ne servait à rien l'époque, c'était toujours le cas aujourd'hui. Elle pourrait juste se contenter d'oublier l'espace de quelques minutes, heures. Mais tout finirait par lui revenir en pleine face. Parce que essayer d'enfouir les problèmes n'étaient pas une solution, ils le savaient tous les deux. Pas d'humeur à rire, le sol s'était suffisamment dérobé sous ses pieds comme ça. La scène seule suffit à le faire partir dans les tours. Il était à fleur de peau, les conséquences de ses actes ne cessant de pleuvoir. Mais celle-là était celle de trop. « C'est marrant que t'arrives pas à dire le verbe "se droguer". Pour un dealer, et pas n'importe lequel s'il vous plait, c'est amusant. On dirait une mauvaise blague. » Il arque un sourcil, le regard toujours posé elle. Pas n'importe lequel. Elle semblait désireuse de taper là où ça fait mal. « Tu m'as pris pour qui? Don Corleone? » Loin d'être à la tête d'un empire. Pas encore. Chacune de ses actions ne faisait que l'y pousser encore et encore. Cette comparaison n'est pas tant que ça éloigner de la vérité. Tout comme le fils, il a passé sa vie à fuir les activités criminelles de son père. Resté à savoir si lui aussi finirait par devenir un être impitoyable. Et surtout s'il connaîtrait le même destin funeste. Le dealer craint qu'à force de ne trop se déchirer ils finissent par atteindre le point de non-retour. Tout serait peut-être plus simple. Seulement après tout ce qu'ils avaient traversé il lui semblait impossible d'enfouir à nouveau ses sentiments. Ceux-là mêmes qui le forçaient à s'énerver contre elle, pour avoir rechuté. « Mais tu as raison, je n'aurai pas du. Tout comme tu n'aurais pas du mentir. Recommencer. T'enfoncer. Donc je fais comme toi, et tu penses être en position de me le reprocher? Tu savais que ça allait arriver un jour de toute façon. Je l'ai toujours su, et toi aussi. Toute cette histoire, c'est juste une excuse pour passer le cap Aleks » Il a cette horrible impression que ça lui plait de remuer le couteau. Sans doute parce qu'il n'est pas sûr qu'elle soit apte à avoir une vraie conversation. A quoi bon? Ils en étaient déjà incapables avant la drogue. « On en est rendu là maintenant? A celui qui fera la plus grosse connerie? » Cette foutue situation le dépasse, le met hors de lui. Dans l'incapacité de faire redescendre la pression. Il essaye de faire naître une étincelle, parlant cercueil.

« Super, prends-en deux, il semblerait que tu sois sur une pente dangereuse toi aussi, mais que t'en aies rien à faire. » Restant de marbre assise sur ce foutu canapé elle cherche à le titiller, il passe sa main derrière sa nuque. « Ouais pour le moment j'en ai rien à faire, ma priorité c'est toi. Putin mais t'es déjà trop défoncée pour comprendre, pour que les connexions se fassent? » Foutre le camp. Voilà ce qu'il devrait faire. S'assurer de ne plus être un poids, une menace pour elle, pour lui. Mais voilà, complètement égoïste il ne peut se résoudre à lâcher sa famille. Au plus profond de lui il sait que sans eux il sera foutu. D'ailleurs sa foudre s'abat sur sa came, parce que c'est la seule manière d'extérioriser. Parce que jamais il ne pourrait lever la main sur une femme, surtout pas elle. « Une menace? Non Aleks, c'est une promesse. Et contrairement à toi, je tiens les miennes. » Son regard ne quitte pas le sien. Essayant de faire face à cette nouvelle facette qu'elle lui présentait. « Mais si t'es prête à t'en prendre à moi, c’est peut-être toi qu’ils devraient venir faire chier pour ce putin de trône. » Un brin provocateur puisque de toute façon c'est ce qu'elle semble vouloir. « Franchement. Le but? Il n'y en a pas. Oublier peut-être. Anesthésier. J'étais déjà un cas avant que tu ne débarques dans ma vie Aleks, tu m'as juste mis le coup de grâce. Mais ça va aller, comme d'habitude... je me relèverais mais là, j'ai besoin de ça. » Cette claque alors qu'il cherche à allumer sa clope il ne l'avait pas vue venir, fermant les yeux un instant alors que la fumée s'échappe de ses lèvres. 'tu la méritait parce que tu lui faisais du bien.' Les mots de Brice viennent remuer le couteau déjà bien ancré dans sa chair. « Tu m'as jamais semblé être une cause perdue. T'as besoin de la coke plus que de moi? Tu penses sincèrement que je suis celui qui maintien la tête sous l'eau? » Il la regarde faire les cent pas, des allers-retours devant lui, murer dans le silence, jusqu'à lui saisir le bras, l'arrêter dans cette course folle. « Mais merde regarde-moi Arizona. Tu veux quoi? Que je me casse? » A peine les mots sont prononcés qu'il regrette. Parce que pour la première fois depuis qu'ils sont ensemble il en craint la réponse. Pas sûr qu'il accepterait le oui. Et ce regard qu'il lui lance, celui qui veut tout dire : J'ai besoin de toi. Ramener son père sur le tapis n'est clairement pas la bonne réaction, grosse erreur, mais pas la première. « Tu t'es mis dans le pétrin le jour où tu l'as appelé Aleks. » Elle n'avait pas tort, au contraire, il en avait conscience. Le début des problèmes, l'appel de détresse qui avait permis son retour en force, lui donnant le moyen d'avoir une occasion de le piéger. « J'y suis depuis que j'ai fuis au lieu de devenir un soldat. » Parce que après Maïa il aurait dû se résigner, accepter, tout aurait sans doute était différent, il ne serait jamais arrivé dans sa vie pour la chambouler.

Aleks il essaye de passer le plus de temps possible à la caserne, quand c'est pas le cas il erre dans les rues. Tous les moyens sont bons pour éviter Arizona. Leur appartement. Il a pas envie de la voir entrain de droguer, ou pire encore qu'elle soit déjà complètement défoncée. Il était supposé retrouver sa liberté. Retourné dans le droit de chemin, pas se perdre en route. Le précipice n'est pas loin, il le sent. Sa famille lui tourne le dos, leurs relations s'effilochent, alors au lieu d'essayer de tenter de remonter à la surface, il plonge il s'enfonce. Plus il passe de temps dehors plus il sait qu'il lui sera difficile de rebrousser chemin. Que l'appel du pouvoir est de plus en plus fort. Qu'un jour où l'autre il arrêtera de lutter, qu'il finira par céder, embrassant les ombres et les ténèbres. Adieu les illusions, le masque tombera. Lorsque l'aurore s'apprête enfin à pointer le bout de son nez c'est le signe de la fin de sa nuit de garde. Il espère que sa petite amie sera toujours endormie lorsqu'il passera le pas de la porte. Parce que lorsque cette dernière se lèvera, si elle en capable, pour rejoindre son lieu de travail il aura rejoint les bras de Morphée. Et si ce n'est pas le cas, il n'aura qu'à feindre le sommeil. Il presse le pas, clope au bec. Cependant il s'arrête net. Ce chant, cette voix aura eu le mérite d'attiser sa curiosité. Et pourtant, tous ses sens sont en alerte. Tout le pousse à ne pas attendre que l'inconnue ne quitte les ombres, non il devrait reprendre sa route et rentrer. Cette cible qui se dessine peu à peu dans son dos devrait lui suffire à rester en alerte. Houna. Le peu qu'il connaissait d'elle devrait le pousser à être aux aguets. Il a appris à faire bonne figure, ne pas craquer, ne pas broncher. Face à elle il ne ferait sans l'ombre d'un doute pas le poids. Véritable assassin. Une main de velours dans un gant de fer. Il s'interroge sur ce qu'elle peut bien vouloir de lui. Ennemi du vieux désireux de voir un autre héritier sur le trône? Crime personnel pour y monter elle-même? « crois moi, j'aurais préféré. » Pas là pour affaire, il aurait donc au moins une journée de plus à son actif. Toujours est-il qu'il n'est pas plus avancé que ça sur sa présence, la raison de sa filature.

Il guette chacun de ses mouvements alors qu'elle se rapproche de lui. « tu sais, quand je suis revenue et que les bruits se sont mit à courir j'y croyais pas. j'me disais que les langues étaient trop pendues et que c'était pour ça. » Son père. La rouquine ne serait donc venue le trouver que pour connaître le fin mot de l'histoire. Vérifier que le roi était bien tombé de la main du prince. « T'es venue pour que je te confirme la rumeur? Que je te dise si oui ou non je lui ai fait rendre son dernier souffle? » Il se doute bien que si son père a agi de la sorte c'est pour que Vlad répande des bruits de couloir. Que tout le monde sache que ce n'était plus qu'une question de temps avant que le jeune Russe ne chute, rentre dans le rang. « t'es au courant? » L'espace entre eux est pratiquement réduit. Le regard toujours braqué sur elle il essaye de comprendre. « pour le testament. » Pas le temps de réplique avec une autre question qu'elle continue sur sa lancée, plaquant un papier contre son torse. Il arque un sourcil alors que ses yeux parcourent le précieux sésame. Y lire son propre nom en tant qu'hériter de son foutu royaume ne l'étonne pas, le vieux avait donné sa vie pour espérer le voir sur le trône un jour. Non son attention était attirée sur tout autre chose. Houna Tchernychev. Ses yeux quittent enfin le bout de papier pour les reposer sur elle. « Tu veux que je te dise si j'étais au courant? Notre relation conflictuelle et mon départ de la Russie n'était un secret pour personne. Tu veux que je te confirme la surprise? C'est le cas il m'a toujours dit que t'étais bonne qu'à être sauté. » Elle, mais surtout les femmes en général. Après tout d'après le patriarche l'homme domine, la femme s'incline. « À moins que tu ne sois venue pour me faire disparaitre, que tu puisses récupérer toutes les clefs? » Etait-elle venue lui offrir une porte de sortie? Serait-il surtout prêt à la saisir. Partir. Arrêter les conneries, reprendre le contrôle de sa vie. Enfin. « Tu sais que je veux pas de ça. » Une vie entière à lutter, se battre contre son père, ses convictions, son monde. Plus certain que ce soit le cas aujourd'hui.

Il le sait Aleks. Cette rencontre n’apportera rien de bon. Véritable assassin qu’est cette rouquine. Il reste sur ses gardes, se demandant si enfin quelqu’un avait de choisit de le faire éliminer. De s’assurer que l’héritier ne montera pas sur le trône. Jamais. De rendre cette place vacante au plus méritant. Hymne qui le ramène à ses racines qu’il a tant cherchées à repousser. Toujours à traîner dans les pattes de son père, attendant que ce dernier le laisse enfin tranquille. Il fallait se rendre à l’évidence. Le répit n’arriverait jamais, pas dans cette vie. Avait-elle attendu tapi dans l'ombre que son monde ne s'écroule avant de surgir. Que son meilleur ami l'abandonne à son sort, et que son couple soit sur le fil du rasoir. Cet instant où il pourrait fléchir à chaque seconde. Pas vraiment d'humeur à déblatérer sur la mort de son père, à lui donner des détails croustillant pour assouvir sa curiosité. Et ce bout de papier. Celui qui le rappelle à la mafia. Celle qu'il avait toujours cherché à combattre, gardant pourtant toujours un pied dedans. « ta gueule et lis. » Aucun tact. Semblable à ses souvenirs de la jeune femme. Ses yeux parcourent malgré tout ce manuscrit maudit. Son nom ne le surprend guère, son père avait toujours tout fait pour qu'il prenne sa place. La surprise vient après. En lisant le nom suivant le sien. La surprise est d'autant plus grande qu'il s'agit d'un prénom féminin. Aleks ne se gêne pas pour lui rappeler le côté misogyne de son géniteur. Aussi redoutable puisse-t-elle être, de son point de vue aucune femme ne pouvait être en mesure de diriger quoi que ce soit. Qu'importe que son père ait passé un pacte avec le diable. La présence de ce testament ne changeait rien, cette vie n'était pas pour lui. Si Houna était prête à donner sa vie pour toutes ces conneries grand bien lui fasse, ce n'était pas son cas. « ça y est t'as fini d'te plaindre? » Il arque un sourcil, non, il voulait juste qu'elle lui lâche les baskets et qu'il puisse enfin rentrer chez lui. Aller se coucher, et oublier tout ça. « Non. Ça ne change rien. Je pensais que sa mort aurait rendu les choses claires pour tout le monde. » Qui pouvait réellement avoir envie de le voir régner alors qu'ils pourraient suivre quelqu'un qui respecte les codes. Quelqu'un qui n'aurait pas tué le roi.

« allez, tu sais quoi la première leçon est gratuite. » Il n'a même pas le temps de s'interroger sur cette leçon. Les actes d'Houna parlent d'eux-mêmes. Il ne voit pas venir le coup de botte de sa compatriote qui le fait vaciller. Ni même ce bras qui se ressert autour de sa jugulaire. Il suffirait qu'elle serre un peu plus, un peu plus longtemps pour signer la fin de ses problèmes. Il n'aurait ainsi plus besoin de fuir cette mafia lui courant après. « ton avis n'est pas nécessaire, c'est dans ton sang. t'as été désigné pour régner alors tu vas régner. » Espoir qui s'envole en fumée alors qu'elle le relâche. Genou toujours à terre, il passe une main sur sa gorge. « Pourtant je t'offrais les clefs du royaume tout entier. » Il finit alors par se relever la regardant s'éloigner. Plutôt surpris de voir qu'elle tient à respecter les volontés du vieux, partager le pouvoir. « suis moi l'enfant roi, tes soldats t'attendent. oh et me force pas à te kidnapper t'as sûrement pas oublié que les poisons étaient ma spécialité. » L'hésitation prend place quelques instants dans son esprit. Il connaissait effectivement ses talents. Ses aptitudes avaient été vantées avec mérite avant que la rencontre n'ait lieu en Russie. Avant que le contrat ne soit donné. Il ne craint pas ce qu'elle pourrait lui faire, sans doute à tort, cela fait bien longtemps qu'il ne craint plus la mort. Non ce qui le fait céder, et avancer est tout autre. Arizona. Brice. Parce qu'il ne supporterait pas qu'il leur arrive quelque chose. « Mon père a pas réussi, qu'est-ce qui te fait croire que tu pourras me faire plier? » Se retenant d'ajouter qu'il n'a que faire de ces soldats et de leurs sorts. Que les rencontrer ne changerait en rien son ressenti. Pas son problème s'ils étaient stupides au point de vénérer un nom. De courir derrière une chimère.

Aleks a du mal à gérer la situation, faire face à ce qui lui échappe. Voir Arizona se préparer son rail de coke le fait vriller. La voir retomber dans ses travers. Il essaye de trouver une explication, comprendre comment elle a pu se laisser aller, éviter de se dire que tout était entièrement sa faute. Si le russe n'est pas d'humeur à plaisanter, cela ne semble pas être réciproque pour sa compagne. Pire elle semble même prendre du plaisir à le piquer. « Non, mais un Heinsenberg en puissance.  La mafia russe est à tes pieds et tu prétends ne pas être important? Que tu le veuilles ou non, tu l’es. On serait pas dans ce merdier sinon. » Elle marquait un point, celui qui avait tout fait pour sa famille tout en perdant son intégrité en chemin avait fini par se retrouver seul. Et avec Brice hors du tableau il empruntait le même chemin. « Peut-être bien. Mais tu sais tout aussi bien que moi que j'ai rien demandé. » Il y avait suffisamment de tensions entre eux sans que Aleks n'en rajoute une couche en abordant cette baby-sitter que son père avait pris soin de lui coller dans les pattes. De s'assurer que cette rouquine continuerait l'oeuvre de 'sa vie'. A quoi bon confesser que les problèmes étaient présents, si ce n'est plus important. Il la connait, elle s'en doute. Cela ne faisait que les éloigner un peu plus. Se demandant même si aujourd'hui ils n'en étaient pas arrivés à chercher ce qui pourrait leur faire du mal. Trouver de quoi blesser l'autre. « Non, on compte pas les points, je t’explique simplement ce qu’il en est. On savait très bien que je replongerais un beau matin. Il s’avère que c’était plus tôt que je l’imaginais. Et puis au moins, je suis honnête. Camée mais tu sais ce qu’il en ait. J’aurai pu le faire en douce; J'ai un certain talent pour le mensonge. » Nouvelle pique. Petit rappel pour les cachoteries qu'il lui avait faites. « T'aurais pu sniffer en cachette, mais ça aurait fini par se voir. » Parce que l'état dans lequel elle se trouve actuellement, sans même la présence de la poudre lui aurait mis la puce à l'oreille. Il aurait peut-être eu besoin de plus de temps, mais il aurait fini par le découvrir. « Ah, ta priorité. Ravie de savoir que tu viens de réévaluer l’ordre des tiennes, et que j’arrive à passer devant l’Empire. » Il secoue alors la tête, il la savait borner, mais la cocaïne ne faisait qu'intensifier ce trait de sa personnalité. « Je l'ai pas réévalué ça a toujours été le cas. » Vérité. L'Australienne passait toujours en premier, ça serait sûrement toujours le cas. Il a l'impression de perdre réellement pied, il essaye de se calmer comme il le peut. Main derrière la nuque. Nicotine. Tout est bon pour essayer d'apaiser les tensions. De faire redescendre la pression. Balancer sa came semble être un bon moyen de le faire. « Non, tout va bien. J'ai jamais aussi bien travaillé si tu veux tout savoir. » Quoi répondre à ça? Regard noir, il lui propose alors son trône alors qu'elle semble prête à le menacer pour s'il devait un jour l'empêcher de se défoncer. « Non merci, il est tout à toi. J’ai déjà trop perdu pour que tu puisses l’avoir et visiblement, il semblerait que cela ne termine si je te perds toi aussi définitivement. Parce que les deux ne sont pas compatibles. » Effectivement tous les moyens étaient bons pour le faire flancher, et le meilleur moyen de l'atteindre resterait sans l'ombre d'un doute Arizona. Parce qu'il ne reculerait devant rien pour s'assurer de sa protection. Quitte à enfin passer de l'autre côté. « Tu me perdras pas Arizona. » Il aimerait en être convaincu, lui dire qu'il sait ce qu'il fait. La vérité c'était qu'il s'était complètement perdu en chemin.

Sa faute. Le coup de massue auquel il ne s'attendait pas. Elle avait enchaîné les coups pour réussir à le mettre ko. « Pas une cause perdue? T’as pas du faire bien attention à ce que j’ai pu te raconter alors.. Non, je suis une grande fille, je me mets dans la merde toute seule. Tu me maintiendrais la tête dans l’eau, j’aurai déjà déguerpi. » Il avait du mal à être de son avis, malgré toutes les épreuves, tout ce qu'elle avait subi elle avait réussi à s'en sortir, elle avait même réussi à envoyer son vieux derrière les barreaux, le faire payer pour le crime qu'il avait commis. Pour la mort de sa soeur. « Moi je pense que c'est juste plus facile pour toi de penser ça. Tu veux quoi rejoindre ta soeur? » A son tour de la piquer au vif, de chercher à provoquer une réaction chez elle. « Mais tu peux être soulagé, si tu continu comme ça tu finiras pas comme Maïa. » Elle n'aura pas besoin d'une balle dans la tête pour rendre l'âme. Non la coke serait son seul poison. Finalement la voir aller se chercher de l'eau avant d'enchaîner les allers-retours sans parler le rend ouf. Il supporte pas de la voir agir de la sorte. Si bien qu'il finit par l'arrêter, la stopper net, lui saisissant le bras de façon à ce qu'elle lui fasse enfin face. Lui posant l'ultime question. A savoir s'ils devaient en rester là. S'il en était fini d'eux. « Tu veux que je te dise quoi? Que je vais arrêter? [...] Mais j’y arrive plus Aleks. Je suis fatiguée d’avoir a me battre contre toi, contre ces sangsues qui te courent après et surtout contre moi. Donc j’ai craqué. » Il essaye de prendre sur lui, de ne pas laisser les émotions le submerger. Lèvres serrées il lui tient toujours le bras à croire qu'il a peur de la voir changer d'avis. S'enfuir. « Tu sais bien que c'est un écran de fumée, ça t'aide en rien. Je veux que t'arrêtes pas pour me faire plaisir mais pour toi. Tu crois que tu comptes pas? Mais il est là tout le problème Arizona. Pourquoi je devrais continuer à me battre alors que tu le fais bien remarquer ils sont toujours là, ils seront toujours là. Tu veux pas être celle qui reste, mais tu crois que ça m'achèvera pas de te perdre toi aussi? Tu veux que je t'apprenne un truc? C'est mes sentiments pour toi qui vont causer ma perte. Parce que si pour te protéger faut que je rende les armes je le ferais. Parce que si je dois te perdre pour m'assurer que tu survives je le ferais. Parce que je préfère que tu me haïsses, que Brice me haïsse que d'assister à vos funérailles. Je m'en relèverais pas. » Il relâche peu à peu la pression de sa main sur son avant-bras. Il avale difficilement sa salive, il voudrait suspendre le temps, la prendre dans ses bras. Tout oublié l'espace de quelques secondes. Oublier que tout s'écroule. « Si j'étais pas si égoïste je te laisserais tranquille, le problème c'est que j'en ai ni la force ni l'envie. J'ai trop besoin de toi pour accepter que tu te détruises. » Son dernier rempart. Ce pilier auquel il s'accroche de toutes ses forces pour ne pas sombrer. Et ça malgré les tornades qui les assaillent.

La tournure que prend leur relation le bouffe. Brice c'est sa moitié celui qui était arrivé dans sa vie au moment où il en avait eu le plus besoin. Celui qui lui avait permis de sortir la tête de l'eau. A se reconstruire après la perte de Maïa. Celui qui lui avait donné la force de continuer à se battre. Aujourd’hui tout semblait voler en éclats. Il sait que son retour dans les affaires n’est pas bon pour eux, pour Arizona. Parce que quoi il arrive son simple nom fera courir un risque aux deux personnes qui comptent le plus pour lui. Et il sait. Il sait que son ami sera cette bête noire sur son épaule s’il devait arriver malheur à l’Australienne. Que cette fois il serait là pour lui maintenir la tête sous l’eau et non l’inverse. Pas sûr qu’il veuille s’en sortir dans une telle situation. « oh, mais je sais que t’auras pas besoin de moi. mais moi par contre, j’aurai ce plaisir de te voir au bord du gouffre. je serais toujours là aleks. mais plus pour les bonnes raisons. » Ce sentiment qu’il a que les choses ne s’arrangeront pas le ronge. Main posée sur ce verre qu’il ne boit pas. Pas d’humeur. Le russe se pince les lèvres. Il a juste envie de s’allumer une cigarette. Impossible. Interdit dans ce lieu clos. Il aimerait surtout que tout se règle en une vulgaire poignée de main. Utopie.

Non il le sait. Tous les choix ont des conséquences. Il ne faisait qu’affronter les siennes un peu plus chaque jour. Plongé dans cette spirale infernale. Tic tac. Le bruit de cette aiguille se fait de plus en plus présente dans son esprit. Aleks s'était lancé dans une course contre la montre qu'il ne pouvait tout simplement pas gagner. Le geste qui aurait dû le libérer n'avait fait que l'entraîner un peu plus dans cet engrenage. Tic tac. Les soldats attendants patiemment qu'ils prennent la relève. « et on devrait peut-être te plaindre? tous les choix que tu as fais jusqu’a aujourd’hui, ce sont les tiens, pas les nôtres! [...] bien trop facile de jouer cette carte là alors que tu connaissais les conséquences de tes actes. » Le russe soupire instant alors que son regard est toujours posé sur l'écossais. Sans doute avait-il raison, sans sa reprise dans les affaires il n'en serait pas là aujourd'hui. S'il s'était contenté de faire profil bas on aurait peut-être fini par le laisser vivre la vie qu'il avait choisie. Une vie loin de la mafia. « Je te demande pas de me plaindre. J'assume. Mais dis-mois, t'y crois à la liberté dans ce milieu? » Main qu'il finit par glisser dans la poche de sa veste afin d'en sortir ce bout de papier défraichi. Celui que Houna lui a balancé et qu'il a gardé. Foutu testament. Nom couché sur le papier. Nouvelle baby-sitter. Foutu diable à la tignasse de feu. Son paternel n'avait pas fait les choses à moitié. Jamais. « Il a toujours tout planifié. Je joue une putin de partie perdue d'avance Brice. » Aleks n'est plus sûr que tout ça ait encore un sens. Que ça vaille encore le coup de s'acharner pour sa liberté. « tu sais très bien que si tu mets les pieds dedans, t’en ressortiras plus. tu connais ça beaucoup mieux que moi. t’es faible, aleks. t’as jamais été aussi faible que depuis ton arrivée dans cette ville. » Encore une fois Brice avait raison, en même temps il le connaissait bien. Cette ville était bien trop sombre pour eux, elle semblait faire ressortir le pire en chacun et surtout s'y plaire. L'enfer sur terre. « Sûrement. Parce qu'à force d'être ici je finis par me dire que je ferais tout aussi bien de faire comme Azra et rentrer dans le rang. » Il sait que Brice comprendra de qui il veut parler, cette amie dont il lui avait parlé de nombreuses reprises qui comme lui avaient cherché à fuir, mais qui aujourd'hui travailler avec son père. Elle s'était résignée, il devrait peut-être en faire de même. Plus simple pour tout le monde. Aleks ignore juste à quel point les deux se connaissent.

Aleks il ne sait plus vraiment ce qu’il fait, enchaînant les mauvais choix. Les faux pas. Sa présence dans cette boîte de nuit en étant un autre. Le qg de la bratva. Royaume pourri qui l’attend. Son périple en enfer continu doucement. Voie toute tracée, pratiquement prêt à rejoindre sa nounou. Ses soldats. Ceux qui attendent enfin de le voir accepter la place qui l’attend. Héritage qu’il a longtemps repoussé. Pourtant aujourd’hui il a du mal à trouver des raisons de ne pas flancher. La vie qu’il avait eu tant de mal à construire était en train de partir en lambeau. Seul fautif de l’histoire. Au lieu de se terrer dans ses mensonges il aurait dû appeler au secours. Encore. Il aimerait croire qu’une autre issue est possible. Une porte de secours. Il voudrait surtout ne plus en être à appréhender de croiser sa compagne. De ne plus attendre afin d’être sûre qu’elle soit endormie pour rentrer. Plongé sur son téléphone, attendant de refiler sa came, il ne s’attend pas à ce visage du passé. Il ne l’avait pas revu depuis la mort de l’exécution de Maïa. Le russe avait du mal à comprendre comment elle avait pu rester fidèle à son paternel après ce qu’il lui avait fait subir. « c’est pas comme si que tu as été baigné dans ça. » Le petit prince qui avait toujours crié haut et fort ne pas vouloir de cette vie avait fini par aller à l’encontre de ses principes. « Je suis pas sûr que ce soit vraiment une excuse. » Il avait bien réussi à tenir plus de vingt ans avec un peu de bonne volonté il pourrait remettre tout ça derrière lui, en avait-il seulement envie. Il la regarde s’installer à ses côtés alors qu’il range son téléphone. « depuis quand tu te soucis de ce qu’il peut bien penser de toi? j’suis presque sûre qu’il ne tient plus le même discours depuis que t’as osé lui foutre une balle. » Il secoue légèrement la tête alors qu’un léger rire s’échappe de ses lèvres. « J’m’en suis jamais soucié. Et j’en serais pas aussi sur, s’il le pouvait je suis persuadé qu’il viendrait me dire qu’il n’aurait pas fait ça comme ça. » Non connaissant le vieux il aurait pris plus de plaisir. Torturer sa victime avant de lui accorder le coup de grâce. « sérieux, qu’est-ce qu’il t’a pris? tu te doutais bien qu’en faisant ça, tout le monde attendait ton retour? » Effectivement. Lorsque quelqu’un assassinait le roi s’était pour en prendre sa place. Pas pour espérer regagner sa liberté. « Il était hors de question que l'histoire se répète, c'était le seul moyen pour le faire sortir définitivement de ma vie. » Arizona, un vulgaire pion dans le jeu de son père, pourtant il ne regrettait pas son geste. Cette fin son paternel l'avait mérité.

Quoi qu'il en soit il s'interroge sur les raisons de sa présence en ville. Ça ne l'étonne pas plus que ça qu'elle l'ait retrouvé, ce n'était pas la première fois que ça se produisait. Il se demande si elle aussi pense qu'il finira par rejoindre les rangs, accepter son destin. « j’pense que tu mérites cette place. parce qu’avec toi dans les rangs, tout changera. la vie d’après, le renouveau. l’espoir d’une vie meilleure pour ceux et celles qui ont été dans la même galère que moi, et qui y sont toujours. » Il arque un sourcil, le regard toujours posé sur elle. Dans un sens il peut la comprendre, il n'était pas son père. « Bah bien sûr on me laisserait faire ce que je veux. Ça n'a jamais été le cas je doute que ça change. Le vieux tenait juste à ce que son nom reste à la tête de son empire. » Il avait tout prévu comme toujours, sans ça il n'aura pas Houna dans les pattes. La rouquine était là pour remplacer son géniteur. Pour s'assurer que les soldats continueraient de filer droit. « mais non, j’viens pas pour ça. du moins, pour le moment. j’te forcerais pas à faire c’que t’as pas envie de faire. mais t’imagine bien que mon boulot est de te faire revenir à la raison.. » Aleks il essaye même pas de scruter ses émotions, elle était cette reine des glaces. Celle sur qui le roi aurait aimé que son fils prenne exemple. « Revenir à la raison ce serait d'arrêter toutes ces conneries. Pas de monter sur le trône. » Il le sait, il faudrait qu'il stop tout ça, qu'il s'éloigne de ce milieu, se range. Apportant ainsi une vraie protection à ses proches, sa famille. « bon, on se les bois, ces pintes? on a beaucoup à rattraper toi et moi, et crois-moi que je compte pas partir de si tôt. » Aleks il se contente d'acquiescer, il la regarde se commander un verre alors que le sien est déjà présent devant lui. « Effectivement en huit ans il a du se passer des choses. Tu les as passés en Russie? » Avait-elle continué de rester fidèle au pouvoir après son départ, après la mort de Maïa, après sa fuite. Sa tentative de se construire une vie loin de la mafia.