rp aleks (damaged people).

Au fond du trou, voilà où se trouvait Aleks en ce moment. Brice avait disparu de la circulation depuis leur dernière conversation. Ce qui en soi n'était pas réellement une surprise, il savait que son meilleur ami avait horreur de la mafia, il en avait bavé à cause d'eux, l'obligeant à quitter l'Ecosse. Aleks aussi avait connu l'exil, et pourtant voilà qu'aujourd'hui il erre dans ce qg. Plus de bromance sur laquelle se reposer, s'appuyer. Quant à son couple, les beaux jours étaient loin, l'amour qu'ils se portaient les amenait à se déchirer depuis que la drogue, et la bratva faisait partie de leur histoire. Il serait sans doute mieux pour eux de tout stopper, arrêter le massacre avant que ça n'aille trop loin, tant que la situation ne s'arrange pas. Seulement Aleks ne peut pas, il a trop besoin d'elle, de la lueur d'espoir qu'elle continue malgré tout d'être. Son phare dans les ténèbres, celle qui lui permettrait de retrouver la raison. La tache étant cependant un peu plus dure chaque jour. Pourtant il n'arrêtait pas de traîner dans cette boîte, voyant les clients défiler que ce soit pour passer du bon temps ou tout simplement pour des activités moins légales. Et alors qu'il entrain de boire une bière tout en fumant une clope, il s'interroge en voyant les irlandais débarquer et discuter. Son père aurait-il accepté ce genre d'alliance? Pas sans avoir une idée derrière la tête, un moyen de les évincer au bout moment. Il secoue la tête préférant chasser le parrain de son esprit. « Azraël est devenue un problème. » Il fronce les sourcils, se redresse dans son fauteuil à l'entente du prénom de son amie. Qu'est-ce que la turque avait bien pu faire pour foutre les celtes en rogne. « Il faut agir, maintenant. [...] Le feu. [...] Oeil pour oeil, dent pour dent. » Le peu qu'il arrive a entendre ne présage rien de bon, il soupire, écrase son mégot avant de prendre sa veste pour sortir, portable en main il compose le numéro de la jeune femme. Répondeur. Encore. Comme depuis des semaines maintenant. « Putin mais tu peux pas pour une fois décrocher ton putin de portable Azra. » Message laissé il grimpe dans sa voiture direction Moseley.

Plus il s'enfonce dans le quartier plus il réalise son erreur, se pointer ici, seul n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, pas depuis que son implication avec les siens était connue. Il s'arrête un instant, de façon à tenter de rappeler la jeune femme, de vaincre cette course contre la montre. « T'es où? J'dois te voir maintenant, c'est l'enfer ici. » Complètement paumé il est pas sûr d'où il peut la trouver. Il soupire alors qu'un type s'approche de sa voiture, et se met à nettoyer son pare-brise. « Sérieusement? J'ai rien demandé et j'ai pas le temps. » Le russe arque un sourcil, tout en sortant de sa voiture. « Tu viens pas souvent ici toi? Ça te fera dix balles. » Un rire nerveux s'échappe des lippes du russe. « C'est pas supposé te faire rire, si tu veux pouvoir repartir tu payes. » Aleks le toise de haut en bas tout en regardant les alentours, proie facile, les types autours étaient sûrement tous armés. « Trêve de plaisanterie, je suis là pour Azraël. Je dois lui parler. » Cette fois c'est l'inconnu qui lui fait face qui le toise de haut en bas, avant d'échanger par téléphone en turc, prêt a dégainer. « Tu lui veux quoi? » Il ignore si à l'autre bout du fil il s'agit de son amie, ou un autre de ses hommes de main, ou pire encore s'il s'agit de Lucifer en personne. « Rien qui concerne le bas de la chaîne alimentaire. » Jouer avec le feu, encore et toujours, pas la meilleure chose à faire, surtout pas lorsqu'en guise de réponse on se retrouve braqué de tous les côtés. Il ne bronche pas, un seul coup suffirait à lui faire rendre son dernier souffle. « Alekskei mon garçon ce n'est pas une manière de se comporter. Le pouvoir ne te serait pas monté à la tête? » Lucifer en personne, ça c'était une rencontre à laquelle il ne s'attendait pas. Regard toujours posé sur l'homme tenant l'arme face à lui. « Je suis flatté j'ai droit au roi en personne. Je vais très bien. J'ai besoin de voir Azra. En privé. » Finalement son regard se porte sur Lucifer. « Ce n'est pas ce qu'il se raconte petit prince. Patience, je dois vérifier que tu n'es pas une menace. » Puis avant même de pouvoir le réaliser il se retrouve plaqué sur le capot de sa voiture, s'assurant que le russe n'était pas armé.

Il a suffisamment de soucis en tête sans que l'univers décide d'en remettre une couche en ramenant Kayla sur sa route. De son point de vue elle était à l'origine de sa descente aux enfers. Pourtant il était le seul coupable, il aurait dû arrêter son trafic depuis longtemps en Californie, sans ça elle n'aurait eu aucun moyen de remonter sa piste, et clairement il n'aura pas eu à tuer son père avant de fuir dans cette ville maudite. « Il s’est pas tiré, vous lui avez vendu de la drogue, ce qui l’a tué. Vous connaissez le concept de l’overdose? Votre compagne va bien? » Pas de doute elle savait appuyer là où ça fait mal, en réalité il n'en avait jamais douté, c'était le cas depuis leur rencontre. « Je vois toujours pas ce que vous voulez dire. Elle va très bien, merci de vous souciez d'elle. » Clairement Arizona n'allait pas bien, elle venait tout juste d'apprendre que son petit ami n'avait pas arrêté de vendre de la drogue, ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne parte à la dérive elle aussi. Le russe a beau essayé de la piquer sur sa présence en ville, sur une bourde que la jeune femme aurait pu commettre, mais au lieu de ça il préfère l'ignorer parce que ses histoires de flics c'est le dernier de ses problèmes. Elle avait surement mérité d'être rétrogradée et terminer dans ce bled. « Non, merci. Je préfère les hommes. » Un rire s'échappe alors de ses lèvres, clairement il est loin d'être vexé, bien au contraire. Elle aussi était loin d'être son genre. Non il préfère pas relancer le sujet, il est plutôt préoccupé par la suite de la conversation. Son père. Sa mort. Il est persuadé que rien ne peut le relier au meurtre sans ça il serait déjà entrain de passer le reste de ses jours dans une cellule. Pour autant il préfère mentir, faire comme s'il ne l'avait pas vu depuis des années maintenant. « Ah, pourtant la technologie dit l’inverse. Mais bon, j’en ai rien à faire à vrai dire. Et puis, il ne peut plus rien pour vous maintenant, n’est-ce pas? » A croire qu'elle avait fait le plein d'information avant de venir. C'est du moins ce que la tournure de sa phrase laissait entendre. Elle était au courant de la fin de son vieux. « On peut pas dire qu'il a déjà été là pour moi. » C'était même plutôt le contraire, la seule fois où il aurait pu être présent pour son fils, l'aider sans sourciller, sans vouloir quelque chose en retour, il avait agi certes, mais il avait voulu quelque chose de plus. Comme à chaque fois, il avait voulu que son fils devienne un soldat, son soldat. Et à défaut de réussir il avait préféré le transformer en tueur. Faisant en sorte que le sang présent sur les mains du russe ne le fasse dévier, l'amène enfin vers sa destinée.

Ces derniers temps tout étaient réellement partis en live, plus d'ami sur lequel se retourner, pas non plus de petite amie sur laquelle se reposer. Ils étaient devenus des inconnus l'un pour l'autre. Elle s'était plongée dans la drogue pour oublier, alors qu'il s'était dangereusement rapproché de la bratva. De la place qui l'attendait. Trop tard pour se retourner désormais. La seule chose positive c'est qu'il avait pu connaître le sort que souhaiter réserver les Irlandais à son amie Azraël. Seulement son implication pour s'assurer de la survie de la turque était tout bonnement le rappel qu'il était allait trop loin. Sans même le réaliser il faisait partie intégrante de ce qu'il avait toujours cherché à fuir. De cet héritage qu'il avait toujours refusé. Celui qui lui pourrissait la vie. Il va de soi que se rendre dans le quartier turc de la sorte était loin d'être une bonne chose, encore une fois il avait suivi son coeur au lieu de suivre sa tête. Clairement c'était le genre de détail qui pourrait lui valoir des représailles, qu'importent son nom et son statut, il avait balancé une vendetta en préparation. Loin d'être une trahison du point de vue du Russe, il s'était contenté de protéger sa famille, celle qui comptait réellement à ses yeux, qui compterait toujours qu'importe à quel point ça pouvait aller mal. Pas de changement pour sa fidélité. Pourtant il ignore. il ignore s'il a été suffisamment discret, s'il a été aperçu en territoire ennemi, et surtout s'il a été vu en compagnie de cet ange de la mort. Cette concurrente qui n'en était pas une à ses yeux. Alors il est là, clope à la main, tournant en rond dans son salon. Il a merdé. Encore. Et il refuse que ça se répercute sur Arizona. Il se fout de ce qu'ils sont en ce moment. Parce que c'était elle. Celle pour qui il était prêt à se damner, chose qu'il avait pratiquement fait. Il l'aime, il le sent au plus profond de ses entrailles, mais rien n'y fait. Il n'arrive pas à la faire quitter sa spirale infernale, à ce qu'elle laisse ses démons derrière elle. A l'aider à sortir la tête de l'eau, il en est incapable alors qu'il s'est lui-même perdu. Son père. Le début de la chute. Il se tourne en entendant la porte d'entrée, son coeur ratant un battement lorsque son regard plonge dans celui de l'Australienne. « Qu'est-ce qu'il se passe? » Son regard se crispe, il tire sur sa clope, plus moyen de faire marche arrière. Trop tard. « On se la joue carte sur tables? » Cette conversation comme toutes celles qu'ils ont eues, il l'appréhende, il craint que ce soit celle de trop, que tout se brise, qu'elle lui file entre les doigts sans qu'il ne puisse la rattraper. « T'es en capacité de comprendre ce qui se passe? » Pas d'agression de sa part, il a besoin de savoir, besoin de connaître quand elle s'est défoncée pour la dernière fois, si elle est en capacité d'avoir une conversation sérieuse. Ou tout du moins si elle capable d'écouter. De comprendre. Il avait besoin d'elle tout simplement, de plonger dans ses grands yeux, de se dire que tout ira bien, de sentir chez lui, cela fait bien trop longtemps que ce n'est plus le cas.

Le russe est complètement largué, il a enchaîné les faux pas au point d'atteindre le point de non-retour. Bien qu'absent dans sa vie depuis quelques semaines maintenant il ne peut s'empêcher d'entendre la voix de celui qu'il considère toujours comme son meilleur ami résonnait dans sa tête. Il l'avait prévenu. Se sortir d'affaire sans encombre ne serait pas chose aisée, pas alors qu'il venait d'empêcher une vendetta. Qu'il avait agi contre sa propre mafia. Il avait beau vouloir rester en retrait il y avait des règles, il le savait, il avait baigné dedans. Une trahison pure et dure. Pas de papa pour lui sauver le cul cette fois. Il peut juste se contenter de prier pour que son intervention reste inconnue. Leader ou pas, il y aurait des représailles. Alors il essaye de se repasser le déroulement de la journée en tête, mais voilà il avait agi dans la précipitation, dans la crainte d'arriver trop tard pour venir en aide à Azra, si bien qu'il n'avait pas prêté attention aux environs, aux détails. Qu'il ne s'était pas assuré que la voie serait libre. Perdu dans ses pensées il appréhende le retour de sa compagne à la maison, l'un et l'autre faisaient tout pour passer le plus de temps possible loin de ces murs. De leur foyer. Il en a assez de se battre avec elle. Lorsqu'ils se font enfin face il sait qu'il doit faire face à ses responsabilités. Il s'était promis de ne plus la mettre en danger, de la laisser dans l'ignorance. Arizona devait savoir, elle était une proie, la plus importante. « Euh, .. ok. » Sa surprise ne peut pas l'étonner, on peut pas réellement dire qu'ils avaient joué la carte de la sincérité depuis un moment. Les seules fois où la vérité avait éclaté, c'est tout bonnement parce qu'ils étaient devant le fait accompli. Ce qui ne les avait pas empêchés de camper sur les positions. Il ne voulait pas de ça, pas maintenant. « La drogue rend pas débile, mais bon. Je t'écoute. » Il sent qu'il l'a piqué au vif avec sa remarque, il se pince doucement les lèvres alors qu'il la regarde s'installer sur le canapé. « Peut-être mais j'ai besoin que tu sois toi. » Il avait besoin de la jeune femme dont il était tombé amoureux, de celle qui l'écouterait. « Ok. » Dernière taffe, il écrase son mégot dans le cendrier, il se passe une main sur le visage, avant de prendre place sur la table basse de façon à faire face à l'Australienne lui saisissant les mains. « Je vais pas tourner autour du pot Ari. Je suis dedans, je suis dedans jusqu'au cou. Je voulais pas l'admettre mais avec ce qui s'est passé aujourd'hui je peux plus fermer les yeux. Je me suis réfugié là-bas pour pas me prendre la tête avec toi. » Un endroit pour boire et passer le temps comme tant d'autres et pourtant son choix s'était bel et bien posé sur le qg de la bratva, ce qg rempli de soldat ou personne ne lui prendrait la tête pour les mauvais choix qu'il venait de faire. « J'ai fait un truc aujourd'hui Arizona, et je sais pas si y aura des conséquences parce que j'ai agi dans la précipitation. Et on a beau être en train de se déchirer tous les deux tu restes encore et toujours le meilleur moyen de m'atteindre. » Il préfère se dire que si ses actes étaient révélés il serait le seul à en payer le prix, assumer les conséquences de ses actes. Il veut la prévenir, il veut qu'elle fasse attention parce qu'il ne sera pas toujours la protéger. Et puis il fallait être honnête, dernièrement il était loin d'agir de la sorte, non il s'était plutôt contenté de dessiner une cible dans son dos.

Aleks réalise rapidement son erreur, se rendre dans ce quartier de cette manière sans prendre le temps d’assurer ses arrières n’était sûrement pas la meilleure des choses à faire. Pas alors qu’il avait pratiquement embrassé son destin. Mais c’est plus fort que lui, il peut pas se permettre d’attendre que la jeune femme daigne répondre enfin à son portable. Alors il est là. A se prendre la tête avec ce mec qui vient de profiter de son arrêt pour s’occuper de son pare-brise. Ça l’agace parce qu’il n’a pas de temps à perdre. Tout s’enchaîne alors très vite, et avant même qu’il ne puisse le réaliser les armes sont sorties, pointées sur lui. Lucifer ne tarde d’ailleurs pas a les rejoindre. Laissant place à une nouvelle joute verbale. L’objectif du russe est clair. Il était venu pour voir Azra. Hors de question de rebrousser chemin tant que ce serait pas fait. Rapidement plaqué contre sa voiture par un homme qui le fouille, tandis qu’un autre fait le tour de sa voiture. Le russe se retient de dire ce qu’il en pense. Lucifer connaissant l’affection qu’il portait à sa fille. Aussi stupide soit-il, il peut comprendre, il pourrait être un bon moyen de l’atteindre. « Azraël, Alekskei est ici pour te voir. Tu veux ajouter quelque chose ? » Le jeune reporte son attention sur le patriarche qui vient d’être rejoint par sa fille. Un soulagement l’envahit de la découvrir en vie. « Nope. » Effectivement c’était le silence radio depuis des semaines. Il aurait presque envie de s’énerver sur elle pour avoir joué la morte. « Tu n'es pas censé avoir un rendez-vous ? » Fouille terminée, pas d'armes à l'horizon, pas de quoi se dire qu'il était venu pour autre chose que parler. Si on lâche les armes n'en restent pas moins braquer sur lui, tout le monde attendant la décision du chef. A croire que le vieil ami de son père songe à profiter de l'occasion pour éliminer la concurrence. « Et ce n'est pas vraiment une manière de traiter mon invité. » Un regard suffit pour que les armes disparaissent du tableau, au moins il pourrait peut-être repartir en vie de ce quartier.

« Je t'en pris assis-toi. » Aleks se fait pas prier pour suivre la turque, s'éloignant alors un peu. Un petit sourire en coin se glisse sur ses lèvres alors qu'il découvre le contraste avec la scène venant de se produire, cette table et ce thé les attendant. Assis face à la jeune femme il sent toujours le regard de Lucifer, de ses hommes braqués sur eux, sur lui. « Qu'est-ce que tu voulais me dire ? » Les bras posés sur la table il jette un coup d'oeil aux alentours avant de reporter son attention sur son amie. « T'as foutu quoi de ton portable je t'ai appelé pendant des heures, ça m'aurais évité cet accueil fort sympathique. » Bien sûr il était le seul à plaindre, il aurait peut-être dû éviter de monter dans les tours. « T'as foutu quoi pour foutre les Irlandais en rogne? Ça a un rapport avec ta disparition soudaine? » Il n'y passe pas par quatre chemins, il a besoin de savoir ce qu'elle a fait, pourquoi ils veulent sa peau. Et puis le temps presse il n'a pas vraiment envie d'en perdre à parler du beau temps. Puis il arque un sourcil, le feu. « C'était toi? T'as tout fait péter? Il t'est passé quoi par la tête? Ils ont prévu de se venger, ils veulent ta peau. » Il boit alors une gorgée de son thé avant de secouer la tête. « C'est pour ça que je suis là Azra. Ton père a beau me rappeler que je suis pas chez moi, tu seras jamais une ennemie à mes yeux. Je peux pas laisser une vendetta se programmer contre toi. » Qu’importe si ça se sait, si ça retourne contre lui. Territoire ennemi ou pas, elle était toujours cette fille avec qui il avait refait le monde, celle avec qui il aspirait à autre chose. Une vie meilleure, loin de toutes ses conneries. Vague souvenir de ce qu’ils étaient finalement devenu. Sans doute ne serait-il jamais prêt à jouer les vraies règles du jeu. Son père avait raison, trop faible pour se soucier d’autre chose que des siens.

Il a le cerveau en ébullition, il essaye de réfléchir à ce qui s’est passe aujourd’hui. Et alors que Arizona lui fait fasse il a l’impression que son cœur va sortir de sa poitrine. Parce que cette conversation qui arrive ne lui dit rien qui vaille. Cette conversation il l’appréhende depuis qu’elle sait qu’il a repris ses activités. Depuis que le fossé s’est creusé entre eux. Il essaye de savourer cet instant, celui où il plonge son regard dans le sien. Moment qu’il aimerait arrêter. Profiter de ce moment tendresse. Mais c’est pas possible, les secondes continues de s’écouler. « Prendre de la drogue ne rend ni débile, ni schizophrène. Mais bonne nouvelle, c'est moi. » Il lève les yeux au ciel. Cette dispute qui se prépare il n’en veut pas. Il en a marre de se prendre la tête avec elle au sujet de la drogue. De la mafia. Il préfère ne pas relever. Passer outre. Le pire reste encore à venir. « Par contre je ne suis pas sûre d'avoir très envie d'être sobre, la suite ne va pas me plaire, j'en suis sûre. » Rire qui s’échappe des lippes du russe, pour la première fois dans sa vie lui aussi il aimerait planer, se détacher tout ça. « Tu partages? » Ironique. Clairement il sait qu’il n’irait pas au bout. Il a su ne pas plonger après la mort de Maïa, hors de question céder maintenant. Et puis il n’avait pas besoin de came pour foutre sa vie en l’air. Lui seul se suffisait. Il profite quelques secondes de lui tenir les mains. Les mots prêts à sortir de sa bouche étant beaucoup moins plaisant. Des excuses, encore. Plus facile que d’admettre la vérité. « Super, ça va être ma faute en plus.  » Il se contente de lever les yeux au ciel. Se raccrochant à cette main qu’il tient encore.

« Alors attends, je résume. Tu t'es réfugié au QG de la mafia pour m'éviter, enfin, pardon, [...] T'as besoin de personne pour t'aider à creuser encore plus profond le trou dans lequel t'as décidé de sauter. » Il se pince les lèvres. Elle avait raison, tout comme Brice avait raison, il n’en restait pas moins plus facile de se chercher des excuses. « Non Arizona ça me bouffe qu’on se déchire. Alors oui j’ai fais un mauvais choix. Je les enchaîne même depuis que j’ai appelé mon père. J’ai été là-bas parce que justement on me rappel pas constamment que je dois faire marche arrière. J’y arrive pas Arizona. Je sais plus ce que je dois faire. » L’ombre de lui même, plus sûr que se battre avait une réelle importance, qu’il pourrait un jour faire ce qu’il souhaite. Avancer sans craindre de regarder par dessus son épaule. « Tu veux qu'ils me fassent quoi de pire? Le kidnapping, c'est fait. Les coups dans la tronche. Fait, et inefficace. L'habitude. Le traumatisme? Déjà fait. Le coeur brisé parce que t'as vendu ton âme au diable? Déjà fait. » Cette main qui glisse de la sienne l’achève plus que les mots qu’elle prononce. « J’en sais rien Ari. Quand il s’agit de trahison ils sont toujours pleins de ressources. » Il en avait vu passer quelques uns avec son père. Chaque cas surpassant le précédant, et il préfère éviter de penser à ce qui pourrait lui arriver à elle, à Brice. Ou même à lui. Il sait qu’il devrait regretter son geste pour le danger qu’il apporte mais c’est pas le cas. Prévenir Azra était la seule chose faire. « Je vois pas ce que t'aurais pu faire de pire en fait... » Main derrière la nuque, décidément elle n’avait pas décidé de lui rendre la tâche facile. « J'ai empêché une vendetta. Je les ai empêché de se venger d’Azra. » Pas besoin de s’épancher sur les détails. Elle n’avait pas besoin de les connaître, son action seul parlait d’elle même. Il avait trahit son clan en trahissant les irlandais. En faisant passer ceux qui comptaient pour lui avant le devoir. « Et si t’as besoin de m’entendre dire que je regrette je le ferais pas. Parce que je referais exactement la même chose. Parce que ça voudrait dire que j’aurais vraiment vendu mon âme au diable. » Ses sentiments c’est ce qui lui permettait de garder un lien avec la réalité, un pied dans le droit chemin. Accepter que Azra subisse la vengeance des Irlandais ne lui aurait fait perdre qu’un peu plus son humanité.

Aleks ne pensait pas réellement se trouver une oreille attentive au sein de la Bratva, quelqu'un qui d'une certaine manière pouvait comprendre la situation dans laquelle il était. Cependant c'était le cas avec Clarence, il avait même l'impression qu'il était tout aussi paumé que lui. A croire que la rouquine avait plus de pouvoir que le pompier ne l'aurait cru. A moins qu’elle ne soit surtout douée pour rallier les causes perdues. Maintenant qu’il avait perdu ses repères, il était plus difficile de ne pas passer plus de temps là-bas. Pas vraiment de raison de rentrer dans cet appartement désormais vide. Il avait besoin de quoi occuper ses journées lorsqu’il se trouvait loin de la caserne. Un moyen de ne pas penser à l’australienne, à l’écossais. Et de ne surtout pas réfléchir à ce qui pourrait bien lui tomber sur le coin du nez si ses actions au qg de la mafia turque étaient découvertes. Si on apprenait qu’il était en partie responsable de l’échec de cette vendetta. Ce début de soirée n’échappe pas à la règle, après avoir fini sa journée de garde il erre dans les rues dans la ville. Et encore une fois ses pieds le traînent devant Seven Deadly Sins. Il s’allume clope alors qu’il reste dehors, regarde les gens qui défilent, entrent et sortent. Lèvres scellées il attend tapis dans l’ombre. Un festival d’ignorant, juste présent pour passer une bonne soirée. Alors que d’autres savent très bien ce qui les poussent à franchir la porte. La drogue. Les armes. Les filles. Un vrai petit commerce. Lui, il était juste fatigué de cette lutte incessante. Et alors que la tige se consume entre ses doigts il est tiré de ses rêveries. Son regard quitte enfin l’enseigne pour se poser sur la personne l’ayant rejoint. « Clarence. Je te pensais là-bas. » Déjà a l’intérieur ou en train de profiter des courbes des filles du Devil’s. Deux clubs. Un quartier, l’avantage d’être alliés dans ce jeu probablement. Cette rencontre nocturne était peut-être celle qu’il lui fallait pour rester en retrait ce soir. Pour regagner son appart. Pour une fois faire le bon choix, arrêter les conneries. « Allez viens je te paye un verre. Ailleurs. » Il jette son mégot sur le sol avant de ressortir son paquet de clope. Parce que si se soûler était une bonne idée, il préférait se détourner de cet enfer si attrayant.

Les doigts du russe claque sur le comptoir. Il attend de pouvoir enfin se commander ce verre de vodka. Il n'a eu le droit qu'a un seul regard depuis son entrée au Seven. Il rage intérieurement. « Houna te cherche. » Il lève les yeux au ciel, ce que la rouquine désire, la rouquine l'obtient. Il a sa journée dans les pattes et il est pas d'humeur a subir ses changements d'humeur. Pas sans un remontant. « Et moi je veux un verre. » Ce jeu, il le joue depuis bien moins longtemps que la jeune femme, jeu dont il n'est pas prêt à accepter les règles. « Maintenant. Elle savait où me trouver si c'était important. Elle peut attendre cinq minutes. » Sans doute pas, mais pour le moment il s'en fout. Elle n'avait eu aucun mal à venir le chopper à la caserne pour le conduire ici. Elle avait étudié son emploi du temps, et maintenant qu'il était sans ses repaires, nul doute qu'elle connaissait chacun de ses mouvements. Elle pouvait bien patienter le temps d'avoir quelque chose dans le gosier. Quelques secondes suffisent avant qu'il ne daigne enfin lui servir sa vodka. Il descend son verre d'une traite. « Réflexion faite, laisse-moi la bouteille. » Moment d'hésitation avant qu'il ne retourne vaquer a ses occupations, lui laissant le précieux sésame sur le bar. Il soupire avant de s'allumer une clope, d'attraper le goulot de la bouteille et de s'enfoncer dans les couloirs. Il ne craint trop les raisons qui pourraient la pousser à vouloir le voir. Il aimerait se dire qu'il en existe des tas, après tout ils étaient supposés gérer les choses ensemble. S'occuper de la Bratva, resserrer les rangs, remettre de l'ordre. Cependant il se contente d'être là, acte de présence sans la réelle vraie action. Si ce n'est celle de boire et fumer.

Si le pompier suit son instinct c'est une tout autre raison qui pousse la cheffe à vouloir le voir. Azraël. Cet ange de la mort qu'il avait été trouvé. Cette amie qu'il avait trouvée. Plonger en territoire ennemi afin de la secourir, empêcher cette vendetta. Ce refus d'imaginer qu'il puisse lui arriver quelque. Clairement il ne regrette pas son geste. Les Irlandais ne devaient pas être du même avis. Pas de vengeance pour le moment, et après sa mise en garde le clan Yildiz resterait très certainement aux aguets. Ses proches passaient avant ses amis, il avait beau être entré dans les rangs, une chose ne changerait pas, ses proches passeraient toujours avant toutes ces conneries. Une taffe, suivie d’une gorgée et le jeune homme pousse la porte du bureau dans lequel Houna se trouve. « Il parait que tu veux me voir. » Il s’adosse alors contre la porte qu’il referme sur lui. « Lassée de te déplacer? » Regard posé sur elle il essaye de la sonder. De trouver une faille qui lui permettrais de lire en elle. Découvrir ses intentions, semblable à elle-même, froide sans la moindre émotion. « Je t’écoute. » Encore une fois il s’impatiente un peu, parce qu’il a tout bonnement besoin de savoir si les siens sont en dangers. Risible quand on sait que la plus grande menace pour eux, c’est lui. Il les avait entraînés avec lui dans ce merdier sans nom, ils avaient beau avoir tourné le dos au russe, la cible dessinée n’avait pas quitté le leur.

Il arpente les différentes allées du supermarché, pas grand-chose de bien sain dans le caddie. Des plats tout préparés, juste bon a foutre dans le micro-onde. Un grand adepte de toutes ces conneries, piètre cuisiner. Il n'a jamais fait l'effort d'essayer d'apprendre. Pas réellement la meilleure des nourritures, mais il compense dans le sport, de quoi garder la forme pour son boulot. Pour être en capacité de sauver des vies si besoin. Et alors qu'il tourne dans les rayons son esprit vagabonde. Son meilleur ami lui manque. Il aurait bien besoin de lui pour faire en sorte de décrocher Arizona. Il a besoin de lui tout court. Ce pilier sur lequel il s'était toujours reposant, sans doute trop d'ailleurs. Mais il lui manque. C'était son frère qu'il avait perdu, il avait tout bonnement l'impression d'avoir perdu un membre. Il sait ce qu'il doit faire pour le retrouver. Mais aussi pour la retrouver. Arrêter les conneries, retourner dans le droit chemin. Aleks avait du mal à croire que ce soit possible un jour. Il a du mal à se dire que cette porte claquée équivaut à la fin de leur histoire. Ils ont traversé trop d'épreuve, mis trop de temps à se trouver pour que tout se termine aussi bêtement. Aussi rapidement. A la fois si proche dans cet appartement voisin et pourtant si loin. Se retenir de la contacter le ronge de l'intérieur. Incapable de ne pas garder un oeil sur elle, s'assurer qu'elle est toujours en vie. Et ça malgré le fossé qu'il a creusé. Ce temps qu'il passe là-bas rendant la marche arrière plus difficile chaque jour. Il fallait être réaliste, plus rien ne serait comme avant, pas depuis qu'il avait titillé ce destin funeste qui l'attend sur cette voie.

Machinalement ses pieds l'ont conduit dans le rayon des alcools, certes il a toujours de la bière dans le frigo, mais plus rien de fort. Il trouve la situation plutôt risible, en cette fin de journée il ne reste plus que quelques bricoles dans les rayons. Dans cette ville ça ne devrait pas vraiment l'étonner. Un aimant pour les gens complètement paumés, et brisés. Cette dernière bouteille qu'il apprête a saisi, la vodka, seule chose qu'il semble bien vouloir accepter de ses origines, lui est dérobé sous ses yeux. « Surtout te fait pas chier. » Il se fait pas prier pour l'interpeller, n'appréciant pas réellement le culot de la brune qui semble déjà prête à tourner les talons, retourner vaquer à ses occupations. « T'as pas comme l'impression que j'allais me servir. » Il lui désigne d'un regard le précieux sésame qu'elle tient dans sa main, alors qu'elle aussi semble le toiser de haut en bas. Bien sûr qu'il pourrait prendre autre chose, sa consommation d'alcool ne se résumait pas à la vodka. C'est surtout son comportement qui lui hérisse le poil. Déjà à fleur de peau depuis quelques jours, il lui en faut peu pour monter dans les tours. « Au risque de t'apprendre un truc t'es pas seule au monde. » Une broutille. Un geste insignifiant aux yeux des autres, pour lui aussi dans d'autres circonstances, mais cette dégaine qu'elle aborde l'empêche de passer à autre chose.

Il a un peu de mal à se faire à cette idée de se poser autour d'une tasse de thé. Il a surtout du mal à faire comme si de rien n'était. Comme si tous les yeux n'étaient pas braqués sur eux, sur lui. Tous désireux de connaître les raisons de la présence du Russe. De cet acharnement à se retrouver face à l'héritière. Assis face à son amie il n'y passe pas par quatre chemins, prenant d'ailleurs soin de s'énerver sur elle pour l'absence de son portable. « Je l'avais pas sur moi. » Pas une réponse qui lui plait, si elle avait dénié ne pas l'oublier ça lui aurait sans doute évité bien des problèmes. Par commencer il n'aurait pas eu besoin de débarquer. Finalement il ne tarde pas à l'interroger sur les raisons de sa venue. Les Irlandais. « J'ai peut être fait un petit barbecue géant... et ils étaient peut être pas très content de voir voir leurs biens être détournés de leur destination... » Son visage se décompose à mesure qu'il comprend. Azraël était celle qui avait tout fait péter. La raison pour laquelle les Irlandais voulaient sa peau. Pour laquelle ils voulaient eux aussi jouer avec le feu. Il tente alors de lui faire comprendre, que peu importe les raisons qui l'ont poussé à agir, ces derniers veulent sa peau. « Qu'ils viennent. Ils peuvent toujours tenter. » Le russe secoue la tête, elle était décidément devenue bornée avec le temps. A croire que plus rien ne semblait en capacité de l'atteindre. Que plus rien ne puisse faire naitre cette étincelle du danger. Alors il met les pieds dedans. Il lui dit texto qu'une vendetta est programmée à son encontre. Que ce n'est qu'une question de temps avec qu'ils ne débarquent. « Putain ! Pourquoi tu t'en est mêlé ?! » Celle-là il ne l'avait pas vue venir, il s'était à toutes les réactions de la part de la Turque, mais certainement pas celle-ci. Sur le cul par cet accès de violence. « Tu te fous de moi? Tu voulais que je te laisse crever? » Si la brune s'est levée il n'a pour l'instant pas bougé, les yeux rivés sur elle.

« Tu veux qu'Arizona te retrouve mort ? Tu veux la retrouver morte ?! Elle ou Brice ?! » Des fois il se dit que c'est ce qui pourrait arriver de mieux à l'Australienne, il ne serait plus dans le décor, elle ne risquerait plus sa vie à cause de lui. Parce qu'il sait que tant qu'il jouera au con un risque sera présent. Qu'il pourrait les perdre définitivement. « Et toi t'y pense à Brice? » Parce qu'il sait pas réellement ce qui se trame entre son meilleur ami et elle, mais il sait qu'il se passe quelque chose. Il la comprit depuis qu'elle a touché par la mine renfrognée de Brice à son gala. « Non c'est pas ce que je veux Azraël, mais je ne veux pas te retrouver morte non plus. » Sincère, parce qu'elle aussi comptait. Parce que dans un sens c'était la seule qui pouvait réellement comprendre sa descente en enfer. Comprendre que malgré tout la bonne volonté, la mafia continuait de vous courir après. « T'es pas foutu de rester à l'écart, c'est pas possible ça ! Pas pour rien que je t'implique pas. » Il était là tout son problème, il était tout bonnement incapable de tout laisser de côté. De passer outre ses sentiments, de faire comme si de rien n'était. Se contenter de jouer le jeu de la mafia. De jouer le rôle qu'on attend de lui. « Tu devrais t'y habituer depuis le temps. » Il avait toujours été comme ça, pas de raison que ça change aujourd'hui, surtout pas maintenant. Il avait besoin de garder un lien avec son humanité.

Puis à la voir s'agiter l'inquiétude commence à le gagner. « Est-ce que t'as été suivi Aleks ? » Il fronce les sourcils, puis il essaye de réfléchir, il était parti dans la précipitation, autant dire qu'il n'avait pas prêté attention aux détails. « Je... J'en sais rien. » Il espère ne pas les avoir amenés droit sur elle en débarquant. « Si t'es là, ça veut dire qu'ils peuvent que venir,... qu'ils sont peut être même déjà là. Sahin, va avec mon père. Appelle Ramo. Sécurise le quartier. » Tout s'enchaîne très rapidement autour de lui, il voit Lucifer leur jeter un dernier coup. Peut-être lui sera-t-il un jour reconnaissant pour ce qu'il vient de faire, sans doute pas. Dans l'agitation présente autour de lui Aleks s'est levé. Tout le monde semble de nouveau sur le pied de guerre, prêt à sortir les armes de nouveau. « Aleks, on s'en va. » Pas le temps de réagir, de réellement se faire prier. Son regard se pose sur cette main qui encercle son poignet, se mettant à suivre la jeune femme. Devenu lui aussi aux aguets. « Est-ce que t'es armé ? » Le russe s'arrête un instant il essaye d'y réfléchir, clairement il n'en avait pas sur lui et après la fouille à laquelle il avait eu le droit en guise de bienvenue de la part de Lucifer. Sa voiture. « Dans ma boite à gant, si tes sbires l'ont laissé. » Il désigne son bien garé à quelques pas, alors qu'ils avancent dans sa direction. Portière déverrouillée il inspecte l’habitacle avant d’en sortir son arme qu’il montre à son amie. « Faudra peut-être revoir l’inspection. » Plaisanterie afin de détendre l’atmosphère pour éviter de penser qu’ils étaient peut-être en train de jouer leurs vies en ce moment. « Je te suis on est chez toi ici. » Il s’était déjà paumé en chemin pour venir, il avait fait sa part du job il était venu l’avertir, à elle de les emmener ailleurs. De leur éviter d’être entourés par les Irlandais. Éviter d’y rester. Était-il prêt à faire feu sur ses alliés, probablement, il n’était plus à une trahison prêt.

Le russe sait pertinemment qu'il est le seul fautif pour l'effondrement de ce château de cartes. Ses faux pas les avaient entraînés sur cette voie. Qu'importe les explications qui pourraient prendre place entre eux, il avait perdu son meilleur ami. Son frère. Celui sur qui il s'était reposé a de nombreuses reprises. Il n'y avait plus de retour en arrière possible. Et pourtant ce lien qui les unit tous les trois, celui qui les force à se soucier, s'assurer de leurs survies, reste présent. Il espère juste qu'il sera assez fort pour qu'ils retrouvent leur route. Aleks était forcé d'admettre que depuis leur arrivée en ville, il n'était plus trop sûr qu'il soit utile de lutter pour quoi que ce soit. Pas alors que son père semblait avoir dix coups d'avance sur lui. « j’crois en un tas de choses. [...] ah ouais, fils prestwich. le nouveau corleone. tout s’explique. » Une main passe sur son visage au rappel de cette conversation qu'il a eu avec sa petite amie. Mais c'était bien la question qu'il se posait lui aussi, ce pouvoir du nom, de continuer de suivre les volontés d'un vulgaire cadavre.  « Ouais mon nom. Pour resserrer les rangs. Et parce que c'est ce qu'on attend de la personne qui butte le roi. » Parce qu'en règle générale on faisait pas ça pour régler une stupide histoire de famille, ou pour tenter de fuir la mafia, non en général c'était pour prendre la place du chef. Cette lutte incessante, c'est une des raisons qui le pousse à lui parler d'Azra. Elle avait fini par rejoindre son père, les rangs, et elle n'en semblait pas plus malheureuse. Peut-être qu'il devait lui aussi accepter de jouer son rôle. « c’est vrai qu’azra a fait le meilleur choix de sa vie. t’as cru quoi, aleks? [...] personne ne se serait battu pour toi comme on le fait. comme je l’ai fait. » Brice marquait un point, et il sait qu'en ayant accepté de céder des années plus tôt il n'aurait pas eu cette vie. Il sait que de cette manière leur route ne serait jamais croisée, et à l’heure actuelle il a bien du mal à s’imaginer une vie sans lui, sans elle. Ses sentiments sont ceux qui lui donnaient cette force. Force qui semblait l’avoir quittée depuis plusieurs mois maintenant. Peut-être que les perdre était préférable. Peut-être que cette douleur qu’il ressent est nécessaire.  Que cet éloignement leur permettra de rester en vie. Parce qu’il ne serait pas en mesure de gérer une nouvelle perte. Pas eux. « Son choix est sans doute loin d’être le meilleur mais elle a peut-être compris que la lutte ne servait pas. Sans doute pas mais on va pas nier que ça vous aurait évité tout un tas d'emmerdements. » Parce que même si leurs vies étaient loin d’être parfaites l’arrivée du russe n’avait pas non plus aidé, bien au contraire. Il avait juste l'impression d'avoir rajouté une bonne grosse couche. Et surtout son père ne s'en serait jamais pris à Arizona. « aleks, tu sais quoi? fais c’que tu veux. [...] j’en ai ma claque de toujours réparer les autres. » Ces mots lui glacent le sang. Et puis ce son. Ce verre qui se brise. Semblable à la tournure que prends leur relation. Les yeux rivés sur les éclats de verre présent sur la table. Il aimerait lui dire que ça le bouffe de l’intérieur. Lui dire qu’il n’a jamais eu autant besoin de lui que maintenant. Parce que ce monde là n’est pas pour lui, ne la jamais été. Il l’a su dès que son père a voulu l’emmener avec lui, lui faire découvrir ce qui serait à lui un jour. Et voilà qu’aujourd’hui il déconne, qu’il devient son pire cauchemar. Même pas sûr de savoir ce qu’il cherchait là-bas, conscient que le retour deviendrait de plus en plus dur à mesure qu’il y resterait. « Je veux pas du pouvoir Brice. » Pas encore. « Je crois que je suis fatigué de tout ça. Je suis supposé passer le reste de ma vie à me battre? Craindre encore et toujours que l’on s’en prenne à vous pour que j’accepte enfin de les rejoindre. Ça serait pire que tout ça. » Il avait vraiment cru l’espace de quelques jours que tout ça s’était terminé avec son père. Ils devaient tous se rendre à l’évidence, ça ne serait jamais le cas. Malgré cette perte qui lui déchire les entrailles il arrive pas à lui en vouloir. Comment le détester pour refuser d’assister à son suicide. Aleks aurait sûrement réagi de la même manière. Parce qu’il donnerait sa vie pour lui. Et puis la fin. Il le regarde se lever en se pinçant les lèvres. Quitter les lieux. Clap de fin pour la bromance. Il ne lui faut pas longtemps pour sortir à son tour, le besoin d’air n’ayant jamais été si fort.  

Cette situation entre eux ne pouvait plus vraiment durer. Leurs conversations se terminaient toutes de la même manière ces derniers temps. Et celle qu'ils s'apprêtent à voir ne sera pas plus plaisante, elle sera peut-être même pire. Alors commencer en la titillant au sujet de la drogue n'est sans doute pas la meilleure chose à faire. Assis face à face il a besoin de quelques secondes avant de se lancer, il a besoin de profiter de ce moment de tendresse. Profité avant de l'achever en prononçant à voix haute ce qu'ils savent depuis longtemps. Son implication étant devenue plus grande. Plus qu'il ne l'aurait voulu, plus qu'il ne l'aurait cru. Largué depuis qu'il avait tué son géniteur. Cette crainte de lui ressembler grandissant un peu plus chaque jour. Raison pour laquelle il essaye de se raccrocher à ce qu'il peut. A ce qu'il aime. « Je vois pas ce que je peux te dire de plus. J'ai essayé de t'aider, Brice aussi, et regarde où ça t'as mené. Tu as continué tête baissée. J'y connais rien à votre monde de mafieux. » Lui non plus n'y connaissait rien, certaines règles continuant encore et toujours de lui échapper. Il n'était même pas sûr d'avoir envie d'être sauvé. Complètement déchiré lorsque sa main quitte les siennes. Plus rien à retenir. Aleks était en train de la perdre. Rectification. Il avait commencé à la perdre le jour où ils avaient emménagé. Le jour où il avait rejoint Birmingham. Il essaye de réfléchir à la situation, réfléchir à ce qui pourrait bien lui arriver, leur arriver. Il n'avait vu que trop de cas de trahison. Et même si la Bratva n'était pas vraiment impliqué dans cette idée de vengeance envers Azraël, il n'en restait pas moins lié aux Irlandais. Son acte risquait probablement d'interférer dans leurs relations. Surtout si l'implication du pompier finissait par être connue. « Ils nous ont déjà séparé, je vois pas ce qu'ils peuvent faire de pire... ils peuvent bien me tuer, ça reste moins pire que ce qu'ils te font à l'heure actuelle, que ce qu'ils nous font... » Il avale difficilement sa salive parce qu'elle avait raison. Il suffisait de regarder leur couple, pas sûr que leur relation actuelle puisse être définie par ce statut. « Tu as raison assister à tes funérailles et à la fureur de Brice n'aurait rien de bien dramatique. » Parce que même s'ils n'étaient plus que l'ombre d'eux même, la perdre reste et resterait la pire chose qui pourrait se produire. Parce que avec Brice ils étaient la meilleure chose qui lui était arrivée depuis des années. Il devait se rendre à l'évidence si avec l'Australienne ils s'étaient cherchés et tournés autour pendant des années il l'avait dans la peau que ses yeux s'étaient posés sur elle. Cette bouffée d'oxygène dont il avait cruellement manqué.

Il finit par lui donner toutes les informations, du moins les plus importantes. Celles qu'elle a besoin de savoir pour comprendre la situation. Son petit passage dans le quartier turc, ses actes pour sauver Azra, au péril de sa vie. « T'as déjà vendu ton âme au diable en t'engageant dans la bratva. Sauver Azra en revanche, tu as bien fait. Peu importe ce que ça veut dire. Les amis d'abord. Tout n'est peut-être pas foutu finalement... » Il ne peut s'empêcher d'être soulagé lorsqu'elle lui dit qu'il a bien fait d'agir pour la sauver. Même si pour ça il ne s'est pas soucié des conséquences de ses actes. « Même si ça te met en danger toi? Et tu sais bien que je pourrais jamais laissé un truc de produire contre vous. Vous êtes ce qui se rapproche le plus d’une famille pour moi. » Pas le même sang et cependant ils étaient plus liés que jamais. « Aleks... on devrait faire une pause. » Cette fois c’est elle qui lâche le couperet. Echec et mat. Ce don qu’elle avait pour l’achever. Il a cette impression que son cœur veut quitter sa poitrine. Aleks ferme les yeux un instant, tout ça à un air de déjà-vu. « C’est vrai que par le passé ça s’est avéré utile. » Il secoue la tête préférant chasser ce souvenir de son esprit. Séjour à l’hôpital, fausse couche, et pourtant à l’époque ils n’étaient pas encore un couple. « Tu sais que ça nous réussi pas. On s’aime trop pour ça. » Ils s’aiment si bien qu’ils se font du mal, beaucoup trop. Et que la laisser partir serait comme laissé partir une partie de lui-même. Il avait déjà perdu son frère, pas sûr qu’il puisse la perdre elle aussi. « Comment tu peux penser une seule seconde que ce sera différent ? Tu vas me faire croire que tu le supporteras ? Tu sais qu’on est fait pour être ensemble, on l’a appris à nos dépends. » Parce que malgré tous leurs efforts ils revenaient inévitablement l’un vers l’autre. Attirés tel des aimants. Et malgré les disputes, la haine présente entre eux parfois ils ont trop besoin l’un de l’autre.

Il devrait pas être là, il ne fait que s’enfoncer un peu plus dans ses travers. Il devrait trouver un moyen de battre, retrouver ce qu’il a perdu. Pas enchaîner les verres et les clopes. Il en connaît un autre qui est tout aussi paumé que lui. Tous deux si semblables, cherchant à comprendre pourquoi ils étaient tous si envieux. Pourquoi ils espéraient tous avoir cette soif de pouvoir. Clarence. Le bras droit, et pourtant il a l’impression qu’il évite cet endroit comme la peste. Qu’il ne se présente que lorsque la rouquine l’appel. Parce qu’il semblerait bien que Houna obtient toujours ce qu’elle désire. Il aurait juste envie de leur faire entendre raison, de leur faire comprendre que tout ça c’était que des conneries. « Les rares fois où je me rends là-bas, c'est uniquement parce qu'Houna me l'a demandé, sinon, moins j'y suis, mieux j'me porte. » Ça il le comprend très bien, lui aussi il se portrait mieux s'il arrivait à rester en dehors de ses murs. Et surtout d'arrêter d'enchaîner les conneries. La dernière en date lui ayant déjà assez coûté pour le moment. Il y aura des répercussions un jour ou l'autre, il n'est pas dupe. Mais de son point de vue, il ne pouvait plus vraiment lui arriver quelque chose de grave. Tout ce qui lui était cher n'était déjà plus là. « Ouais je crois que je devrais suivre ton exemple là-dessus. » D'ailleurs Aleks a sûrement la phrase la plus censée quand il lui propose de foutre le camp. A défaut de pouvoir le faire réellement pour le moment, s'éloigner pour la soirée ne serait pas désagréable, loin de là. Et puis rentrer pour retrouver un appartement vide ne l'enchantait pas plus que ça. Regagnant assez rapidement les ruelles sombres de la ville. « Comment ça va toi ? » Un rire s'échappe de ses lèvres, est-ce qu'il avait déjà été bien depuis qu'il était arrivé dans cette ville. « J'ai connu mieux et toi? » Il sait que ça pourrait être pire, ça peut toujours l'être. Mais il aimerait juste se souvenir d'un moment heureux. Où tous les problèmes lui semblaient lointain. Clarence sait très bien ce qui se passe dans sa vie, ils ont eu l'occasion d'en discuter, il lui a parlé de Brice, et des quelques tensions dans son couple. Quant à l'Ukrainien il a abordé cette blonde qui lui fait tourner la tête. « Si t'as b'soin un de ces quatre, le canap' du salon est plutôt confortable. » Il apprécie le geste, et il se dit que ça pourrait être pas trop mal de s'éloigner de cet immeuble, de cet appartement si proche et pourtant si loin. Celui où on lui refusera l'accès. Persona non grata. « Y a plus de disputes elle est partie. » Prononcer ces mots à voix haute ne fait que rendre la chose plus réelle. Essayer d'accepter ce qu'il refuse. « Elle a besoin d'une pause, elle s'est réfugiée chez Brice. Mais pourquoi ça pourrait m'éviter d'avoir envie d'aller frapper chez lui. » Pas d'humeur a affronté un 'je te l'avais bien dit' du boxeur. Aleks désigne un bar un peu plus loin d'un signe de tête, là où ils ne tardent pas à s'installer en terrasse. « Et toi toujours accro? » Loin de parler de la drogue. Non il aborde cette fille, celle qui hante ses nuits. Parce que ces deux-là au final ils se ressemblent beaucoup. Deux filles qu'ils ne peuvent pas atteindre. Le Russe devrait pas se plaindre, il est le seul fautif pour les barrières créées. Parce qu'il était sans doute préférable qu'ils s'aiment séparément, plutôt que de se détester ensemble. Non pour Clarence la situation était bien plus complexe. Il sait pas comment il pourrait gérer les choses à sa place. S'interrogeant constamment à son sujet. Dans l'incapacité de savoir si elle seule ou accompagner. Parce que lui ça le tuerait à petit feu d'imaginer Arizona passer ses nuits avec un autre.

Après sa journée de garde à la caserne Aleks a regagné son appartement. Pendant plusieurs heures il tourne tel un lion en cage dans son appartement. Loin d'être gagné par le sommeil, il a besoin d'occuper son esprit. Besoin de trouver quelque chose à faire, éviter de penser à celle qui se trouver à deux portes de là. De chasser cette envie d'aller lui dire que tout ça c'était n'importe quoi. Mais il se retient parce que depuis leur dernière conversation rien n'avait changé. Il n'avait pas quitté la Bratva, et il était sûr qu'elle continuait de se poudrer le nez. Alors après réflexion il prend sa veste et quitte à nouveau les lieux. Préférant arpenter les rues sombres de Birmingham. Ne cherchant rien en particulier, juste le besoin de prendre l'air. Il sait qu'il devrait quitter les rangs, et cependant il n'en a pas l'envie. Non il préfère s'y enfoncer encore et encore, à croire qu'il attend de toucher le fond. Peut-être pour espérer remonter plus facilement. Puis il a cette impression d'être suivie, cette sensation d'être observé. Il secoue la tête, depuis qu'il avait rejoint Houna il avait l'impression de devenir paranoïaque. Peut-être a juste raison. Pas assez sur ses gardes, l'esprit trop vagabondant. « Baisse-toi! » Ce cri sorti de nulle part. Instinctivement il l'écoute, se tourne et se baisse. D'où il peut voir ce corps s'effondrer sur le sol. Il ferait mieux de se reconcentrer sur ce qui était important. Eviter de se prendre une balle pleine tête et de finir comme son vieux. Son regard quitte le corps inanimé pour se poser sur celui de sa sauveuse. Il ne peut cacher sa surprise quand cette dernière s'avance et qu'il peut enfin déceler les formes de son visage. Kayla. On ne peut pas dire qu'ils avaient de bons rapports tous les deux, au contraire. Elle avait essayé de le coffrer et il s'en était tiré sans le moindre rappel à l'ordre. Surtout que ses activités illégales n'étaient pas un secret pour elle, loin de là. « Kayla? » Il arque un sourcil alors qu'il se redresse le regard toujours posé sur la jeune femme. Peut-être la première fois depuis leur rencontre qu'il appréciait qu'elle soit dans les parages. « Merci. » Parce que même s'ils ne s'appréciaient pas elle aurait pu se contenter d'observer la scène. De le regarder rendre son dernier souffle, rester dans l'ombre. Pas sûr qu'il aurait agi de la même manière pour elle dans la situation inverse. Il se rapproche alors de la scène, besoin de savoir s’il connaissait le bourreau. Vulgaire gamin. Inconnu au bataillon. Pour sûr il avait voulu se faire remarquer, ce qui serait le cas à la différence qu’il ne ferait pas forte impression. « C’est pas le genre de situation qui vous colle des emmerdes. Je surpris que vous risquiez les emmerdes pour moi. » Parce qu’il la croit toujours lieutenant. Parce qu’il est encore persuadé qu’elle fait respecter la loi. Il se doute pas un instant qu’elle aussi a fini par passer de l’autre côté.

Encore une fois chacun campe sur ses positions. Surtout parce qu'il s'enfonce dans la Bratva, et que son comportement la pousse à reconsommer de la cocaïne. Pas vraiment la façon dont il pensait que la conversation allait se dérouler. Non il aurait aimé que pour une fois ils puissent discuter calmement. Il s'arrête pas sur le fait qu'elle s'inquiète plus pour lui que pour elle, c'est justement ça qui l'énerve. Parce qu'il ne supporterait pas qu'il lui arrive quelque chose. « Arrête de dire que tu ne ferais rien pour nous mettre en danger Aleks! [...] Vraiment, arrête parce que je te jure que je passe cette porte, et je rentre chez moi. » Ses mains se crispent à mesure qu'elle monte en pression, et il se retient parce que la voir repartir pour l'Australie serait pire que tout. « Détends toi Arizona. Je le sais ça. Je sous-entendais juste que ce que j'ai fait pour Azra je le ferais pour vous. » Parce que c’était la seule chose qu’il pouvait faire. A défaut de réussir à sortir de ce cercle vicieux. La seule chose qu’il pouvait espérer c’était d’arriver à temps également la prochaine fois. « Tu te trouves toutes les excuses de la terre, en disant qu'ils sont venus te chercher, mais tu n'aurais jamais dû répondre. [...] J'en ai plus que marre que tu te poses en victime. » Cette fois lui aussi sent la pression monter. Il essaye de prendre sur lui encore un peu. De peur de dire des choses qu’il pourrait regretter. « Ouais carrément j’aurais du leur dire d’aller se faire enculer. Le problème est là Arizona j’ai choisi d’accepter et y a cette partie de moi qui regrette pas. La seule différence là-dedans c’est que j’ai jamais choisi que ça vous retombe dessus, ça c’est indépendant de ma volonté. » Peut-être que au fond il a envie de voir comment ça se passe. Ce que ça fait d’être à la tête d’une armée. Même partie qui lui fait peur parce qu’il se demande si sans eux il n’aurait pas céder depuis longtemps.

Nouveau pincement de lèvres alors qu’elle se lève d’un bond du canapé. Ce coup de grace il n’en veut pas. Le break a toujours les mêmes conséquences et il veut pas de ça pour eux. Il veut pas que ça disparaisse. Il se fait d’ailleurs pas prier pour lui rappeler que la première fois c’était conclu par un échec. A ses yeux cette fois serait identique et à juste titre. Ils s’aimaient beaucoup trop pour ça. Il a juste envie de laisser tomber les armes, faire tomber les barrières, faire en sorte que son point d’ancrage reste là. « C'était différent, tu le sais très bien. » Il se lève alors à son tour de façon à lui faire face encore une fois. « Ouais t’as raison c’était différent. On est trop borné pour admettre ce qui se passait entre nous. » Se fichant des remarques autour d’eux au sujet de leur relation, refusant d’admettre qu’il y avait bien plus que de l’amitié. « T'as raison, on s'aime trop pour se séparer pour de bon. [...] Tu crois que ça va aller encore loin comme ça? » Ça le tue de se dire que la première fois depuis des mois où ils tombent d'accord sur un sujet c'est quand ils s'apprêtent à se séparer. Et tout comme l'avocate il craint qu'ils ne finissent par trop s'éloigner. Ne plus être capable de se supporter. Se détester. Il aime se dire qu'il préférait qu'elle le haïsse plutôt que d'apprendre qu'il lui est arrivé un truc. Mais la vérité c'est qu'il ne le supporterait pas. Pas sûr de savoir quoi lui répondre alors il se rapproche d'elle, la voir les larmes aux yeux ne rendant la scène que plus douloureuse. La prendre dans ses bras, peut-être une vaine tentative de la retenir. Ce vrai contact ayant pour effet d'augmenter son rythme cardiaque. Il a juste besoin qu'elle reste là contre son torse. Savourer l'instant présent. « Je sais pas mais tu sais très bien que je pourrais jamais te détester. J'ai pas envie que tu fasses une overdose c'est tout. Tu veux vraiment qu'on en passe par là? T'es persuadée que ça va nous permettre de nous retrouver? » Si l'idée lui déplait, il acceptera, comme il l'avait fait par le passé de lui donner l'espace dont elle a besoin, dont ils ont besoin. Il a envie de croire qu'un jour ils pourront laisser toutes leurs erreurs derrière eux, vivre enfin la vie qu'ils souhaitent. Resserrant l'étreinte au fil de ses mots, s'accrochant encore un peu à elle à ce moment d'accalmie.

Il compte plus vraiment le temps qui s’écoule depuis qu’elle a quitté leur appartement. Depuis qu’ils sont en break. Tout simplement parce qu’il ne veut pas penser aux raisons qui les ont amenés là. A ses conneries. Son implication dans la bratva. Implication qui n’avait pas changé depuis leur dernière conversation. Implication qui avait même probablement augmenté. Il sait qu’il devrait se battre. Se battre pour qu’elle revienne. Ayant toutes les cartes en main pour agir. Lui montrer qu’elle était la seule qui comptait réellement à ses yeux. Parce qu’elle a laissé ce trou béant. L’avocate restant encore et toujours celle qui lui permet de tenir bon, de ne pas écouter cette voix qui lui murmure à l’oreille. Celle qui lui dit de lâcher prise maintenant qu’il se retrouve sans attache. Plus de raison de s’inquiéter. Au contraire. Chacune de ses pensées étant prise par ceux à qui il tient. Cet acte de présence ne suffira pas toujours. Il faudra qu’il fasse ses preuves. Moment qu’il redoute par peur de s’y perdre. De devenir celui qu’il a tant redouté. De se délecter de la souffrance engendrée. Et il est là à écouter ce soldat parler. Le laisser lui compter à quel point son paternel était un être formidable. Un connard. Voilà ce qu’il était tellement aux yeux du fils. Pensées que le jeune pompier garde pour lui. Pas l’envie de se lancer dans un débat, il le laisse déblatérer.

Il devrait surtout trouver la force de partir parce que demain il est de garde. Seulement ça fait dix minutes que ses yeux sont rivés sur l’autre bout de la pièce. Depuis qu’elle avait fait son entrée, collègues ou amies il se foutait bien de qui avait pu l’accompagner. Si Aleks doutait qu’elles soient toutes au courant de ce qui pouvait bien se tramer entre ses murs, Arizona, elle, savait bien qu’il s’agissait du qg de la mafia. Là où la drogue et les armes s’échangeaient dans les arrières. Là où certains n’y voyaient que des danseuses, d’autres y voyaient là la marchandise disponible. Puis y ce type. Celui qui se met à tourner autour de l’australienne. Spectacle qui ne lui plait guère. Pas de ça ici. Pas de ça chez lui. Elle restait sienne. Alors d’un simple geste de la main il demande à celui qui se trouve à sa gauche de la boucler. Cette main qui se pose sur cette épaule dénudée le fait définitivement vrillé. Jalousie piquée au vif rien qu’à l’idée de la perdre définitivement. Pourtant elle méritait mieux. Elle méritait quelqu’un qui la pousse vers le haut, et non vers le bas comme il était en train de le faire. Le pompier se lève afin d’aller prendre part à la scène. Et en guise de salutations le poing du russe rencontre le nez de l’inconnu surpris. « Elle est pas intéressée. Va voir ailleurs si tu veux pas être foutu dehors. » Le regard il attend quelques secondes que ce clampin daigne s’éloigner non sans une hésitation.

Il évite de croiser le regard de l’Australienne, ça serait en retour à la case départ. Il devrait retrouver de quoi la chasser de son esprit. Il devrait peut-être la remercier. Elle aura eu le mérite de lui apporter enfin une raison de partir. Rentrer se coucher. Il demande pas son reste avant de quitter les lieux. Les personnes ayant assisté à la scène retournant bien vite à leur occupation première : s’amuser. Lui il va prendre l’air. Marcher jusque chez lui fera du bien, quelques pâtés de maisons tout au plus. « Aleks ! » Et merde. Il aurait du s’en douter. Il se pince les lèvres hésitant à se retourner. « Si tu veux de l’espace vient pas ici, surtout pas pour ça. » Assister à un de ses rencards serait pire que tout. Pas alors que chaque fibre de son corps lui manquait cruellement. « A quoi tu joues ? » Et maintenant qu’il a plongé son regard dans ses yeux noisette il se fiche de la réponse. Il voudrait combler le vide, que la terre s’arrête de tourner, oublier leurs problèmes, l’embrasser. Parce qu’il a beau essayé de la détester pour les remettre dans cette situation il l’aime à en crever.

Il aurait dû se fier à son instinct. A faire attention à ses arrières, s’assurer si oui ou non il était suivi. Ça aurait pu lui permettre de se retrouver dans cette fâcheuse posture. Ne pouvant pas cacher sa surprise en découvrant celle qui lui avait sans doute sauver la vie, ou un nouveau séjour à l’hôpital. Pas sûr que ce gamin gisant sur le sol aurait eu l’assurance nécessaire pour s’assurer de son décès, de viser juste. Il en avait fait du chemin depuis leur première rencontre et il semblerait qu’il en soit de même pour elle. A croire qu’elle aimait se mettre dans de beaux draps. « J'ai le sentiment que c'est pas la première fois que ça se produit? Et que ce ne sera certainement pas la dernière... » Si seulement. Deuxième fois qu’on essayait de l’abattre, et avec les bruits de couloirs annonçant enfin son arrivée dans la bratva ça ne serait sans doute pas la dernière. Surtout pas quand il prends pas la peine d’étudier les différents risques avant d’agir. « Mauvais karma vous y croyez? » Une réponse positive le surprendrait à nouveau. Elle connaissait ses activités, elle n’avait jamais douté et à juste titre. Non il était juste dans la mauvaise famille, avant de se mettre à enchaîner les mauvais choix. Tout comme celui qui gisait désormais sur la chaussée. Vulgaire quête de pouvoir. « Sérieusement? Vous parlez jamais avec Brice? Ça fait presque un an que je ne bosse plus pour la police. Qu'ils y restent. » Il arque un sourcil à l’entente du prénom de son meilleur ami. En plus d’en savoir beaucoup trop sur lui, elle semblait bien connaître le frère qu’il s’était choisi. Bien sûr le Russe avait abordé ses problèmes de justice mais il n’avait jamais mentionné le prénom de l’inspectrice. Le nom seul de son paternel avait suffit à les mettre dans tous leurs états. « Pourquoi on aurait parlé de vous? Il s’est passé quoi avec Brice? C’était vous? Vous lui avez sauvé la vie? » Cette conversation qui lui revient en mémoire, cette enquêtrice qui l’avait aidé à sauver sa peau face à la mafia écossaise. Celle dont il avait terrer le nom probablement afin de la protéger. Geste inutile puisqu’elle ne portait plus le badge. « On a plus en commun qu'il n'y paraît... Et maintenant, on a un cadavre sur les bras... » Effectivement, plusieurs choses semblaient les rapprocher. Concernant ce cadavre il serait bien tenté de lui dire de se démerder, après tout rien ne pourrait sa présence sur la scène de crime, elle était la seule à avoir du sang sur les mains ce soir. Mais après son geste il ne peut pas l’envoyer sur les roses. « On peut pas maquiller ça en vol ayant mal tourné? Y a rien qui nous relie à lui. » Il quitte le cadavre des yeux. Par chance ils sont dans une ruelle déserte, et à cette heure tardive personne n’arpente les rues. « A moins qu’ils puissent remonter jusqu’à vous ? » Il espère pas. Il avait pas envie de chercher après une balle, et il avait surtout pas envie de s’encombrer avec un cadavre à faire disparaître. Tentative de meurtre ou pas il n’en reste pas moins un gamin. Ses proches allaient déjà devoir se faire à l’idée qu’il ne passera pas la porte d’entrée, autant leur laissé un corps à pleurer.  

Aleks il a l'impression d'halluciner alors qu'elle l'envoie chier. Il était venu jusqu'ici sans se soucier des risques encourus pour la prévenir. Pour s'assurer qu'elle ne risquerait rien, qu'elle aurait le temps de s'en sortir. D'empêcher aux irlandais qui approchaient de lui faire la peau. « Je ne suis pas encore sur le point de crever. Tu ne penses que je ne sais pas que les irlandais voudraient me tuer ? » Effectivement qu'elle aurait dû se douter de leur arrivée, surtout après ce qu'elle leur avait fait. « Pourquoi j'ai l'impression que tu prends ça a légère? » Cette sensation qu'elle avait de toujours tromper la mort, un jour ça lui serait fatal. Elle ne pourrait pas continuellement jouer avec le destin, pas sans finir par y laisser des plumes. Peut-être que lui aussi devrait cesser de suivre son coeur et commencer à agir avec sa tête. Trouver un moyen pour ne plus se mettre dans des situations qui lui retomberont un jour où l'autre dessus. Ou sur ses proches. D'ailleurs quand Azraël les amène sur le tapis il ne peut s'empêcher de la piquer à son tour en prononçant le prénom de son meilleur ami, son frère. Parce que même si ni l'un ni l'autre n'étaient réellement venus se confier au russe. Aleks n'était pas dupe, il voyait bien qu'il se tramait un truc entre eux. « Me dis pas à qui penser Aleks. » Cette froideur. Digne héritière de son père. Contrairement à lui, elle semblait plutôt douée pour enfouir ses émotions. Nier l'évidence. Mais il la connait, en vue de sa réaction il sait qu'il a touché une corde sensible. « Si j'étais supposée mourir, je serai morte bien avant. » Il soupire. Décidément elle était bornée, elle n'en démordrait pas sur ce sujet. « Peut-être, mais t'es pas invincible. » Dur retour à la réalité pour lui rappeler l'évidence, que cette assurance finirait tôt ou tard par lui être fatale. Surtout si elle continuait sur cette voie.

Et parce que lui aussi il joue avec le feu, il mesure pas les conséquences de ses actes. Venir ici sans réellement prendre soin de surveiller ses arrières, de vérifier que personne ne la suivit. De vérifier que les Irlandais ne sont pas en chemin. Alors lui aussi a besoin d'être armé, de repérer son bien qui attend dans la boite à gant. Mais ici, entre le labyrinthe que représentent ses ruelles il ne donnerait pas cher de sa peau. Il lui fallait suivre la princesse des lieux. Alors qu'ils s'engouffrent dans le quartier, après plusieurs détours il n'est même plus sûr de savoir où se trouve son véhicule. D'être capable de faire marche arrière, sa grande spécialité depuis qu'il avait rejoint les rangs de la bratva. Et cette arme qu’il tient. Serait-il prêt à aller au bout. Presser la gâchette une nouvelle fois. S’enfoncer un peu dans cette trahison. Il sent son rythme cardiaque augmenter alors que deux silhouettes arrivent par derrière. « Dogu, donne lui ta veste. » Alors que l’homme de main s’exécute, et même s’il n’avait jamais eu l’occasion de discuter avec eux leurs visages ne lui étaient pas inconnu. Le russe ne se fait pas prier pour enfiler la veste à son tour, sans omettre la capuche. Pas contre un peu de camouflage, encore plus avec cette mission suicide. « Donc ton plan c’est de tirer dans le tas ? » Le regard fixé sur les voitures en approchent, a eux quatre il ne ferait pas le poids. Pas longtemps. Et il sait qu’il ne peut pas être vu, pas ici, pas à côté de celle qui était la cible. La proie à abattre. Mais pourtant il n’a aucune envie d’être ailleurs. Ses doigts se resserrant sur la crosse de son arme alors que les voitures s’arrêtent nettes. Il ne peut s’empêcher de se demander où se trouve le reste de la cavalerie. Essayant de déceler où ils pourraient se cacher dans les maisons environnantes. Bien que s’arrangeant pour rester dissimulé dans les ombres que pouvait offrir les ruelles il ne met pas longtemps avant de braquer à son tour une fois que les portières s’ouvrent. Prêt à assurer les arrières de la jeune femme. Prêt à avoir une nouvelle fois du sang sur les mains pour une cause qui lui semblait juste. Les premiers coups fusent alors que les Irlandais quitte la protection offerte par leurs véhicules. Plus de doute possible quant à la présence des renforts. Effet de surprise pour leur donner un avantage. Aleks a besoin de quelques secondes, le temps d’entendre les balles siffler de l’autre côté. De laisser aux hommes de mains de la Turque de prendre les devant avant qu’il n’ouvre le feu également. Les remords et conséquences viendraient bien assez vite.

Cette séparation est un véritable enfer. Cette sensation que plus le temps s’écoule plus il sera compliqué pour eux de se retrouver. Tout comme plus il a conscience que plus il passe de temps entre ses murs plus il sera compliqué pour lui de laisser tout ça derrière lui. Aleks sait qu’il risque d’embrasser la cause un peu plus chaque jour. De s’embourber plus profondément dans ces histoires. Ça le rassure de se sentir toujours autant blasé par les compliments qu’on peut lui faire sur son paternel. Tous les moyens sont bons pour essayer de graisser la patte du haut du panier. Il ne peut s’empêcher de se demander s’ils agissent de la même manière avec Houna. S'ils perdent leur temps à la baratiner de doux compliments. Non c’est clairement pas le genre de la rouquine. Son attention est très vite accaparée par autre chose. Arizona. Son cœur rate un battement en la voyant débarquer. Pas vraiment l’endroit où il espérait la croiser après ces dernières semaines. Déjà parce que cette boîte était en grande partie remplie de pourri. De ces hommes et femmes de l’ombre cherchant s’armer ou de chercher des nouvelles poules. Et puis forcément ça ne ferait que prouver à l’Australienne qu’il est toujours ici. Pas vraiment d’effort pour retourner dans le droit chemin. Parce que aujourd'hui il n’a qu’une seule porte de sortie. Les pieds devant. Pas celle qu’il attendait.

Déjà à fleur de peau, il ne lui faut pas longtemps avant d’exploser. Ce type qui lui tourne un peu trop autour. Elle méritait mieux, il était loin d’être le mec le plus idéal pour elle, pas alors qu’il ne cessait de la foutre dans la merde. Mais ce type était loin d’être le gendre idéal. Pour seule et unique réaction il enfonce son poing dans le nez du type. Profitant sûrement des lieux. De son statut entre ses murs. Pas d’humeur pour une énième dispute avec elle il préfère mettre les voiles. Déguerpir. Prendre l’air. Il avait besoin d’une bonne nuit de sommeil pour enchaîner demain. C’était sans compter Arizona qui avait d’autres plans en tête. « Attends, pardon? A quoi je joue ? J'ai rien demandé. C'est ce type qui est venu me parler et que tu viens de frapper. Je n'ai absolument rien fait alors calme-toi. » Il le sait parce qu'aucun détail ne lui a échappé. Parce que depuis son entrée dans cette boîte il avait épié tous les gestes de la jeune femme. Il l’avait vu se rapprocher d’elle, essayer d’arriver à ses fins. L’entraîner dans son lit. Trop pour lui. Elle lui manque. Il a besoin d’elle. Mais au lieu de prendre de ses nouvelles, lui dire qu’ils feraient mieux d’arrêter tout ça il monte dans les tours. Comme d’habitude. « Et je devrais aller m’excuser auprès de lui? » Son geste il ne le regrette pas, au contraire si c’était à refaire il le referait. Parce qu’il n’était pas juste venu pour passer une bonne soirée. Non parce que cette scène n’est qu’une piqûre de rappel. Il pourrait la perdre définitivement. Et cette idée le rend malade.

« J'ai pas choisi de venir ici, j'ai rejoint mes collègues. Crois-moi, c'est le dernier endroit sur Terre où j'ai envie d'être. Par contre, t'avais l'air de bien t'amuser avec tes sujets! » Il se pince alors les lèvres. Les voilà de retour à la case départ. Dispute. Elle aussi choisit de le titiller. Il devrait ravaler sa rancune, sa jalousie mal placée et reprendre sa route. Tracer son chemin la laissait continuer sa soirée. « Ouais l’éclate complète et l’arrivée de ce connard ça a été l’apothéose. » Ironie complète. Sa soirée était loin d’être agréable. Non c’était un pas de plus vers ce qu’il avait passé des années à haïr, cette crainte de devenir l’homme qu’il avait toujours repoussé. Il lutte contre cette envie de tourner les talons, parce que la voir lui fait du bien. D'ailleurs il finit par arquer un sourcil avant de s'avancer, de se rapprocher d'elle. Combler le vide. « T'aurais réagi comment toi? Ça t'aurait fait quoi de voir la première pétasse venue se coller à moi? » Parce qu'au lieu de continuer à s'énerver l'envie de la provoquer se fait plus forte. Désormais à quelques centimètres d'elle, il glisse sa main dans le bas de son dos. Il veut pas lui donner une occasion de partir, alors qu'il veut juste lui prouver que la situation dans laquelle elle avait choisi de les mettre était vouée à l'échec. « T'aurais pris sur toi? Tu serais restée de marbre? » Cette provocation lui plait davantage que l'idée de se battre une nouvelle fois avec elle. Pas vraiment d'humeur pour qu'elle lui balance une nouvelle fois son implication dans la mafia. Sans ça cette scène lui aurait échappé. Sans ça ils n'en seraient pas là aujourd'hui.

Les quelques sms échangeaient avec son meilleur ami lui avait fait du bien. On ne peut pas dire que la conversation s'était terminée de manière concluante, au contraire. Il ne pouvait pas le blâmer. Il avait conscience des risques encourus en ayant rejoint la mafia. Ce besoin qu'il a d'y rester, parce que maintenant que les dés sont jetés il n'y a plus de retour en arrière. Pas sans y laisser sa peau. Il avait besoin d'une vraie porte de sortie. La perte de sa famille devrait le forcer à trouver cette solution. Mais au lieu de ça il y reste ancré. S'y enfonçant un peu plus chaque jour. Ne pas prendre de risque inconsidéré. Non, au contraire, au lieu d'utiliser son cerveau, il réfléchissait toujours avec son coeur. Y avait qu'à voir son arrivée en fanfare dans le quartier turque afin de s'assurer de la survie de sa plus vieille amie Azraël. Se battre pour retrouver son couple voilà ce que le russe devrait faire. Pas passer son temps a alterner entre la caserne et le qg.

Au moins ce soir la question ne se posait pas. Il avait passé son temps à bosser, et ce n'est qu'en fin de soirée qu'il avait quitté l'uniforme. Aleks arpente alors les rues afin de rejoindre son appartement. En cette journée des plus calmes, il n'est pas contre profiter d'un peu d'air frais. En chemin son attention est attirée par tout autre chose que de retrouver le calme de son appartement. Un attroupement, des cris. Il ne lui faut pas longtemps avant de comprendre de quoi il s'agit. Des combats. Chacun s'extasiant sur l'objet de leur pari. L'envie de voir l'adversaire finir au tapis non sans avoir été bien amochée au passage. Ici-bas tous les coups étaient permis. En s'approchant Aleks reconnait l'un des deux assaillants. Brice. Son frère. Cigarette à la main il ne peut s'empêcher de rester en retrait, incapable de rentrer sans connaitre l'issue du combat. S'assurer qu'il rentrerait bien lui aussi en un seul morceau.

Grimaçant à chacun des coups reçus par son ami. Son regard déviant dans la foule par moments. Armes à peine camouflées dans la foule en délire. Chacun semblant être prêt à changer l’issue du combat. Endgame. L’adversaire bien qu’ayant réussi à amocher le boxeur professionnel. C’est tout de même le futur quarantenaire qui réussit a le mettre au tapis. Toujours en retrait, Aleks regarde son meilleur ami vaciller le temps de quelques pas pour gagner un coin plus isolé. Loin du brouhaha de la foule. Écrasant son mégot, il finit par le rejoindre. « Plus safe hein. » Pas vraiment convaincu. Certes à la différence du russe il ne mettait pas la vie de ses plus proches amis en danger à chaque seconde, à chaque décision prise. « Vu ta gueule permet moi d’en douter. » Il avait l’air d’être passé sous un rouleau compresseur. Y avait pas juste les coups qu’il avait pris sur le visage. Non le corps entier de l’écossais lui paraissait épuisé par le combat. Plus que d’ordinaire. Peut-être parce qu’il se souciait trop de ses proches. Que leurs emmerdes à répétition étaient en train de l’achever. Il a beau comprendre les inquiétudes de son meilleur ami, après tout ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne finisse par faire quelque chose qu'il pourrait regretter, l'amenant définitivement dans les pas de son père. Craignant de finir par ne plus suivre son coeur. Mais ça le bouffe de rester à distance. Il est sûr que ce lien qui les unis est plus fort que tout le reste. S'il refusait de se dire que son couple pouvait bel et bien prendre fin en continuant sur cette voie. Il en était de même pour sa relation avec Brice.  

Quelques minutes avaient suffi pour qu'ils se disputent à nouveau. L'espace qu'elle avait choisi de mettre entre eux était supposé les ramener sur le droit chemin. Pas vraiment le cas pour le russe, n'ayant pas réellement essayé. Trop présent dans ce club, a joué le rôle qu'on attend. Sa loyauté envers les siens serait sans doute mise à rude épreuve un jour où l'autre. A force de ne pas se soucier des conséquences de ses actes il finirait bien par se prendre le revers de la médaille. Plutôt que de réfléchir à ses problèmes il préfère passer ses nerfs sur l'avocate. Il avait beau savoir qu'elle n'y était pour rien, ayant vu la scène de ses propres yeux. Arizona n'avait pas cherché à attirer l'attention de ce lascar. Elle avait juste subi sa lourdeur, et la réaction d’Aleks en prime. Ce coup de poing était peut-être de trop, mais ce sentiment. Cette sensation de pouvoir la perdre a chaque instant. La goutte de trop. « J'ai jamais dit ça. T'aurais quand peut-être pu lui demander calmement de dégager avant de lui coller ton poing dans la tronche.. » L’australienne marquait un point, il aurait pu agir différemment, s’arranger pour le foutre dehors sans intervenir. Ne pas partir au quart de tour. Vulgaire haussement d’épaules, son geste il ne le regrettait pas, pour lui c’était mérité. Son regard suit le sien lorsqu’elle lui prend la main. Les rougeurs toujours présentes, signe de la violence du geste. A l’opposé de son comportement habituel. « C’est rien. » Retirant alors sa main ne voulant pas épiloguer sur le sujet. D’autant plus que les marques disparaîtraient plus vite sur sa main que sur le visage de l’individu.

Ça le fait chier qu’elle soit venue ici, et au lieu de chercher à arranger les choses. Tenter un mea culpa, faire en sorte que la situation s’arrange il continue de passer ses nerfs sur elle. Parce que la pression n’est pas redescendue et qu’elle prend un malin plaisir à lui rappeler qu’il est toujours là. « Il n'empêche que t'as l'air d'avoir trouvé ta place... » Il serre les dents, encaisse. Elle n’avait pas tort il ne pourrait pas continuellement faire acte de présence. Un jour il devrait agir, et pas seulement pour trahir sa propre mafia afin de sauver quelqu’un à qui il tient. Au lieu de devoir chercher à expliquer ses raisons, ou s’excuser. Il choisit une toute nouvelle tactique. Préférant de loin détourner son attention, se rapprocher d’elle. Profiter d’un contact avec elle, la provoquer. Parce qu’il la connaît, il sait qu’elle aussi est jalouse. Source de conflits à Santa Monica alors même qu’ils n’étaient pas en couple. Ne supportant déjà pas de voir quelqu’un tourner autour de l’autre. « J'aurais été tellement plus subtile que toi. Vous croyez toujours que jouer les durs, ça impressionne. » Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres, il préfère de loin qu'ils se cherchent de cette manière, bien plus sympa que de hausser le ton à chaque parole échangée. « Dommage ça aurait pu être amusant de te voir sortir les griffes. » Pas tout à fait convaincu de ses dires, elle aussi était capable d'exploser en un instant. « Tu l'as dit toi-même. Pétasse. J'imagine que j'ai rien à craindre au vu de ta réaction il y a cinq minutes... j'aurai été plus subtile que toi, je lui aurai juste dit à l'oreille que t'es un mauvais coup, ou que t'as des morpions. Simple, mais efficace. » Un léger rire s’échappe alors de ses lèvres alors qu’il secoue la tête. « Tu sais en général c’est toujours la même excuse que vous utilisez, pas sûr que ça fonctionne à terme. » Murmure au creux de son oreille. Ses doigts courant le long de son dos. « J’aurais presque envie d’aller tester ton self contrôle. » Pourtant il ne bouge pas. Savourant cette proximité qui lui manque en ce moment. Luttant contre cette envie de combler un peu plus le vide, déposer ses lèvres sur les siennes. Prétendre pendant une seconde que tout va bien.

Complètement largué il sait qu’il est la cause de cette fissure. Des problèmes créés. Continuer sur cette voie n’amènerait pas un retour à la normale. Pire que tout cela ne ferait que creuser un peu plus le fossé. L’emmenant un peu plus loin dans cette descente aux enfers. Boire et rester cloîtrer n’était définitivement pas l’attitude à adopter. Et pourtant il était là. A errer dans les allées de ce supermarché à la recherche de liqueur pour remplir les placards de son appartement. Cette bouteille de vodka ne pourrait être que la bienvenue. Seulement trop perdu dans ses pensées, pas assez rapide. Il se fait dérober le précieux sesame par la première pimbêche venue avant d’avoir pu resserrer ses doigts sur le goulot. Du moins c’est ce que son attitude laisse entendre. Pas d’humeur à ça. Pas envie de se prendre la tête alors qu’elle n’en vaut très certainement pas la peine. « C’est pour moiiii ! » Cette voix. Cette lueur qu’elle a dans le regard. Ce comportement. Elle a le dont de le faire sortir de ses gonds. Déjà à fleur de peau il explose. Espérant peut-être lui faire entendre raison. A croire que les connections étaient difficiles à se faire pour celle qui lui fait face, la réaction obtenue n’étant pas celle escompté. « Et au risque de te décevoir, chéri, il faut savoir être rapide. Regarder ne signifie pas posséder. Oui, mon trésor, maman est là. » Une vraie connasse dans toute sa splendeur. De celles que l’on veut étriper. Il devrait laisser couler, passer à autre chose. Ne pas perdre son temps avec elle. « J’avais pratiquement la main dessus faut consulter ma vieille. » Cette manière qu’elle a de le toiser de haut en bas ne fait qu’accentuer l’énervement du russe. « Et puis, respire. Tu n’as qu’à aller un peu plus loin, il y a les rayons des jus de fruits. Tu devrais essayer : ça rend aimable. » Celle-là il l’avait pas vu venir. Elle se comporte comme la reine des garces et c’est lui qui a besoin d’être plus aimable. Son regard s’assombrit à mesure que les mots de son interlocutrice fusent. Se rapprochant sans même le réaliser. Sa main finissant par emprisonner son poignet. Il ne devrait sans doute pas serrer autant. « Non vraiment ta mère t’as bercé trop prêt du mur. Parce que la haut ça a l’air compliqué. » Situation qui aurait pu le faire lever les yeux au ciel avant de tourner les talons il y a encore quelques semaines. Et pourtant aujourd’hui il faut vraiment croire qu’il était devenu l’ombre de lui-même. Se rapprochant de plus en plus du comportement que son père aurait voulu. « Tu permets. » Bien loin d’être une question sa main libre se pose sur la bouteille qu’elle semble bien décider à garder. Tirant violemment, le reste de ses provisions rejoignant le sol alors que le cul de la bouteille vient rencontrer la mâchoire de la demoiselle. « Oups. Karma non? » Sourire narquois et sans attendre de réponse il relâche enfin son poignet avant de tourner les talons la laissant sans remords derrière lui. Sans même chercher à connaître les conséquences du coup sur son visage.

Impossible d'agir autrement que pour protéger sa famille. Jouant continuellement avec le feu. Il baigne là-dedans depuis qu'il est gosse, depuis qu'il est en âge de tenir sur ses deux jambes. Forcé à rester dans les pattes de son père. Il connaît les rouages de la mafia sur le bout des doigts. Il sait ce qui se passe quand un acte de trahison est commis. Quand la présence d'un rat est connue dans les rangs. Bien trop préoccupé par le bien-être de ceux qui l'aiment pour se soucier de lui. Plus de paternel pour couvrir ses arrières. Déambulant dans les couloirs du club il sait que la discussion avec Houna s'annonce houleuse. Pas le genre à faire dans la dentelle. Pour qu'elle tienne à ce qu'il ramène son cul dans le bureau c'est qu'il était loin d'être si malin. Faut dire que son lien avec la turque était connu, y avait que lui pour foutre des bâtons dans les roues des Irlandais. Au lieu de la jouer fine il la titille, à croire que c'est plus fort que lui, ce besoin de secouer le destin. La rouquine ne tarde pas avant de donner le ton de cette rencontre. Cette flèche qui siffle a côté de son oreille, terminant sa course dans la porte. Elle a choisi de rater sa cible volontairement. Une mise en garde. « fermes bien ta gueule et assieds toi. » Il la regarde absorber cette poudre blanche sans pour autant broncher d'un pouce. « tu serais pas un peu suicidaire dis moi? t'as envie de mourir aleks c'est bien ça? t'as pensé à consulter? non vraiment t'sais avant de faire des trucs putains d'insensés. » C'est une question qu'il se pose lui aussi par moments. Ce besoin incessant d'agir avant de réfléchir. « Je fais ce qu'il faut pour protéger ma famille. » Pas besoin de tourner autour du pot, il sait très bien qu'avec elle ça ne sert strictement à rien. « Et clairement je me contre-fou que les Leprechaun aient été déçus. » Pas son problème, il en avait suffisamment comme ça.

« tu sais qu'à l'armée on t'aurait coupé la langue? peut être même qu'on te l'aurait faite avaler. » Il se permet de picoler alors qu'il la sent fulminer. Sans doute regretter. Faut croire que son nom lui assure encore un tantinet de protection. « Une chance pour moi qu'on y soit pas. » Encore une énième provocation. « Je suis là parce que tu as besoin de mon nom, il n'a jamais été question de ma loyauté Houna. On sait tous les deux que je me fous de ce monde. Tu veux que je sois là, vraiment là? » Parce qu'il a conscience qu'il ne pourra pas continuellement faire acte de présence, la balance finira tôt ou tard par pencher du mauvais côté. Autant qu'il essaye de garder des atouts dans sa manche. Au point où il en est, il n'a plus grand-chose à perdre. « J'veux que Arizona, Brice, et Azraël soient hors d'atteinte. Parce que qu'on se le dise j'me gênerais pas pour faire ce qu'il faut. » Prêt à recommencer, à y laisser sa propre vie. Ce qui finirait sans doute par arriver un jour ou l'autre. Surtout s'il s'acharne à la provoquer. « Quitte à déplaire à tes nouveaux amis. D'ailleurs t'y gagnes quoi avec eux? » Pas sûr que le vieux aurait approuvé, à moins qu'elle n'ait une idée derrière la tête. Un couteau planté dans le dos en guise de joker. La fin de l'alliance lorsqu'elle n'y trouverait plus son compte. Sûrement pas assez confiance en lui pour lui faire part de ses plans, et à juste titre. Aleks n'avait jamais cessé de lui montrer que sa fidélité était dirigée ailleurs.